Il est possible d'améliorer la compétitivité sans taxer plus !

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Le résultat d'une réforme économique et son efficacité dépendent de l'environnement économique dans laquelle elle est mise en ?uvre. Aussi, le choix entre différentes réformes qui visent des objectifs similaires est guidé en général par ce type d'analyse. Nous faisons face à une situation d'endettement massif et croissant qui réduit l'autonomie de l'action politique et sommes, par la conjonction de politiques récessives dans une partie de l'Europe, dans un environnement économique dépressif. Cependant dans sa recherche du redressement de la compétitivité de la France, le gouvernement a fait le choix d'une politique qui impose un nouveau choc négatif à court terme sur l'économie. D'autres politiques aux objectifs similaires sont possibles qui permettraient de peser sur la structure des coûts des entreprises industrielles sans augmentation des prélèvements.

Le choix des prélèvements, avec un impact négatif sur l'activité

Le rapport Gallois a produit une description de la situation du secteur industriel et de son évolution récente qui porte peu à la controverse : salaires bruts et coûts du travail qui ont évolué en France plus rapidement que dans nombre des pays concurrents, pression concurrentielle forte sur les segments de marché où les produits français sont présents, marges en contraction et investissement en berne. Il a mis en avant un certain nombre de causes mais ne les a pas toutes listées. Le rapport a fait des recommandations sur des dimensions hors coût du travail qui ont été entendues. Il a cependant privilégié comme moyen d'action sur la compétitivité le coût du travail. Un ajustement à la baisse de la partie fiscalisée de ce coût entraîne une perte de recettes qu'il est difficile de ne pas compenser compte tenu de la situation d'endettement de l'Etat. Une compensation par une augmentation de prélèvements, quel que soit le prélèvement considéré, a un impact négatif sur l'activité économique et les comptes sociaux, et amplifie le choc récessif induit par les hausses des prélèvements décidées par le gouvernement à l'automne. La baisse de la dépense publique a un effet récessif moindre et doit dans la pratique être privilégiée dans ce cas. Le gouvernement a néanmoins fait le fait choix d'augmenter en partie les impôts indirects pour compenser une baisse de recettes fiscales sur le travail qui, compte tenu de la conjoncture internationale actuelle, risque de fragiliser encore plus à court terme la croissance de l'économie française.

Ne pas oublier les facteurs structurels

Tout comme l'a illustré le rapport Gallois sur la partie hors coût, la compétitivité d'une économie passe aussi par un ensemble de facteurs structurels qui ont un impact sur les coûts des entreprises industrielles, contribuent à l'amélioration de leur marge et de leur compétitivité, et au final à la croissance tendancielle, sans nécessairement entraîner une augmentation de la fiscalité.

Dans l'environnement récessif qui est le notre, l'orientation prioritaire de réforme devrait porter sur la déréglementation des marchés et le renforcement de la concurrence pour réduire les rentes existantes, faire baisser les prix, faciliter la création de nouvelles entreprises et donc de nouveaux emplois. De nombreuses analyses, en particulier menées par l'OCDE, et synthétisées dans le rapport Attali, suggèrent que la France est un des pays qui peut tirer le plus d'une déréglementation des marchés ou de professions dans les services.

Trop de règlementations pèsent sur la productivité des services

Les comparaisons en matière de productivité à un niveau fin font apparaître que si de nombreuses branches industrielles françaises connaissent des niveaux de productivité supérieurs à ceux observés aux Etats-Unis, la situation est inversée lorsqu'il s'agit des services. Les réglementations nombreuses qui pèsent sur un certain nombre de professions ou activités de services limitent leur développement et l'innovation dans ces secteurs. Par ailleurs, ces secteurs, par la structure de leur emploi, profitent très majoritairement des baisses de charges sur les emplois non qualifiés, si bien que des entreprises ont été ainsi maintenues en activité pour préserver l'emploi à court terme au détriment d'emploi de meilleure qualité à long terme. L'introduction de plus de concurrence sur un certain nombre de marchés ou de professions régulés dans les services permettrait de réduire les coûts supportés par les entreprises industrielles qui les achètent et contribuerait à la reconstitution de leurs marges.

Réformer vraiment le marché du travail

Une fois ce premier jeu de réformes mis en ?uvre, il apparaît nécessaire ensuite de réformer le marché du travail, en introduisant «des souplesses nouvelles qui doivent trouver des contreparties dans la limitation du recours aux contrats les moins protecteurs» évoquée dans le rapport Gallois. Ceci correspond à une dimension importante de la compétitivité. Le discussion entre les partenaires sociaux est en cours mais semble ne pas avancer. Le diagnostic est connu. Le marché du travail français est segmenté, avec d'une part des travailleurs qui alternent chômage et contrats à durée limitée, et d'autre part des salariés en place bénéficiant de contrats très protégés. Les embauches en CDI sont ainsi freinées par les coûts de séparation anticipés et la gestion complexe de la force de travail pèse sur la compétitivité des entreprises françaises en concurrence avec des entreprises qui évoluent sur des marchés du travail différemment organisés. Quelques tentatives de réformes et errements en la matière ont été observés sur la période récente. La dernière tentative sous la mandature de Nicolas Sarkozy, d'introduction d'un contrat unique s'est finalement transformée... en une nouvelle modalité de rupture dite conventionnelle, sujette à d'importants effets d'aubaine.

Un contrat de travail unique

Plutôt que d'en rester à des réformes à la marge du contrat de travail, il nous semble que la création d'un contrat unique constitue la voie, sous réserve de certaines précautions. Ce contrat unique doit non seulement viser à sécuriser juridiquement l'entreprise mais aussi être associé à un degré de protection des emplois suffisamment modéré pour faciliter l'insertion des jeunes. Les évaluations menées par l'EDHEC mettent notamment en évidence des gains supérieurs à 5 points d'emploi pour les moins de 25 ans, catégorie de travailleurs particulièrement pénalisée par notre système dual actuel. Cette plus grande flexibilité sur le marché du travail, source de compétitivité accrue, sans coût pour les finances publiques, devrait s'accompagner d'une réforme profonde de la formation professionnelle sécurisant les trajectoires des travailleurs tout au long de leur carrière.

Il est encore possible de soutenir la compétitivité en France et créer des emplois sans taxer plus !

 

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Commentaires 35
à écrit le 10/11/2012 à 16:18
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pourquoi payer les gens aussi ?? ne peuvent ils pas apprendre a vivre dans la pauvreté ?

à écrit le 10/11/2012 à 14:35
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Une amélioration de la compétitivité passe aussi indirectement par une amélioration de l'environnement de l'entreprise (Impôts, URSSAF, RSI...). Je suis actuellement gérant d'une EURL, je paye des charges sociales auprès de l'URSSAF sur ma rémunéra...

le 10/11/2012 à 16:07
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c'est navrant de constater la création de "doublons"emplois bidons qui coutent cher à l'entreprise et nous fait perdre beaucoup de temps à rectifier leurs erreus

à écrit le 10/11/2012 à 12:33
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augmenter la concurrence ? ok cela fera des baisse de charges materialisées par des suppressions d'emploi ( ex arrivée de free et perte d'emploi chez sfr etc..) contrat de travail unique ? virer les gens + facilement moins d'anciennete etc bref que...

à écrit le 10/11/2012 à 11:13
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Je propose que l'on débute la réforme par un stage de 1 an payé 800? par mois par l'etat pour tous les élèves de toutes les écoles subventionnées par l'état (ENA en tête) dans des PME de moins de 250 salariés. et afin d'interdire le copinage entre ce...

le 10/11/2012 à 11:50
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nous sommes entourés d'uluberlus qui donnent beaucoup de conseils en économie ou pour gérer nos entreprises mais qui se garde bien de créer la leur et mettre "leur science" en pratique-----! chef d'entreprise individuelle depuis 1980:

le 10/11/2012 à 16:41
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Excellent commentaire Mel, Malheureusement, cela ne sera jamais suivit par nos politicards. En effet, vous faites preuve de trop de bon sens!!! Cordialement, de la part d'un chef d'entreprise

à écrit le 10/11/2012 à 11:01
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entre 10 Md? de baisse de dépenses et 10Md? d'augmentation d'impots, il peut sembler que le deuxieme cas a un effet plus fort sur la baisse de consommation... encore que cela reste à prouver. toujours est-il qu'il est certainement plus difficile de b...

le 10/11/2012 à 12:05
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cet article c'est vraiment le bon sens qui manque à nos ("élites"-------!!!!!!!!!!) sans commentaires!

à écrit le 10/11/2012 à 10:41
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Ce qui est consternant c'est que tous nos grands spécialistes,sachants, experts ,consultants ,yaquafautqu'on ont été formé dans le moule de l'administration et qu'à leurs yeux la lourdeur administrative pour ne pas dire la capacité d'obstruction ou l...

le 10/11/2012 à 11:05
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Et le pire est de voir les écoles de commerce souffrir des mêmes affres ! Qui va former les entrepreneurs de demain ?

à écrit le 10/11/2012 à 10:39
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EDHEC et politique économique ? Stupéfiant de voir une école de commerce, censée former les dirigeants de demain, les visionnaires et futurs capitaines de l'industrie ,grande ou petite, tenter d'expliquer le manque de réussite de nos dirigeants uniq...

le 10/11/2012 à 12:25
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si nous laissions les entrepreneurs et créateurs d'entreprises travailler "sereinement" ce serait déjà un réel progrès nous sommes constamment ' EMMERDES" par des organismes genre RSI OU règne une pagaille et l'inconpétence !!!!!!!!!!!!

à écrit le 10/11/2012 à 9:21
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Clivez, clivez c'est toujours le meilleur moyen d'affaiblir une communauté, une nation; Quant on voit l?état de la France, on ne peut avoir de doute, et l'Europe y a amplement participé!

le 11/11/2012 à 9:20
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une nation dont beaucoup d'élus font des dépenses inutiles de prestige sous prétexte qu'elles sont subventionnées réduisons ces dépenses au lieu d'augmenter certain taux de tva pénalisant l'emploi et donc recettes fiscales etsociales

à écrit le 10/11/2012 à 9:09
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Bien entendu qu'on peut deja faire beaucoup sans augmenter les taxes pesant sur les contribuables : en simplifiant nombre de demarches administratives, exemple dans le BTP : la declaration de travaux avant 2007 : 1 page + 3 annexes, celles d'apres 20...

le 10/11/2012 à 12:22
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Sauf qu'avant il y avait plusieurs formulaires, maintenant il n'y en a plus qu'un :)

à écrit le 10/11/2012 à 4:55
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c'est quoi l'edhec ??? pour pondre un papier pareil, il faut être fonctionnaire et n'avoir rien à faire de ses journées !!! il est par contre très regrettable, pour une business school de voir à quel point elle est loin des entreprises !!!! la premi...

à écrit le 10/11/2012 à 2:59
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Dans le système français, il n'y a que les fonçtionnaires qui bénéficient d'un emploi a vie, donc privilégiés par rapport au privé, ce n'est pas par hasard que les socialistes n'y changeront rien sur ces privilèges car ce sont eux qui forment leur b...

le 10/11/2012 à 7:29
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J'ai travaillé des années dans le privé avant de devenir fonctionnaire et connais donc bien les avantages des deux. Arrêtez de croire que les fonctionnaires sont des super privilégiés pendant que les pauvres salariés du privé sont les nouveaux bagnar...

le 10/11/2012 à 8:58
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a vous lire; on pourrait croire qu'il est preferable detre dans le privé que fonctionnaire. On se demande pourquoi vous avez changé dans l'autre sens ! moi aussi j'ai connu les deux, il est vrai qu'il y a des fonctionnaires qui croient à leur metier ...

le 10/11/2012 à 8:58
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faux. les salaires moyens sont plus importants maintenant. Quant à passer le concours, je ne peux pas : je suis courageux et j'aime bosser. Donc forcement.

le 10/11/2012 à 10:06
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Calcul des retraites pour les fonctionnaires sur les 6 derniers mois.....calcul pour le privé sur les 25 meilleures années et comme par hasard un fonctionnaire en fin de carrière change d'échelon dans les 6 derniers mois...bizarre...

le 10/11/2012 à 10:09
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On ne peut pas décréter que les fonctionnaire sont privilégiés par rapport au privé, en se fondant uniquement sur le fait qu'ils ont un emploi à vie! Il y a d'autres critères à prendre en compte, comme le salaire, qui est, à qualification égale beauc...

le 10/11/2012 à 12:31
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Collectif Sauvegarde Retraite au 53 rue vivienne, 75105 Paris Cedex 02. Le budget retraite des fonctionnaires est en pleine explosion : 15 Milliards d'euros supplémentaires entre 2006 et 2012, encore 15 Milliards de plus d'ici 2015... Et pourtant ...

le 10/11/2012 à 12:33
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Pendant ce temps là... 1,3 milliard d'euros pris à la CNAV pour financer les pensions des agents EDF-GDF ! Une fois encore, on pille les retraites du privé au profit des agents publics : De quoi s?agit-il ? En 2005, les pensions des agents EDF ét...

le 10/11/2012 à 12:55
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c'est exact c'est de l'escroquerie aux dépens des retraités du privé

le 10/11/2012 à 16:26
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??? j ai commencer a travailler a 17 ans et j ai bosser dans le privé pendant 11 ans sans chomage , je suis chez erdf depuis 12 ans avec un poste a asteinte ( dehors sur des poteaux quand les fils tombe ) et je ne partirais qu a 57 ans , j aimerais b...

le 10/11/2012 à 18:39
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à régimes spéciaux; plus c'est gos plus ça passe...

à écrit le 09/11/2012 à 22:03
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... et n'oublions pas de mettre fin au privilège des contrat de fonctionnaires qui doivent rentrer dans le système générale : même contrats, même régime de retraite, même droits et même devoirs !!

le 10/11/2012 à 9:11
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oui mais le travail dimanche et samedi aussi et pas de vie de famille ,il y a lontemps que lon pique dans la caisse des retraites de fonctionnaire mais cela va changer car la aussi il a moins d embauches donc moins de sous dans les caisses et enfin j...

le 10/11/2012 à 12:47
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sauf que votre patron "l'état " oublie parfois de cotiser et paie les retraites avec la caisse du régime général sans transfert de cotisations-------!!!!!! voir www.sauvegarde-retraites.org

le 10/11/2012 à 16:33
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comme certain patron du privé qui ne paye pas de charge en ne declarant pas certain employé ou meme TOTAL qui ne payé pas d impots !

le 10/11/2012 à 19:23
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la loi qui interdit de créer son entreprise n'a pas encore été votée profiter donc avant qu'il ne soit trop tard en ne déclarant pas vos salariés donc pas d'impots !

à écrit le 09/11/2012 à 21:03
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Comprendre pourquoi nous en sommes là ! http://www.u-p-r.fr/videos/conferences-en-ligne/pourquoi-leurope-est-elle-comme-elle-est

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