Mobile, Internet fixe : le gouvernement dévoile sa feuille de route

Ce jeudi, lors d’une conférence sur l’aménagement numérique des territoires, le Premier ministre Edouard Philippe a présenté plusieurs mesures pour accélérer la couverture mobile et Internet fixe de la France.
Pierre Manière
Edouard Philippe a annoncé l'ouverture d'un guichet, doté d'un budget de 100 millions d'euros, pour aider les foyers vivant dans des zones reculées à bénéficier du très haut débit.

Alors que de nombreux Français pâtissent d'une piètre couverture mobile et d'un Internet fixe de mauvaise qualité, le plan d'action du gouvernement visant à réduire rapidement la fracture numérique était très attendu. Ce jeudi, lors d'une conférence sur l'aménagement numérique du territoire à Cahors (Lot), Edouard Philippe en a esquissé les grandes lignes. S'il a levé le voile sur certaines solutions concrètes - notamment concernant l'accès à l'Internet fixe à très haut débit dans certaines zones rurales -, il s'est montré plus flou concernant, entre autres, l'accélération de la couverture mobile. A ce sujet, beaucoup espéraient l'annonce d'un « new deal » entre l'Etat et les opérateurs. Mais les difficiles discussions entre les industriels et le gouvernement n'ont, à ce jour, toujours pas abouti. La Tribune fait le point sur le plan d'action, en l'état, de l'exécutif.

Concernant l'Internet fixe, Edouard Philippe a rappelé les objectifs du gouvernement. D'ici à 2020, celui-ci souhaite que tous les Français disposent d'une connexion d'au moins 8 mégabits par seconde. Un point d'étape avant le très haut débit pour tous (soit une connexion supérieure à 30 mégabits par seconde), conformément aux objectifs du Plan France très haut débit (PTHD). Dans les grandes villes, le déploiement de la fibre optique, la technologie la plus performante du moment pour accéder à Internet, ne pose pas de problème. D'ici à 2020, ces « zone très denses », dit-on dans le jargon des télécoms, seront totalement couvertes, a indiqué Edouard Philippe.

Quant aux « zones moyennement denses » (soit les villes moyennes et les périphéries des grandes agglomérations), celles-ci ont fait, pour l'essentiel, l'objet d'un partage entre Orange et SFR en 2011. Ces deux opérateurs ont promis de les couvrir en fibre optique à horizon 2020. Cependant, « ces engagements ont parfois suscité, de la part des élus locaux, un très grand scepticisme », a constaté Edouard Philippe. Pour s'assurer qu'Orange et SFR couvrent ces 12,7 millions de locaux dans les temps, « nous allons rendre ces engagements opposables », a-t-il poursuivi. En les rendant juridiquement contraignants, Orange et SFR s'exposeront ainsi à des sanctions financières en cas de retard.

« Un guichet doté de 100 millions d'euros »

Concernant les « zones peu denses » - où vit près de la moitié de la population, soit environ 17 millions de logements -, le Premier ministre a rappelé le principe des Réseaux d'initiative publique (RIP). Pour rappel, comme les grands opérateurs ne viennent pas spontanément dans ces campagnes ou zones rurales peu - voire pas - rentables, les collectivités déploient via des RIP leurs propres infrastructures avec l'aide de l'Etat. Edouard Philippe a indiqué que pour financer ces réseaux, l'Etat allait « engager la totalité de l'enveloppe de 3,3 milliards d'euros prévue dans le PTHD ». « Cet effort devrait nous permettre de couvrir 60% des zones peu denses et de satisfaire l'ensemble des demandes [de RIP, NDLR] qui ont déjà été déposées par les collectivités », a-t-il précisé.

Pour les 40% restant, le gouvernement va recourir à plusieurs leviers. Primo, « certaines de ces zones peu denses sont devenues viables économiquement pour les opérateurs », a indiqué le locataire de Matignon. Du coup, l'exécutif affirme qu'il va les identifier, les recenser. « Puis, au premier semestre 2018, nous donnerons la possibilité aux collectivités locales de lancer un Appel à manifestation d'intention d'engagements nouveaux (AMIEN), a précisé Edouard Philippe. En clair, nous allons inviter les opérateurs à y déployer des réseaux puisque c'est désormais possible. » Avant de donner un exemple : « Ce qui est en train de se passer, c'est que dans le territoire de Belfort, le département a renoncé à son RIP pour se tourner vers le secteur privé. C'est une solution qui se révélera en fin de compte plus rapide et surtout moins coûteuse. » De fait, si les opérateurs déploient uniquement sur leurs fonds propres, cela permet à l'état d'économiser ses précieux deniers.

Secundo, une partie des zones peu denses fera l'objet d'une « montée en débit ». « C'est-à-dire que la fibre n'arrivera pas jusqu'à l'habitation, mais jusqu'à un nœud de raccordement suffisamment proche pour que la qualité du débit s'améliore de façon significative », a détaillé Edouard Philippe.

Tertio, pour les zones les plus isolées (en montagne par exemple), qui représentent entre 1,5 et 2 millions de foyers, le gouvernement s'est résolu à faire du cas par cas :

« Un Français qui ne dispose d'aucune solution filaire pourra s'adresser à un guichet spécifique, a annoncé Edouard Philippe. Celui-ci disposera d'un budget de 100 millions d'euros pour aider les ménages à se doter de la technologie la plus appropriée : la 4G, la boucle locale radio ou le satellite. Cela prendra, dans la plupart des cas, la forme d'un chèque numérique qui leur permettra de financer l'achat d'une parabole - quand la solution satellitaire sera retenue -, ou d'une box. »

Toujours pas d'accord avec les opérateurs

Concernant le mobile, le Premier ministre veut d'abord « définir de nouvelles obligations de couverture mobile pour les opérateurs ». « Des obligations assez fortes et assez inédites, qui correspondent à une situation de la vie quotidienne particulièrement exaspérante », a-t-il renchéri. L'exécutif a rappelé sa volonté d'en finir avec les « zones blanches » où le mobile ne passe toujours pas, de « généraliser la 4G » en priorité dans « les 10.000 communes qui ne l'ont pas encore », et d'« améliorer la couverture à l'intérieur des bâtiments ».

Le problème, c'est que ces objectifs vont évidemment « conduire les opérateurs à déployer un nombre important de nouvelles antennes d'ici à 2022, en les mutualisant dès lors que ça a du sens, a indiqué le Premier ministre. C'est du boulot, ce sont aussi des investissements, je le reconnais ». Or depuis des semaines, les opérateurs négocient d'arrache-pied avec le gouvernement pour obtenir des concessions financières acceptables en échange de ces nouvelles dépenses. Alors qu'un accord était espéré ce jeudi, il n'en a rien été, puisque les deux partis ne sont pas arrivés à trouver un terrain d'entente. Edouard Philippe s'est malgré tout voulu rassurant. « Les discussions se poursuivent avec les opérateurs, a-t-il affirmé. J'espère que nous les conclurons d'ici Noël. Ce serait un beau cadeau. »

Pierre Manière

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Commentaires 2
à écrit le 14/12/2017 à 17:55
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Ca va changer de subir celle des GOPE mais nous passerons quand même à la caisse et à l' arrivée ce sont les groupes nationaux du btp, les CAC 40 qui vont encore nous régaler d' un grand merci Macron. Ca nous changera des...

à écrit le 14/12/2017 à 15:47
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Toujours plus de dépenses! Toujours plus d'impôts! J'ai un doute quand un ENArche parle d'investissement!

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