Crash de l'AF447 Rio-Paris : non-lieu pour Airbus et Air France ordonnent les juges

Les juges d'instruction chargés de l'enquête sur le crash du vol Rio-Paris en 2009 ont ordonné un non-lieu général pour Airbus et Air France.

La décision va faire du bruit. Les juges d'instruction chargés de l'enquête sur le crash du vol Rio-Paris en 2009 ont ordonné un non-lieu général pour le constructeur Airbus et Air France, a appris jeudi l'AFP de sources concordantes.

Cette décision, rendue dix ans après l'accident d'un A330 d'Air France (vol AF447) le 1er juin 2009 et la mort des 228 personnes à son bord, "insulte la mémoire des victimes", a réagit la principale association de proches de victimes qui a annoncé à l'AFP son intention de faire appel.

En juillet, le parquet avait réclamé un procès contre Air France uniquement

Cette ordonnance diffère des réquisitions du parquet qui avait réclamé un procès pour la seule compagnie aérienne. Le 12 juillet, le parquet de Paris avait en effet demandé un procès devant le tribunal correctionnel contre Air France uniquement, considérant qu'elle que la compagnie "avait commis une négligence et une imprudence" en ne délivrant pas à ses pilotes suffisamment d'informations sur la procédure à adopter en cas d'anomalies liées aux sondes qui permettent de contrôler la vitesse de l'appareil, après plusieurs incidents du même genre au cours des mois précédents.

La nuit de l'accident, le givrage de ces petits tubes métalliques placés sur le nez de l'avion ou sous les ailes avait conduit à un dérèglement des mesures de vitesse de l'Airbus A330 et désorienté les pilotes jusqu'au décrochage de l'appareil.

Air France avait indiqué qu'elle allait "confirmer sa demande de non-lieu dans les observations en réponse qu'elle allait adresser aux juges d'instruction".

Bataille d'experts

Depuis ses débuts, l'enquête a donné lieu à une bataille d'experts pour établir les responsabilités dans l'enchaînement ayant mené au crash de l'appareil et les parties civiles poussaient pour qu'Airbus et Air France soient jugés tous les deux.

En 2012, la première expertise avait pointé à la fois des défaillances de l'équipage, des problèmes techniques et un déficit d'information des pilotes en cas de givrage des sondes fabriquées par Thales, malgré une recrudescence d'incidents antérieurs signalés à Airbus.

Le constructeur avait alors sollicité une contre-expertise, qui mettait surtout l'accent sur une "réaction inappropriée de l'équipage" et les manquements d'Air France.

La jugeant trop favorable à Airbus, des proches des victimes et la compagnie aérienne avaient attaqué le rapport devant la cour d'appel de Paris, qui avait ordonné son annulation et la réouverture de l'enquête.

Toutefois la dernière contre-expertise, remise en décembre 2017, a de nouveau suscité l'indignation des parties civiles. Les experts y réaffirmaient que la "cause directe" de l'accident "résulte des actions inadaptées en pilotage manuel" de l'équipage et tendaient à dédouaner Airbus.

La semaine dernière, le Parisien révélait que le 8 août dernier, des familles de victimes avaient remis aux juges d'instruction un rapport inédit démontrant, selon elles, qu'Airbus avait connaissance depuis 2004 des faiblesses de ses sondes de vitesse, point de départ de la catastrophe. Ce rapport a été réalisé en novembre 2004 pour le compte de Thalès, fabricant des sondes Pitot qui équipaient l'Airbus A330 d'Air France.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 15
à écrit le 11/04/2022 à 22:13
Signaler
Et on a très vite "oublié" les conditions très agitées du séjour de l’équipage pendant son séjour de "récupération" à Rio !

à écrit le 06/09/2019 à 0:08
Signaler
Vive le niveau d'éthique des dirigeants de ces multinationales et de notre justice. Cpte tenu de la complexité des causes de cette catastrophe tout le monde était responsable ou personne. On retiendra en définitive que seuls les pilotes étaient re...

à écrit le 05/09/2019 à 20:55
Signaler
On ne pouvait pas condamner le carnaval de Rio .

à écrit le 05/09/2019 à 14:12
Signaler
COmme le dit @Citoyen blasé, la justice américaine passe, la justice française....aux 36èmes dessous, comment voulez vous que les citoyens respectent les institutions quand ces dernières vous roulent dessus ?

à écrit le 05/09/2019 à 13:03
Signaler
Etonnant, non ?

à écrit le 05/09/2019 à 12:59
Signaler
Les juges et le BEA ont, eux, bien compris le problème de cet accident terrible et de la responsabilité énorme de l'équipage, qui a, pour une raison que l'on ne connaîtra jamais (stress, fatigue, panique, manque de temps pour comprendre et de formati...

à écrit le 05/09/2019 à 12:14
Signaler
C'est vrai qu'il s'agit d'un problème de pilotage, les pilotes ont semblé indécis sur la bonne décision à prendre en cas de décrochage. Est-ce un problème de formation, être derrière un ordinateur en pilotage automatique, ce n'est pas la solution pou...

à écrit le 05/09/2019 à 11:24
Signaler
C'est tellement plus facile d'incriminer des pilotes morts et en oligarchie "les morts ont toujours tort" plutôt qu'une multinationale qui déplace autant de pognon, trop de pression du fait de trop de pognon en jeu. Je ne sais plus où j'ai entendu qu...

le 05/09/2019 à 12:40
Signaler
Certes, mais le givrage des sondes Pitot est un incident relativement fréquent, bien d'autres équipage y on été confrontés et ne se sont pas écrasés. Dans le cas présent l'équipage n'a rien compris à ce qui se passait.

le 05/09/2019 à 16:26
Signaler
"mais le givrage des sondes Pitot est un incident relativement fréquent" Ben... merci :-)

le 05/09/2019 à 16:48
Signaler
réponse à Nemosus "le givrage des sondes Pitot est un incident relativement fréquent" perso j'ai 14000 heures de vol, et je n'ai jamais eu de sondes qui givraient... par contre des procédures, on en a eu plein après le crash du Rio, comme quoi i...

le 05/09/2019 à 18:36
Signaler
Merci de bien vouloir relire les rapports d'enquête, et non seulement la presse, d'essayer de comprendre comment vole et se pilote un avion, de réfléchir sur la forme des contrats entre l'avionneur et la compagnie, avant de dire n'importe quoi. Pour ...

le 05/09/2019 à 18:36
Signaler
Merci de bien vouloir relire les rapports d'enquête, et non seulement la presse, d'essayer de comprendre comment vole et se pilote un avion, de réfléchir sur la forme des contrats entre l'avionneur et la compagnie, avant de dire n'importe quoi. Pour ...

le 06/09/2019 à 10:49
Signaler
@ Fred je ne suis ni pilote ni spécialiste, mais mon sentiment est que l origine du problème , ce sont les sondes..... et que si comme vous le dites, vous avez eut moultes procédures ensuite pour "traiter" ce genre d incident, c 'est bien qu il y a...

le 06/09/2019 à 19:52
Signaler
@ curieux 37 , bien d' accord quand on met du matériel sur un avion , on s' assure qu il résiste même dans les conditions les plus difficiles donc le fabricant des sondes est responsable .

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.