La Commission européenne veut revoir la régulation des télécoms

L'exécutif européen songe à assouplir les règles encadrant les fusions entre opérateurs. Objectif, faire en sorte qu'ils soient en mesure d’investir davantage dans la fibre et la 5G. La Commission reste attachée à la concurrence, afin de préserver des prix bas pour le consommateur.
La Commission européenne affirme que la « fragmentation » du secteur peut « avoir un impact sur la capacité des opérateurs à atteindre l'échelle nécessaire pour investir dans les réseaux du futur » (Photo d'illustration).
La Commission européenne affirme que la « fragmentation » du secteur peut « avoir un impact sur la capacité des opérateurs à atteindre l'échelle nécessaire pour investir dans les réseaux du futur » (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

Il y a presque un an, plusieurs grands noms des télécoms européennes comme Orange, Deutsche Telecom ou Ericsson ont profité de l'ouverture du salon du mobile de Barcelone pour dire tout le mal qu'ils pensaient de la politique menée par Bruxelles à l'égard de leur secteur. D'après eux, la doctrine consistant à privilégier une ultra-concurrence dans tous les pays membres pour que le consommateur continue de bénéficier de prix bas n'en finit pas de plomber la filière. La patronne d'Orange, le géant français des télécoms, a notamment fustigé « une réglementation parfois dépassée ».

« Selon le cabinet de conseil PwC, 46% des PDG de sociétés de télécommunications pensent que leur entreprise ne survivra pas une décennie de plus », a-t-elle, alors, averti.

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Le message a été bien reçu par Bruxelles. La Commission européenne est en train d'élaborer une nouvelle « loi sur les réseaux numériques ». Son objectif ? Accorder la réglementation des télécoms avec son objectif d'apporter, via la 5G et la fibre, une connectivité d'un gigabit/seconde d'ici à 2030.

Dans un projet de livre blanc consulté par Reuters et le Financial Times la semaine dernière, et que Margrethe Vestager, la vice-présidente de la Commission européenne doit présenter mercredi, l'institution affirme que la « fragmentation » du secteur peut « avoir un impact sur la capacité des opérateurs à atteindre l'échelle nécessaire pour investir dans les réseaux du futur ». La Commission européenne a notamment dénombré une cinquantaine d'opérateurs de téléphonie mobile et une centaine d'opérateurs Internet fixe sur le Vieux Continent.

Davantage de « consolidation transfrontalière »

Bruxelles considère, dans ce document, qu'une « consolidation transfrontalière ou différentes formes de coopération en amont pourraient permettre aux opérateurs d'acquérir une taille suffisante », afin d'étendre davantage leurs réseaux. Cela dit, la Commission reste, visiblement, très attachée au maintien d'une forte compétition dans tous les pays membres. L'objectif reste de ne pas « compromettre la concurrence en aval », souligne le texte.

De quoi faire grincer des dents les grands opérateurs européens, dont beaucoup estiment qu'ils n'ont plus les moyens d'investir des milliards dans la fibre et la 5G, sans relever leurs tarifs. Tous pestent sur les nombreuses tentatives de consolidation balayées par Bruxelles ces dernières années. La Commission n'aurait d'yeux, selon eux, que pour le consommateur, sans se soucier suffisamment de la santé de leur industrie.

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De Vodafone à BT, en passant par Telecom Italia, ou encore Telefonica, plusieurs grands opérateurs européens souffrent de la concurrence. En outre, ils sont criblés de dettes, et multiplient aujourd'hui les plans sociaux. Beaucoup ont - de fait - revu leurs projets d'investissements à la baisse, notamment dans la 5G, au grand dam des équipementiers comme Ericsson et Nokia, qui voient leurs carnets de commandes fondre.

Feu vert imminent pour Orange et MasMovil

Cette fermeté bruxelloise à vouloir préserver à tout prix la concurrence devrait, de nouveau, s'illustrer. La Commission européenne doit d'ici peu se prononcer sur le mariage entre Orange et son rival MasMovil en Espagne.

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Ce deal, qui doit donner naissance au numéro deux du marché derrière l'opérateur historique Telefonica, devrait, vraisemblablement, être autorisé. Mais sous réserve de céder certains actifs à leur concurrent, le Roumain Digi, afin qu'il puisse grandir et permettre au marché de conserver un haut niveau de concurrence.

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Commentaires 5
à écrit le 20/02/2024 à 10:41
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"afin de préserver des prix bas pour le consommateur".... Mais bien sûr ! Il va falloir rembourser tout cette argent investi. De plus je pense à contre courant, malgré que les États nous obligent par de plus en plus de démarches dématérialisées à y a...

à écrit le 20/02/2024 à 10:18
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La commission a raison et pourtant Free en Europe est en croissance permanente, créé des sociétés de services, des centres de recherches, des écoles, investit massivement dans la 5G SA et la Fibre à 10 Go de bande passante... Arrêtons d'écouter des d...

à écrit le 20/02/2024 à 10:18
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La commission a raison et pourtant Free en Europe est en croissance permanente, créé des sociétés de services, des centres de recherches, des écoles, investit massivement dans la 5G SA et la Fibre à 10 Go de bande passante... Arrêtons d'écouter des d...

à écrit le 19/02/2024 à 22:35
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La Tribune a raté un des passages les plus importants du texte, qui est la possibilité de réouvrir le débat sur le "fair share", i.e. faire payer les gafam et compagnies Internet générant des masses de trafics pour les investissements en infrastructu...

à écrit le 19/02/2024 à 21:48
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faut arreter de changer les regles toutes les 5mn, les gens ne sont pas dupes

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