Le potentiel environnemental encore inexploité de l'économie collaborative

Partage de véhicules, vente d'objets d'occasion, ateliers de réparation... le potentiel environnemental de l'économie collaborative pourrait être mieux mis à profit, selon une étude, qui invite notamment les pouvoirs publics à s'en saisir.
"Une stratégie publique reste à inventer", prône donc le rapport: clarification du cadre réglementaire et fiscal, communication auprès du public, expérimentations, partenariats, financement de plateformes dans le cadre de partenariats public-privé, etc.

Les plateformes collaboratives sont un réservoir de solutions environnementales et sociales. Mais elles apparaissent comme un grand "fourre-tout", aux motivations diverses, souligne un rapport publié jeudi par l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri), en collaboration avec plusieurs universités.

Le potentiel est grand : les biens que les ménages peuvent se revendre entre eux, ou se donner, représentent un quart de leur budget et un tiers de leurs déchets, soulignent les chercheurs. Pour autant, "l'impact environnemental réel de ces plateformes est à nuancer".

"Sur Le Bon Coin par exemple, les achats d'occasion ne se substituent clairement à l'achat de biens neufs que dans un tiers des cas, et on observe même des comportements d'achat compulsifs", constate Damien Demailly, coordonnateur de l'étude, qui a examiné plusieurs sites et mené plus de 150 entretiens.

Les échanges génèrent des déplacements

Les échanges génèrent aussi des déplacements : la moitié des usagers du Bon Coin parcourent plus de 10 km pour récupérer un bien, la plupart du temps en voiture, relèvent les auteurs.

Le covoiturage ou l'autopartage entre particuliers peuvent réduire impact environnemental et coût des déplacements de courte distance d'après Laura Brimont, chercheure à l'Iddri:

"L'économie annuelle peut aller de quelques centaines à plus de 3.000 euros par an pour un particulier qui renonce à posséder une voiture"

Mais certaines plateformes, notamment de covoiturage et d'autopartage entre particuliers, peinent à se développer sur la courte distance, en particulier dans les zones péri-urbaines et rurales.

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En effet, comme le confiait récemment Frédéric Mazella, leader européen du covoiturage longue distance, qui a d'ailleurs lui-même commencé par se frotter à la problématique des trajets de courte distance, aucune plateforme ne semble avoir encore trouvé la recette du covoiturage de courte distance, afin de s'imposer comme numéro un du marché.

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Deux plateformes pensent cependant avoir trouvé le bon modèle, à l'instar de WayzUp et de idVRoom, la filiale de la SNCF. Il s'agit selon elles de miser sur le BtoB, seule façon d'atteindre la masse critique rendant le modèle efficient.

Lire aussi : idVRoom ou WayzUp : qui gagnera la bataille du covoiturage urbain ?

C'est là que les pouvoirs publics, nationalement ou localement, peuvent intervenir, pour "accompagner ces nouvelles solutions" et "organiser leur complémentarité avec les autres opérateurs des secteurs concernés" (transports, déchets, réemploi de biens...).

Définir un cadre réglementaire et fiscal

"Une stratégie publique reste à inventer", estime donc le rapport : clarification du cadre réglementaire et fiscal, communication auprès du public, expérimentations, partenariats, financement de plateformes dans le cadre de partenariats public-privé, etc.

Notons à cet égard que la Commission européenne a récemment présenté sa position sur l'économie collaborative, appelant à "saisir les opportunités" offertes par les nouvelles plate-formes, telles que Uber ou Airbnb, freinées dans leur développement dans de nombreux pays de l'UE.

Lire aussi : Une économie européenne compétitive requiert une certaine innovation

Et pour cause. "L'économie collaborative représente un réservoir d'innovations dans lequel les pouvoirs publics peuvent puiser pour renouveler leurs services", dit Damien Demailly, comme le font déjà par exemple les villes de Colombes (Hauts-de-Seine), Niort ou Bordeaux.

Reste que selon une récente enquête commandée par Blablacar tendait à démontrer que le covoiturage serait une porte d'entrée vers l'économie du partage. L'étude faisait ainsi ressortir le fait que la confiance créée sur les plateformes collaboratives a des répercussions positives sur toute l'économie du partage. Près d'un sondé sur deux déclarait ainsi que le covoiturage l'aurait rendu plus ouvert aux autres. De même, ceux qui ont déjà fait du covoiturage sont jusqu'à trois fois plus susceptibles de se livrer à d'autres activités de l'économie du partage. Le cercle vertueux de la confiance.

Lire aussi : le covoiturage ouvre aux autres plateformes de l'économie du partage
(Avec AFP)

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