Macron face aux syndicats pour le premier test du quinquennat

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(Crédits : Philippe Wojazer)

PARIS (Reuters) - Emmanuel Macron s'entretiendra mardi avec les organisations syndicales et patronales avant d'engager les réformes sociales controversées qu'il espère boucler au pas de charge et qui constitueront le premier test politique de son quinquennat.

Le chef de l'Etat recevra dans la matinée les représentants de syndicats de salariés : Laurent Berger pour la CFDT (à 09h00), Philippe Martinez pour la CGT (10h00) et Jean-Claude Mailly pour FO (11h00), a-t-on appris auprès de l'Elysée.

Suivront les représentants d'organisations patronales, Pierre Gattaz pour le Medef (12h00), François Asselin pour la CPME (15h00), Alain Griset pour l'U2P (16h00), François Hommeril pour la CFE-CGC (17h00) avant qu'un autre représentant des salariés, Philippe Louis pour la CFTC (18h00), ne ferme la marche.

Le Premier ministre, Edouard Philippe, et la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, recevront les partenaires sociaux ensemble, à partir de mercredi et jusqu'en début de semaine prochaine, afin de déterminer le calendrier de la concertation sur la réforme du marché du travail, indique-t-on également à l'Elysée.

Le président veut présenter durant l'été un projet de loi d'habilitation pour pouvoir, par ordonnances, simplifier le droit du travail, décentraliser la négociation sociale en donnant plus de place aux accords majoritaires d'entreprises et de branches, et encadrer les décisions des prud'hommes.

Des promesses de campagne vues comme autant de casus belli par certains syndicats, qui avaient mené en 2016 une longue bataille dans la rue contre la réforme du droit du travail menée par le gouvernement de François Hollande.

Il souhaite, dans un second temps, réformer l'assurance chômage pour que tous les travailleurs puissent en bénéficier et pour donner plus de place à l'Etat dans son pilotage, une idée que les syndicats voient aussi avec méfiance.

Si le Medef souhaite que la réforme du droit du travail soit mise en oeuvre le plus rapidement possible, la CGT a promis de s'y opposer si l'exécutif restait sourd à ses revendications.

"Si le gouvernement veut passer en force ou ne prend pas en compte les dispositions qu'on a mises sur la table, il y aura de la colère et aussi des mobilisations", a déclaré son secrétaire général, Philippe Martinez, lundi sur Europe 1.

PRIORITÉ DU DÉBUT DU QUINQUENNAT

Le nouveau président français a fait de la réforme du droit du travail une priorité du début de son quinquennat, au même titre que la relance de la construction européenne.

"Le travail sera libéré, les entreprises seront soutenues, l'initiative sera encouragée", a-t-il promis lors de son premier discours de président de la République, le 14 mai.

Le président et ses proches revendiquent le fait que les entreprises doivent parfois détruire des emplois et qu'il faut donc que les responsables politiques cessent de vouloir systématiquement tenter de sauver les postes sous la pression des syndicats et des médias.

Plutôt que de préserver des emplois qui seraient condamnés, ils jugent qu'il faut à la fois favoriser la création d'autres emplois et protéger davantage les personnes, notamment en améliorant le système de formation professionnelle.

Philippe Waechter, chef économiste de Natixis AM, estime dans un texte diffusé lundi que "l'objectif doit être double : améliorer la capacité de l'économie française à créer des emplois lorsque la conjoncture est plus porteuse, mais aussi rendre plus cohérente la dynamique entre les emplois disponibles et la capacité des salariés et des chômeurs à y répondre".

Parmi les quatre recommandations adressées par la Commission européenne à la France lundi figure celle d'"améliorer l'accès au marché du travail des demandeurs d'emploi, en particulier les travailleurs les moins qualifiés et ceux ayant des origines étrangères, notamment en réformant l'enseignement et la formation professionnels".

L'économiste Patrick Artus (Natixis) met quant à lui en avant un danger lié au développement de la flexisécurité.

"Il est beaucoup plus rapide d'obtenir la flexibilité (...) que la sécurité (qui nécessite l'amélioration du système de formation et des compétences suffisantes de la population active, la disponibilité d'emplois suffisamment qualifiés)", écrit-il dans une note publiée lundi. "Si la flexibilité est obtenue nettement plus vite que la sécurité, il en résulte une forte hausse du chômage."

Le ministre de l'Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, commencera parallèlement à recevoir mardi les syndicats de la fonction publique.

(Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)