La guerre des prix dans les télécoms appartient-elle au passé ? Depuis des mois, les grands opérateurs n'hésitent pas à rehausser les tarifs de leurs abonnements. Au printemps dernier, Orange avait procédé à une vaste augmentation de l'intégralité de son catalogue. Tous les prix de ses forfaits Internet et abonnements de téléphonie mobile ont progressé de 1 à 2 euros. L'opérateur historique, qui se dit touché par l'inflation, continue sur sa lancée. Profitant du lancement, la semaine dernière, de sa nouvelle Livebox 7, il a dégainé une nouvelle offre, « Livebox Max Fibre ». Son prix, de 39,99 euros les six premiers mois (puis 57,99 euros) s'avère 2 euros plus cher que l'offre équivalente qui existait jusqu'alors. Orange justifie cette hausse par « l'augmentation significative des débits proposés aux clients ».
Chez Bouygues Telecom, les forfaits mobiles coûtent également plus cher. « L'augmentation va globalement de 1 à 2 euros », affirme l'opérateur. « Nous sommes transparents avec nos clients, et leur expliquons les raisons de l'augmentation de certains de nos forfaits pour pouvoir continuer à leur délivrer la qualité de service », poursuit-il.
Forte réduction de la durée des promotions
En parallèle, les opérateurs s'attaquent aux promotions. SFR vient de diminuer la durée pendant laquelle ses offres sont à prix réduit. Celle-ci passe de douze à six mois, sachant que ces abonnements comprennent généralement un engagement d'un an. L'opérateur au carré rouge n'a fait que s'aligner sur Orange, qui a pris la même décision la semaine dernière. « En réduisant la durée des offres spéciales, le groupe concentre ses investissements autour des réseaux et des nouveaux produits plutôt que vers les promotions de longue durée », justifie le numéro un français des télécoms. Bouygues Telecom va-t-il se mettre dans la roue de ses rivaux ? Interrogé par La Tribune, l'opérateur n'a pas répondu sur ce point.
Ces décisions vont, quoi qu'il en soit, peser sur les factures, lesquelles sont de plus en plus salées. Au deuxième trimestre, le prix moyen des abonnements Internet à haut et très haut débit a progressé de 1,2 euro en un an, à 34,5 euros (hors taxes) a récemment indiqué l'Arcep, le régulateur des télécoms. Parmi les grands opérateurs, seul Free a décidé de geler ses tarifs. Le « trublion des télécoms » n'a pas raté l'occasion de se positionner, comme cela lui a déjà réussi par le passé, en « défenseur du pouvoir d'achat ».
La stratégie payante de Free
Les clients ne sont pas insensibles à ces nouvelles stratégies tarifaires, qui viennent secouer le marché. Pour l'heure, c'est sans surprise Free qui en profite. Au deuxième trimestre, l'opérateur de Xavier Niel a conquis 42.000 clients Internet, et 128.000 abonnés mobiles. Il se situe juste devant Bouygues Telecom, qui a gagné 40.000 fidèles dans l'Internet fixe, et 82.000 dans le mobile. Orange, lui, a perdu 33.000 abonnés Internet fixe, et en a séduit 29.000 dans le mobile. Le grand perdant est pour l'heure SFR. L'opérateur au carré rouge, dont Patrick Drahi, son propriétaire, cherche une solution pour éponger ses montagnes de dettes, a perdu 29.000 abonnés Internet, et surtout 135.000 dans le mobile...
Ces mouvements pourraient bien s'amplifier. Dans une enquête publiée la semaine dernière, le cabinet Oliver Wyman a indiqué qu'un peu plus d'un Français sur deux comptait changer d'opérateur mobile. Près d'un tiers d'entre eux souhaite passer à une offre moins onéreuse, en privilégiant des forfaits low cost.
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