Levées de fonds : joli mois de mai pour la French Tech grâce aux refinancements

Malgré une baisse de 38% du nombre d'opérations par rapport à mai 2019 (49 contre 68), les startups françaises ont levé 574,4 millions d'euros en mai, soit 33% de plus qu'il y a un an (382,8 millions). Les refinancements, notamment les méga-levées de ContentSquare et de Back market, tirent le total vers le haut. Mais l'impact de la crise du Covid-19 sur le capital-risque français est loin d'être terminé.
Sylvain Rolland

Les mois se suivent et ne se ressemblent pas pour la French Tech. Après trois mois moroses à cause de la crise du Covid-19, les levées de fonds des startups françaises retrouvent des couleurs en mai. D'après nos données, avec 547,43 millions d'euros levés pour 68 opérations, le mois de mai 2020 est le deuxième meilleur de l'année derrière l'historique mois de janvier (803 millions). Surtout, il marque une nette reprise de l'activité et une belle progression de 33% en valeur par rapport à mai 2019 (382,89 millions). Cela signifie-t-il que la French Tech s'est déjà remise de la crise, et qu'après trois mois difficiles, le capital-risque retrouve sa folle croissance d'avant-crise ? Pas si vite.

Lire aussi : Levées de fonds : la chute s'amplifie en avril à -31% sur un an... et ce n'est pas fini

38% d'opérations en moins par rapport à mai 2019, la chute s'amplifie

Tout porte à croire que la belle croissance du mois de mai est une respiration plutôt que le début d'une reprise durable. Car dans le détail, ce sont les refinancements, dont la plupart ont été négociés avant le confinement, qui tirent l'activité, qui tourne tout de même au ralenti par rapport à l'an dernier. Ainsi, 49 startups ont levé des fonds en mai 2020, contre 68 en mai 2019, soit une chute importante de 38%, la plus forte depuis le début de la crise (-5% en février, -33% en mars et en avril).

Le mois de mai confirme ainsi que la crise enraye peu la dynamique de refinancement des startups déjà établies (12 tours de tables supérieurs à 10 millions d'euros en mai 2020 contre 6 en mai 2019), mais qu'elle touche surtout les levées d'amorçage et les séries A (premier tour de table devant des investisseurs institutionnels). Autrement dit, les investisseurs se focalisent surtout sur le refinancement de leur portefeuille plutôt que sur de nouveaux investissements, et cet impact commence à peine à se traduire dans les chiffres à cause du délai entre le processus d'investissement et l'annonce de la levée de fonds, comme l'expliquait début mai à La Tribune Benoist Grossman, le coprésident de France Digitale et managing partner du fonds Idinvest :

"Le déconfinement débloque les dossiers de refinancement qui étaient en pause pendant le confinement, mais le plus dur sera pour les startups qui n'ont pas encore d'investisseurs et qui en cherchent. Aujourd'hui, la réalité est que les investisseurs n'ont pas la tête à faire de nouveaux investissements. Nous sommes tous focalisés sur la survie de notre portefeuille car personne ne sait ce qui se passera cet été et au-delà. Faire des projections de croissance et de chiffre d'affaires dans ce contexte n'a pas de sens," nous confiait-il.

Lire aussi : "Les investisseurs sont focalisés sur la survie de leurs startups" (Benoist Grossmann, Idinvest et France Digitale)

Les refinancements, pour la plupart négociés avant la crise, tirent l'activité

Ainsi, la belle performance de l'écosystème tech au mois de mai est quelque peu trompeuse car trois startups totalisent à elles seules 344,2 millions d'euros levés, soit 60% du total. Il s'agit du logiciel d'analyse du comportement client ContentSquare (174 millions d'euros), du champion des produits électroniques reconditionnés Back Market (110 millions d'euros), et du spécialiste de la téléphonie d'entreprise Aircall (60,2 millions d'euros).

Alors que l'Etat et de nombreux acteurs de l'écosystème craignent que les fonds étrangers investissent moins en France à cause de la crise, d'où un nouveau plan de soutien de 1,2 milliard d'euros, ces trois grosses levées ont été menées par des fonds étrangers : l'américain Black Rock pour ContentSquare, la banque d'affaires américaine Goldman Sachs pour Back Market, et l'opérateur allemand Deutche Telekom pour Aircall. Mais toutes ont débuté, voire signé, leur roadshow avant la crise. Et c'est aussi le cas pour de nombreuses levées annoncées en mai.

Autrement dit, le vrai impact du confinement et de la crise économique mondiale, sur l'activité du capital-risque en France, commence à peine à se faire sentir. Tout l'enjeu des mois à venir est de compenser l'éventuel retrait des fonds étrangers pour que les startups en refinancement réussissent leur nouveau tour de table, et de faire repartir les investissements en amorçage et en Série A, qui conditionnent la santé de l'écosystème à moyen et long terme.

Lire aussi : ContentSquare, Back Market, ManoMano, Doctolib... toutes les méga-levées de fonds des startups françaises

Sylvain Rolland

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Commentaire 1
à écrit le 08/06/2020 à 16:40
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Quel arnaque cette "french tech" qui ne vit qu'au dépend des contribuables et travaille pour se vendre au plus offrant!

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