Mobilité : l'appli nocturne Heetch va-t-elle être interdite ?

Plus que quelques heures de suspense. Les deux fondateurs de la jeune pousse Heetch, qui permet à des particuliers d'en transporter d'autres entre 20 h et 6 h, seront bientôt fixés sur leur sort. Accusés d'organiser une activité de taxi clandestin, Teddy Pellerin et Mathieu Jacob ont rendez-vous mercredi au tribunal correctionnel de Paris, où les juges décideront si oui ou non leur application est illégale.
Mounia Van de Casteele
Teddy Pellerin et Mathieu Jacob, les deux fondateurs de l'application mobile de transport entre particuliers Heetch comparaîtront mercredi 22 juin devant la 33e chambre du tribunal correctionnel de Paris.

Heetch est-elle illégale ? Telle est la question à laquelle répondra le tribunal correctionnel de Paris mercredi, décidant ainsi du sort de l'application pour mobile permettant à des chauffeurs non professionnels de transporter d'autres particuliers, le soir, entre 20h et 6h. Ses deux fondateurs Teddy Pellerin et Mathieu Jacob, comparaîtront en effet en première instance pour complicité d'exercice illégal de la profession de taxi.

Ceux-ci ont beau compter sur le soutien de quelques actionnaires de renom tels que Nicolas Colin, le co-fondateur de l'accélératieur de startups The Family, Xavier Niel via Kima Ventures ou encore certains membres de la famille Mulliez via l'incubateur Via-ID du groupe Mobivia, la plateforme française pourrait subir le même sort que feu UberPop. Il s'agit de l'offre low cost (désormais suspendue) de l'application américaine Uber, pour laquelle la filiale française Uber France vient d'être condamnée à 800.000 euros d'amende dont la moitié avec sursis.

Souvent comparée à UberPop, à tort ?

Pour Nicolas Louvet, le directeur du bureau de recherche spécialiste de la mobilité 6-t, on ne peut pas dire que les deux applications soient différentes. Du moins, elles ont, à ses yeux, les mêmes impacts en matière de mobilité.

     Lire aussi : Taxis contre VTC : et si on passait à côté de la vraie question ?

Il faut dire que Heetch a souvent été comparée à UberPop, désormais suspendue en France, depuis un an maintenant. A tort, selon l'un de ses fondateurs, Teddy Pellerin, qui a toujours fait valoir la même ligne de défense : les chauffeurs ne travaillent pas à temps plein mais seulement quelques heures la nuit. De plus, leurs revenus sont plafonnés à 6.000 euros, somme évaluée par l'Ademe comme correspondant aux frais d'entretien d'un véhicule. Au-delà, le compte du chauffeur est bloqué, assure Teddy Pellerin. Selon lui, il s'agit donc uniquement d'un "partage de frais", au même titre que les transactions enregistrées sur la plateforme Blablacar. Arguant, qui plus est, qu'aucune tarification n'est imposée -mais seulement suggérée à titre indicatif- et que chaque passager donne ce qu'il veut.

Le jeune patron met également en avant le fait que son système présente une solution de mobilité pour les jeunes en s'appuyant sur les chiffres de l'enquête réalisée par 6-t : 90% des usagers ont moins de 30 ans et deux tiers des trajets font intervenir la banlieue, là où les taxis refusent parfois d'aller. En outre, les courses se font surtout les soirs de fin de semaine.

Des failles dans le modèle ?

Oui mais voilà. Le modèle ne semble pas sans faille. C'est du moins ce que faisait récemment remarquer un reportage en caméra cachée de France 2 dans son 20 heures (qui reste toutefois un montage télévisé). Un chauffeur confiait ainsi qu'il était facile de créer plusieurs comptes pour ne pas être restreint par le plafond imposé par l'entreprise. Selon lui, cette pratique serait monnaie courante chez les chauffeurs. C'est là que le bât blesserait pour l'entreprise qui évoque un revenu moyen annuel de 1.850 euros par chauffeur.

Pour Teddy Pellerin, seuls 5% des conducteurs atteignent ledit plafond. Il n'est cependant pas dupe. Dans un entretien à Capital, l'entrepreneur estime que son application a 9 chances sur 10 de disparaître de l'Hexagone.

Pour autant, le jeune homme veut tout de même y croire. Il se montre même extrêmement serein et confiant à l'approche du procès :

"On se sent bien. Nous sommes assez confiants. Je pense qu'on va gagner. Nous sommes préparés pour cette audience, qui sera une nouvelle occasion d'expliquer pourquoi Heetch est légitime et légale", assure-t-il à La Tribune.

Méthode Coué ? En tout cas, Teddy Pellerin ne s'interdit pas de faire appel, si le juge ne tranche pas en leur faveur.

Quid des taxis ?

Quoi qu'il en soit, il est probable qu'un certain nombre de taxis se constituent parties civiles au procès. Avec l'espoir d'obtenir la même réparation que celle obtenue par les chauffeurs parties civiles au récent procès UberPop. A savoir un "préjudice moral" évalué à quelque 800 euros par taxi, hors frais d'avocat. Car, sur tout le reste, les taxis ont été déboutés.

Cela dit, Teddy Pellerin estime que, si préjudice moral il y a, il serait plutôt à chercher du coté des chauffeurs de son application. Ceux-ci ont en effet subi des actes de violences, tout comme les chauffeurs UberPop. Un chauffeur de taxi a d'ailleurs été condamné à trois mois de prison ferme pour avoir agressé un chauffeur UberPop il y a un an, rapporte Nice Matin. La victime a obtenu plus de 15.000 euros de dommages et intérêts.

En attendant, la jeune pousse poursuit son développement à l'international. Après Varsovie, en Pologne, Heetch a ainsi débarqué à Stockholm, en Suède, juste après qu'UberPop y plie les gaules.

Mounia Van de Casteele

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Commentaires 5
à écrit le 23/06/2016 à 10:43
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En France on aime empêcher les gens de travailler et particulièrement les jeunes et les séniors, ceux qui sont déjà les plus touchés par le sous emploi endémique du pays.

à écrit le 21/06/2016 à 9:27
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La seule question essentielle est: Est ce que ces UBER, Heetch et autres offrent la même sécurité aux passagers que les Taxis, entre autres, casier judiciaire vierge du chauffeur, passage tous les ans du véhicule au contrôle technique, assurance pass...

le 21/06/2016 à 11:06
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Vous n'avez pas fait effort de faire une petite recherche ! « La seule question essentielle est: Est ce que ces UBER, Heetch et autres offrent la même sécurité aux passagers que les Taxis, entre autres, casier judiciaire vierge du chauffeur, pass...

le 21/06/2016 à 15:24
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@darkside, tout d'abord merci de vos commentaires. Pour l'optimisation fiscale je n'évoquais bien entendu que les plates formes qui paient leurs impôts a l'etranger. Que la G7 ou d'autres compagnies françaises comma Altice, AXA, Total le fassent, s...

à écrit le 21/06/2016 à 8:35
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ils coulent la boite et en remontent une avec la meme appli au RU, proposant des services sur la france pas si complique, si?

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