Jamais le lancement d'une technologie de réseau mobile n'a suscité autant la polémique. De nombreux élus écologistes et de gauche redoutent les effets néfastes de la 5G sur l'environnement et la santé. Dimanche dernier, dans une tribune parue dans le JDD, 70 d'entre eux ont appelé à un moratoire sur cette technologie « au moins jusqu'à l'été 2021 ». Mais lundi, dans la foulée, Emmanuel Macron a balayé cette perspective, comparant ces élus à des « Amishs » désireux de « revenir à la lampe à huile ». Pour l'exécutif, pas question de reporter l'arrivée de la 5G. La France doit s'y convertir sans traîner puisque « les impacts sanitaires et environnementaux sont bien documentés et maîtrisés », a jugé Cédric O, le secrétaire d'Etat en charge de la transition numérique, au Monde ce mardi.
Mais les opérateurs seront-ils en mesure de lancer correctement la 5G ? Pas si sûr. Pour déployer cette technologie, Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free ont besoin de deux choses. Ils doivent d'abord acheter de nouvelles fréquences. Celles-ci seront mises en vente par l'Etat à partir du 29 septembre, lors d'une enchère. Une fois qu'ils en disposeront, les opérateurs pourront, s'ils le souhaitent, lancer leurs services 5G fin novembre ou début décembre. Mais Orange, SFR, Bouygues Telecom et Free doivent aussi modifier leurs réseaux, remplacer des antennes et en déployer de nouvelles. Pour ce faire, ils ont besoin d'autorisations des collectivités. Or certaines freinent déjà des quatre fers.
Refus de signer des autorisations
C'est ce que constate l'état-major d'Orange. Aujourd'hui, l'opérateur historique dispose de 400 à 500 antennes 5G sur le territoire. Celles-ci ont été installées dans les villes où il a mené, ces dernières mois, différents tests, notamment à Lille, Nantes, Marseille, Montpellier et Paris. Orange prépare aujourd'hui certains sites d'antennes mobiles pour accueillir des équipements 5G. Or « dans certains cas, les municipalités sont pas très volontaires pour nous donner des autorisations », affirme Marc Blanchet, directeur technique d'Orange, à La Tribune. Pour autant, il ne tire pas - encore - la sonnette d'alarme. « Nous comprenons qu'il y a un débat sur l'usage du mobile, poursuit-Marc Blanchet. C'est à la société de se positionner. Nous travaillons de manière pragmatique : nous ne nous sommes jamais battus contre des élus. Nous n'allons pas entrer en guérilla pour installer nos antennes de force. » Si certaines municipalités s'opposent durablement à la 5G, dit-il, l'opérateur reverra ses plans, et mobilisera ses troupes dans d'autres villes plus accueillantes.
Même son de cloche chez un autre grand opérateur français qui constate, aussi, des difficultés à décrocher certaines autorisations. « Ce n'est pas aux opérateurs d'aller se battre avec des collectivités qui ne veulent pas d'antennes 5G », nous dit un responsable. Un cadre d'un gros opérateur d'infrastructures, lui, craint que plusieurs nouveaux maires écologistes - comme à Lyon, Marseille ou Bordeaux - et de gauche entravent durablement les déploiements. « Dans toutes ces villes, nous allons être freinés », déplore-t-il.
Rennes commande une étude d'impact
Ce sera vraisemblablement le cas à Rennes. Dans la cité bretonne, la maire socialiste Nathalie Appéré vient de commander une étude d'impact sur la 5G. En attendant ses conclusions, l'édile souhaite « respecter un élémentaire principe de précaution ». On l'imagine mal, dans ces conditions, dérouler le tapis rouge aux opérateurs. A La Tribune, plusieurs d'entre eux rappellent toutefois qu'ils ont besoin de la 5G pour absorber l'explosion du trafic mobile, qui croit énormément année après année. Selon eux, les villes qui ont refusé la 5G pourraient à terme, dans environ deux ans, se retrouver avec un réseau mobile dégradé.
- Lire aussi: 5G : Macron ouvre et referme le débat
Sujets les + commentés