Banques dans tous leurs états

Par Éric Benhamou, éditorialiste à La Tribune.

Felix Zulauf est un gérant réputé dans le monde de la gestion. Membre du prestigieux panel réuni deux fois par an par le magazine « Barron's », ses propos sont toujours très écoutés, en particulier aux États-Unis. Et Felix Zulauf est pessimiste. Pessimiste sur l'efficacité de la politique monétaire de la Fed. Et pessimiste sur l'état de santé du système bancaire. Plusieurs blogs, dont Pragmatic Capitalist (Pragcap.com), ont repris ses dernières analyses livrées lors d'une conférence du «Barron's». Elles méritent le détour.

«La plupart des banques ne sont pas solides et la crise vient tout juste de commencer ; nous entrons dans un long cycle de mini-crises qui vont se succéder les unes après les autres», annonce d'emblée le gérant oracle suisse, très critique sur l'utilité de la politique de la Fed. « La politique ?quantitative easing? n'a aucun effet sur l'économie réelle et les marchés actions ne tarderont pas à en s'apercevoir.»

Bref, le secteur bancaire, largement sous-capitalisé, n'est pas prêt à affronter de nouvelles tempêtes. Et à ce sujet, Felix Zulauf, contrairement à nombre de ses pairs, estime que les banques européennes sont en plus mauvais état que les banques américaines. Et de conclure qu'investir aujourd'hui dans les pays industrialisés, « c'est comme déplacer des transats sur le pont du "Titanic" ! ». Et de citer, parmi les icebergs en vue, le défaut de la Grèce, un plongeon de 30% des prix de l'immobilier en Espagne ou alors des mouvements sociaux de grande ampleur en Allemagne. Bref, ce gérant précautionneux suggère de pondérer les portefeuilles à hauteur de 20% en or (dont le cours pourrait atteindre les 2.500 dollars l'once) et de 30 à 40% en actions des pays émergents.

Pour autant, le déclin de la vieille Europe bancaire n'est pas chose évidente, comme en témoigne un très intéressant graphique, qui circule depuis plusieurs semaines sur le Net, et qui vient d'être repris par le site The Big Picture. Ce graphique est riche d'enseignement à plus d'un titre (au-delà de sa seule valeur esthétique). Tout d'abord, il montre, sur la base d'un classement des 50 premières banques mondiales par le montant des actifs, que les banques européennes se classent parmi les établissements les plus puissants de la planète. Ainsi, les banques britanniques raflent les première (Royal Bank of Scotland), quatrième et cinquième places ; la Deustche Bank est désormais à la deuxième place ; et la France se hisse sur la troisième marche du podium grâce à BNP Paribas (et l'acquisition de Fortis).

Rappelons au passage que «The Economist» s'est récemment penché sur l'éclatante réussite des banques françaises ! Le score européen est donc honorable, avec six établissements parmi les dix premiers. Mais le changement de décor est saisissant avec la seule prise en compte de la capitalisation boursière. Les banques britanniques apparaissent alors comme des naines alors que les banques chinoises et américaines se bousculent aux premières places. Un graphique à méditer.

Et pour en finir sur cette croyance que les politiques monétaires expansionnistes sont avant tout profitables aux banques, le lecteur de blog pourra utilement consulter sur Business Insider l'analyse fouillée d'Edward Harrison qui démontre le contraire. La politique permanente du taux d'intérêt zéro finira par dégrader les marges d'intérêt, et pire, la solvabilité, sur le long terme.


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