Macron et Merkel amorcent projets rapides et réformes profondes

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Macron et merkel amorcent projets rapides et reformes profondes[reuters.com]
(Crédits : Fabrizio Bensch)

BERLIN (Reuters) - Emmanuel Macron et Angela Merkel sont convenus lundi de travailler immédiatement sur des projets communs de court terme et d'établir une feuille de route pour approfondir l'Union européenne et la zone euro afin d'enrayer le populisme.

Le président français a insisté sur la nécessité de répondre à la "colère" qui s'est exprimée dans le vote pour Marine Le Pen, la chancelière allemande jugeant que l'élection française montrait qu'il fallait renforcer l'Europe.

"L'un et l'autre nous sommes convaincus que nous avons besoin de résultats de court terme mais également de vraies transformations, d'une vraie refondation de l'Europe", a dit Emmanuel Macron lors d'une conférence de presse commune.

La feuille de route, qui sera ensuite ouverte aux autres pays, doit permettre d'"avancer sur les prochaines années".

"Nous ne pouvons pas en rester au Brexit, nous devons approfondir la cohérence de la zone euro", a dit Angela Merkel.

"Nous sommes convenus d'une coopération extrêmement intense", a-t-elle ajouté, jugeant que "les projets franco-allemands, par exemple dans le domaine fiscal, pourraient donner une impulsion pour donner une nouvelle cohérence à l'Europe".

Les deux dirigeants ont dit être prêts à modifier les traités européens pour réformer la zone euro et l'Union.

CONSEIL FRANCO-ALLEMAND EN JUILLET

Parmi les sujets de court terme, ils ont cité la révision de la directive sur les travailleurs détachés, un sujet très présent dans la campagne présidentielle, un droit d'asile commun pour les réfugiés, et le travail sur la réciprocité dans le cadre de la politique commerciale européenne.

Comme projets bilatéraux, Emmanuel Macron a cité la coopération dans le numérique, l'économie et la fiscalité "avec des projets de convergence que nous pouvons conduire", l'éducation, la sécurité, la défense et la politique internationale.

France et Allemagne organiseront en juillet un conseil des ministres commun pour avancer sur ces sujets.

"Je serai toujours un partenaire franc, direct et constructif", a promis Emmanuel Macron, jugeant indissociables la réussite de la France, de l'Allemagne et de l'Europe.

Angela Merkel, par ses références à la présidentielle et au problème du chômage en France - futur indicateur du redressement ou non du pays et du succès ou de l'échec d'Emmanuel Macron - a montré qu'elle avait conscience des fractures de la société française et des risques pour l'Europe qu'elles comportaient.

MACRON RÉPÈTE QU'IL RÉFORMERA LA FRANCE

Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité de mener des réformes économiques et sociales en France, "non pas parce que l'Europe le demande, parce que la France en a besoin".

"J'ai, en France, à conduire des réformes en profondeur, qui sont nécessaires pour notre pays mais nécessaires aussi pour la pleine restauration de la confiance franco-allemande", a-t-il dit.

Interrogé sur ses projets de réformes financières de la zone euro, Emmanuel Macron a dit qu'il ne souhaitait pas la création d'Eurobonds, un sujet très sensible en Allemagne, et qu'il était opposé à la mutualisation des dettes publiques passées.

Il a en revanche répété qu'il souhaitait que la zone euro se dote d'une capacité budgétaire pour investir. "Ça suppose d'articuler cela avec des règles de convergences, avec des vraies réformes structurelle parce que l'un ne va pas sans l'autre et c'est l'objectif de la feuille de route commune."

Angela Merkel a en outre souhaité que le résultat des élections législatives françaises des 11 et 18 juin permettent à Emmanuel Macron de mettre en oeuvre son programme.

"Je lui ai souhaité bonne chance et beaucoup de réussite aux prochaines élections législatives, qui seront la base de la possibilité de la mise en oeuvre de son programme", a-t-elle déclaré.

(Michel Rose, avec Jean-Baptiste Vey et Marine Pennetier à Paris, édité par Yves Clarisse)