Pas de diffuseur pour la Coupe du monde de foot féminin : pourquoi ça coince

Les principaux pays européens, dont la France, n’ont pas encore de diffuseurs pour le mondial féminin, organisé en Australie et en Nouvelle-Zélande du 20 juillet au 20 août. Explications.
Le trophée de la Coupe du monde féminine lors d'une présentation à Berlin, le 3 mai.
Le trophée de la Coupe du monde féminine lors d'une présentation à Berlin, le 3 mai. (Crédits : Reuters)

J-55 avant le coup d'envoi du mondial féminin en Océanie, mais toujours pas de diffuseurs dans les principaux pays européens. La guerre entre la FIFA et les diffuseurs du Vieux Continent continue de menacer la retransmission de la compétition. A ce stade, aucun diffuseur n'a acheté les droits TV en Allemagne, en Italie, en Espagne et en France. La FIFA, l'instance qui organise la coupe du monde féminine 2023, rappelle depuis plusieurs mois qu'elle ne cédera pas la diffusion de cet événement à bas coût.

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Gianni Infantino, le président de la FIFA met la pression sur les diffuseurs. Pas de « somme cohérente », pas de diffusion. « Si les offres continuent à ne pas être équitables (envers les femmes et le football féminin), nous serons contraints de ne pas diffuser la Coupe du monde féminine de la FIFA dans les cinq grands pays européens » menace-t-il. En France, la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra appelle les deux parties à trouver rapidement un accord pour que les Français puissent visionner le mondial.

Un décalage horaire problématique

Le peu d'intérêt des diffuseurs européens pour retransmettre le mondial est lié au fait que les matchs se joueront le matin (heure de Paris) à cause du décalage horaire. La Coupe du monde est organisée, pour la première fois, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Résultat, les matchs de l'équipe de France se joueront à midi (heure de Paris), et les demi-finales et la finale à 10 heures. M6 souhaite la diffuser, mais « à un prix cohérent avec la décision de la FIFA d'organiser cette compétition au cœur de l'été à des horaires matinaux », rappelle le patron de la chaîne Nicolas de Tavernost, sur Twitter.

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L'autre problème majeur du côté des diffuseurs est la période retenue pour cette coupe du monde. En effet, cette compétition commencera seulement le 20 juillet (la finale est programmée le 20 août), bien plus tard que les compétitions sportives habituelles (le dernier euro féminin s'était achevé le 31 juillet). En outre, cette période entre juillet et août est creuse en termes de revenus publicitaires.

« En août, les gens sont en vacances, ils ne vont pas regarder la Coupe du monde. L'erreur a été commise par la FIFA, qui a déplacé le mondial féminin en juillet-août afin d'organiser la coupe du monde des clubs (masculin, ndlr) en juin » explique l'économiste du sport Pierre Rondeau, qui pointe « l'hypocrisie de la FIFA ».

Des budgets serrés

Toujours selon celui-ci, il existe une troisième explication à la réticence des diffuseurs d'augmenter : le montant à débourser pour acquérir les droits. « Les principaux diffuseurs français sont tous en train de prolonger ou d'acquérir différents droits dans des compétitions sportives bien plus regardées que la Coupe du monde féminine. France Télévisions vient notamment de prolonger son contrat de diffuseur du Tour de France, ils ont aussi acquis les droits TV pour les JO... Depuis la crise du Covid, les diffuseurs ne peuvent plus se permettre de tout prendre sur le marché », affirme-t-il.

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L'inquiétude monte également chez les joueuses, à commencer par Wendy Renard, la capitaine emblématique de l'équipe de France et de l'Olympique lyonnais. « Si on n'a pas de diffuseur, ça voudrait dire qu'on fait marche arrière » dans la démocratisation du foot féminin, a-t-elle déploré au micro de France info. Pour rappel, la France avait organisé la dernière Coupe du monde féminine, en 2019. Elle avait alors réalisé de très bonnes audiences, avec un pic à 11,8 millions de téléspectateurs sur TF1.

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Mais cette Coupe du monde féminine constitue une « malheureuse parenthèse » dans le foot féminin, estime Pierre Rondeau. « Les matchs de l'équipe de France ne rassemblent qu'environ 3 millions de téléspectateurs aujourd'huiLe foot féminin est toujours fragile, il a encore besoin de moyens, de visibilité. Organiser la Coupe du monde féminine à cette période de l'été va à l'encontre du développement du football féminin », conclut-il.

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Commentaires 2
à écrit le 25/05/2023 à 20:25
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Et ils montent à combien les droits ? Parce que si vous prenez l'équipe tv, leur politique a été de chercher les droits les moins chers dans le sport et de les diffuser et ça a payé visiblement.

à écrit le 25/05/2023 à 20:05
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Pourquoi le monde féminin imite t'il au lieu de créer ? ,-)

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