L'offre Internet à très haut débit de l'américain Starlink destinée « aux communautés rurales et éloignées » a plus de mal que prévu à se déployer au pays de la baguette et du camembert. Commercialisée en France depuis mai dernier, ce n'est pas dans l'espace qu'elle rencontre un obstacle mais à terre. Et précisément dans le petit village de Saint Senier-en-Beuvron (Manche) où l'entreprise du fantasque milliardaire Elon Musk (Tesla, Space X) espérait pouvoir construire neuf dômes de trois mètres de haut pour relayer le signal de sa constellation de satellites en orbite basse. Las.
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Bien qu'autorisée par l'Arcep en décembre 2020, la station relais normande - l'une des trois qu'escomptait implanter le groupe en France- ne verra pas le jour. La société américaine a fait savoir début janvier à l'autorité des régulations des télécoms qu'elle renonçait à son projet. En cause : la fronde des 350 habitants de cette riante bourgade agricole de la baie du Mont-Saint-Michel qui a pour particularité d'être située sur un nœud de raccordement de la fibre.
Les riverains - soutenus par le maire, Benoît Hamard, peu disposé à ce que sa commune serve de « cobaye » - s'inquiétaient des impacts possibles des rayonnements électromagnétiques sur l'environnement et la santé des habitants.
[Le village de Saint Senier-en-Beuvron qui devait accueillir les antennes Starlink.]
Au terme d'un an de négociations avec la firme américaine, ils n'ont manifestement pas été rassurés.« Nous avons posé des questions très précises et ils n'ont pas été en mesure de nous donner de réponses, d'où notre opposition », explique François Dufour, conseiller régional EELV natif du village. Il avait porté l'affaire sur la place publique.
Une station sur trois
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, Starlink a également opéré une prudente marche arrière à Gravelines où le maire, après avoir autorisé le permis de construire pour neuf dômes à un jet de pierre des serveurs d'OVH, le lui a refusé dans un second temps.
Comme les Normands, Bertrand Ringot s'interrogeait sur les effets des ondes électromagnétiques générées par l'installation. Au micro de France Bleu, il dit n'avoir, lui aussi, « obtenu aucune réponse ».
En revanche, le groupe d'Elon Musk a eu plus de chance dans la localité de Villeneuve-d'Ornon aux portes de Bordeaux où une station relais fonctionne depuis mars dernier sans faire de vagues à l'exception des réserves émises par un conseiller municipal d'opposition.
Reste donc à Starlink à trouver deux autres sites hospitaliers pour espérer développer son offre aujourd'hui proposée en édition limitée en France. Mais il trouvera peut être François Dufour sur sa route. Egalement co-fondateur d'Attac, l'élu EELV veut en effet porter le débat au niveau national et en appelle à l'Etat et au législateur. « On n'est pas contre le progrès technologique mais Il faut une réglementation plus sécurisante pour ce type de projets encore inédit en France. Les parlementaires doivent poser des questions », tance t-il.
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