New York est-elle devenue la Valley des Français ?

Pourquoi les startupers Français se ruent à New York. Par Gaëlle Ottan, co-Fondatrice myexperteam.com, co-Fondatrice 1001startups.fr

New York est LA scène Tech Française qui monte à l'étranger.Si San Francisco semblait jusqu'ici être le graal des entrepreneurs du monde entier, il semblerait que la « SilliconAlley », située en plein cœur de Manhattan, n'ait pas dit son dernier mot. Non seulement les start-up françaises semblent particulièrement s'y intéresser mais elles y sont très bien accueillies. Nos compétences et notre savoir-faire sont reconnus et des marchés nous ouvrent leurs portes. Plus de 150 d'entre elles ont sauté le pas et ont décidé de s'y implanter, particulièrement ces dernières années.

Ce qui pousse de plus en plus de start-up Française à s'installer à New York

Avant de décider définitivement de s'installer à New York, il faut d'abord se frotter aux réalités sur place pour évaluer l'opportunité de s'y implanter. L'une des premières étapes est d'étudier la concurrence via des salons comme le célèbre TechCrunchDisrupt, ou la « FrenchTouch Conférence » qui aura lieu à la fin du mois de Juin. Une fois cette étape incontournable réalisée, les motivations ne manquent pas pour tenter « la conquête de l'est ». Il y a tout d'abord des raisons purement pragmatiques.

La "praticité" d'accès est un point important. Pour les start-up qui souhaitent s'implanter en Amérique, New York est un choix judicieux. Seulement sept heures d'avion, six heures de décalage horaire, cela permet de travailler quotidiennement avec la France et de pouvoir s'y rendre souvent. Ce qui est indispensable lorsque l'on a une partie de ses équipes en France.

L'accès au financement

L'accès au financement est aussi une motivation, car les opportunités de lever des fonds sont souvent bien plus conséquentes qu'en France. En effet, c'est près de 4,5 milliard de dollars qui ont été levés à New York en 2014, soit une croissance de +500% par rapport à 2009. Les levées sont donc plus conséquentes (mais pas toujours plus faciles !) et sont rarement en dessous du million.

Mais ces raisons ne suffisent pas à expliquer le succès de New York chez les jeunes entrepreneurs français. En fait, les start-up françaises viennent également chercher à New York ces petits plus qui donnent à la ville sa réelle valeur ajoutée.... Tout d'abord, l'énergie entrepreneuriale dégagée y est très forte. Le jeune start-uper Frédéric Salles, fondateur de Matooma, qui vient d'ouvrir un bureau à New York résume parfaitement ce ressenti : « L'énergie est incroyable, on a l'impression que là bas tout est possible. Ici si tu es ambitieux et si tu claques beaucoup d'argent, on te dit que tu es fou et que tu vas te planter. Là-bas on t'encourage à mettre le paquet pour t'imposer comme le leader ! ».

Solidarité entre Français

La solidarité entre entrepreneurs français est également un gros atout. En effet, c'est un grand classique des communautés d'expatriés : le sentiment national est beaucoup plus affirmé à l'étranger et l'entraide entre concitoyens est beaucoup plus forte. Ça tombe bien car le réseau est un véritable atout à New York. Moins concurrentiel, plus petit et concentré que la SilliconValley, les contacts sont plus faciles à nouer et à entretenir : 80% des start-up sont situées dans un rayon de 1km².

Enfin, les opportunités que l'on peut rencontrer à New York sont énormes, grâce au réseau bien sûr mais aussi via les nombreux évènements et les accélérateurs renommés qui fédèrent l'ensemble des acteurs où petits et grands se croisent « En France grâce à notre accélérateur, on avait les meilleurs mentors Français, mais ici à Techstars on a les meilleurs experts et mentors au monde ! Les plus grands entrepreneurs, les plus gros fonds, les meilleurs experts ! C'est ça le réel accélérateur, c'est le réseau mondial ».

La ville met le paquet

Connaissant les atouts de sa ville, l'ancien maire, Bloomberg a eu de l'instinct. Il a construit le « made in New York » et a quasiment inventé la « Tech Scene ».
Et la ville ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, elle met le paquet pour attirer les entreprises de la Tech, qui représentent aujourd'hui le deuxième secteur d'emplois après la finance. Ainsi, New York intensifie sa mutation start-up et compte près de 6600 start-up, 75 incubateurs, 55 espaces de co-working, et recense près de 800 évènements par an ! La « SiliconAlley », qui a émergé tardivement dans le paysage high tech est en passe de devenir une référence et espère même devancer la SiliconValley.

Éviter les mirages

Mais alors devons nous tous sauter dans l'avion pour autant ? Ne vous fiez pas au mirage, le paradis n'existe pas.... Il y a toujours des contreparties, et le coût de la vie est à prendre en compte obligatoirement ! « Si on est à court de cash,  le retour peut arriver plus vite que prévu et sans avoir concrétisé quoi que ce soit... mais avec les poches bien allégées ».

Par ailleurs, un des sujets les plus sensibles en tant que start-up française est le recrutement. Car malgré les faux semblants de similitude culturelle, la culture américaine est très différente de la culture française. Et cela complique les embauches et le management : « embaucher est très compliqué... les Américains sont excellents pour se vendre, mais après on est souvent déçu par les profils. Alors que les Français se vendent en général assez mal, mais délivrent presque toujours ce qu'ils ont vendu en entretien... ».

Le français, langue officielle?

Ceci expliquant certainement cela, il est vrai qu'à tendre l'oreille, dans les bureaux des start-up françaises à New York, le français semble parfois être la langue officielle....

Alors que #reviensleon lancé par plusieurs startup françaises lance un débat général sur la question de la mobilité internationale des talents, je suis convaincue que le « start-up game » est aujourd'hui mondial. Et si les talents français partent parfois pour vivre des aventures dans de nouvelles cultures et pour vivre de nouveau défis, la culture française et la culture start-up n'en seront qu'enrichies. Les pays émergents regorgent de talents prometteurs, qui parfois ne rêvent que d'une chose, venir travailler en France et à Paris ! Saisissons la chance d'accueillir ces nouveaux talents, la mobilité est une partie intégrante de la nouvelle génération. Alors suivons le mouvement !


Gaëlle OTTAN
Co-Fondatrice myexperteam.com
Co-Fondatrice 1001startups.fr

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Commentaires 2
à écrit le 20/06/2015 à 18:36
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Et surtout plus d arabes !!!

à écrit le 19/06/2015 à 19:38
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Startup française à New York, ou startup newyorkaise montée par un français ?

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