Télécoms : aux États-Unis, Sprint et T-Mobile songent (encore) à se marier

Les états-majors des deux opérateurs mobiles ont repris les discussions concernant une fusion de leurs activités au pays de l’Oncle Sam.
Pierre Manière
Sprint et T-Mobile avaient déjà tenté de se marier en fin d’année dernière, mais n'avaient pas trouvé de terrain d'entente.
Sprint et T-Mobile avaient déjà tenté de se marier en fin d’année dernière, mais n'avaient pas trouvé de terrain d'entente. (Crédits : Dado Ruvic)

Dans le monde des télécoms, il y a des affaires qui n'en finissent pas. En France, le sujet de la consolidation du secteur, synonyme d'un retour à trois opérateurs, agite le marché depuis des années. Aux États-Unis, la perspective d'un mariage entre les opérateurs mobiles T-Mobile US et Sprint fait régulièrement les gros titres. Ainsi, selon le Wall Street Journal, les discussions ont récemment repris entre les deux acteurs, respectivement numéro trois et quatre du marché, derrière l'indéboulonnable tandem formé par les géants Verizon et AT&T.

Selon le quotidien économique, qui cite des sources proches du dossier, les négociations en sont ainsi « à un stade préliminaire ». Mais, poursuit-il, « ce que les deux parties envisagent n'est pas clair » :

« Il est possible qu'elles ne parviennent toujours pas à trouver un accord ».

Avec tous les d'échecs de rapprochements qu'ils ont au compteur, on comprend que les chefs de file de Sprint et de T-Mobile se montrent prudents...

Un deal pour rester compétitif

Pour rappel, les deux acteurs avaient une nouvelle fois tenté de se marier en fin d'année dernière. Mais ils n'ont pas réussi à s'entendre, mettant fin, début novembre, à leurs pourparlers. Tout en laissant, cependant, la porte ouverte à de nouvelles discussions.

« Même si nous n'avons pas trouvé d'accord pour fusionner nos entreprises, nous reconnaissons l'intérêt apporté par un potentiel rapprochement », avait commenté Marcelo Claure, le Pdg de Sprint et membre du conseil d'administration de sa maison-mère, le nippon Softbank.

De son côté, Tim Höttges, le Pdg de Deutsche Telekom, la maison-mère de T-Mobile US, s'était lui-aussi gardé de claquer définitivement la porte :

« Nous avons toujours dit que - dans de bonnes conditions - une fusion de T-Mobile US avec une autre entreprise pourrait apporter des avantages supplémentaires aux clients et la perspective d'une hausse de valeur pour les actionnaires, a-t-il déclaré. Ces conditions n'ont pas pu être réunies en l'espèce. »

Sur le plan industriel, les analystes sondés par La Tribune estiment depuis longtemps qu'un tel deal serait « créateur de valeur ». En novembre dernier, dans nos colonnes, Stéphane Beyazian, analyste chez Raymond James estimait notamment que « les synergies devraient être très significatives ». Selon lui, elles pourraient se situer « aux alentours de 30 milliards de dollars en valeur ». Ce qui permettrait à la nouvelle entité de dégager davantage de moyens pour investir dans ses réseaux. Un point jugé fondamental pour demeurer compétitif sur le marché américain.

« Couvrir un pays aussi vaste que les États-Unis en 4G - ou demain en 5G - nécessite des investissements très lourds et pendant des années. Ce n'est pas aussi rapide qu'en Belgique ou aux Pays-Bas ! », constatait l'analyste.

Lire aussi : Sprint / T-Mobile US : les dessous de la possible arrivée d'un géant du mobile

En mutualisant leurs forces, T-Mobile et Sprint disposeraient sur le papier d'une part de marché d'environ 30%, proche de celles de leurs rivaux Verizon (36%) et AT&T (33%). Ils bénéficieraient, ainsi, d'une plus grande capacité d'investissement dans la 5G. Un créneau où Verizon et AT&T mettent actuellement les bouchées double pour distancer leurs concurrents.

Les négociations actuelles ont-elles plus de chance d'aboutir que les précédentes ? Peut-être. Si l'administration Obama avait mis son veto, il y a près de trois ans, à un tel mariage, l'arrivée au pouvoir de Donald Trump, favorable à la dérégulation, laisse penser qu'un deal est désormais possible. En outre, Masayoshi Son, le patron de Sofbank, la maison-mère de Sprint, qui milite depuis des années pour un rapprochement avec T-Mobile, a tout fait pour s'attirer les bonnes grâces du locataire de la Maison-Blanche. Lors de l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, il a notamment promis quelques 50 milliards de dollars d'investissements et 50.000 emplois au pays de l'Oncle Sam. Ce qui a ravi le président des États-Unis, qui n'a pas hésité à s'afficher tout sourire avec l'homme d'affaires, qu'il appelle depuis familièrement « Masa ».

Pierre Manière

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