Les grands schemes de paiements internationaux, Mastercard et Visa, entrent à leur tour dans la longue liste de sanctions occidentales qui paralyse le secteur financier russe. Une décision qui intervient quelques heures après la décision prise, ce week-end, d'interdire l'accès à plusieurs institutions financières russes (la liste n'est pas encore définitivement arrêtée) à la messagerie interbancaire sécurisée Swift, qui facilite les transactions de gros montants entre les banques du monde entier.
Dans un communiqué publié le 28 février, le PDG de Mastercard, Michael Miebach, indique qu'à la suite « des sanctions, nous avons bloqué plusieurs institutions financières du réseau de paiement Mastercard. Nous continuerons à travailler avec les régulateurs dans les jours à venir pour respecter pleinement nos obligations de conformité au fur et à mesure de leur évolution ».
De son côté, Visa indique, dans des termes plus mesurés, qu'elle fermait également l'accès de ses tuyaux de paiement aux banques russes déjà sanctionnées. « Visa prend des mesures rapides pour assurer le respect des sanctions applicables et est prête à se conformer aux sanctions supplémentaires qui pourraient être mises en œuvre », indique le groupe sur son blog.
Les deux sociétés américaines annoncent également des dons, à hauteur de 2 millions de dollars chacune, à plusieurs associations et ONG en faveur Ukraine.
Le patron de Mastercard a également mis en garde sur les risques de cyberattaques « dont la menace s'est considérablement accrue dans le contexte actuel ».
100 millions de cartes Mir en circulation
La décision était attendue, comte teneur de l'ampleur des sanctions prises en quelques jours. Concrètement, toutes les banques ciblées émettrices de cartes Visa ou Mastercard ne pourront plus assurer la moindre transaction à l'international pour le compte de leurs porteurs de cartes internationales. Déjà, en avril 2014, Visa et Mastercard avait suspendu leurs services pour les banques visées et les ont empêché d'utiliser leurs réseaux de paiement.
Suite à ce précédent, le gouvernement russe avait accéléré la mise en place de leur propre système national de cartes paiement, Mir (« le monde » en russe), sous la responsabilité de la banque centrale russe. Ce système fonctionne comme un système de compensation pour le traitement des transactions par carte, mais uniquement pour les transactions domestiques.
Le nombre de cartes Mir s'est rapidement développé, avec plus de 100 millions cartes Mir en circulation, selon les derniers chiffres d'octobre 2021, car les cartes sont généralement émises en Russie par les entreprises pour leur salariés, mais aussi par certains organismes pour le versement de prestations (retraites,...). Il tente même une timide percée en Europe, sans grand succès.
Les fintechs se mobilisent
Reste qu'il est pratiquement impossible d'effectuer un paiement à l'étranger avec une carte Mir, exceptés quelques pays, comme l'Arménie, voire la Turquie. Certaines cartes sont cobrandées avec des réseaux internationaux comme Maestro (Mastercard) ou le réseau chinois UnionPay. Rien cependant qui puisse permettre à la carte Mir de revendiquer son nom de carte « mondiale ».
A noter également que le monde la fintech se mobilise sur le terrain des sanctions. Le réseau de transfert d'argent britannique Wise a ainsi suspendu son service à destination ou en provenance de la Russie. Un porte-parole de Wise, interrogé par l'agence Reuters, a déclaré que « ces mesures feraient l'objet d'un examen constant ».
D'autres fintechs similaires, comme Paysera ou Remitly ont également suspendu leurs services vers la Russie. Même la néobanque N26 impose une limite aux transactions en faveur de comptes bancaires russes.
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