Atos-Bull veut rester dans la course aux supercalculateurs

En dévoilant son Sequana, une machine dotée d’une immense puissance de calcul, le groupe espère faire son nid dans un marché très pointu, mais de plus en plus stratégique.
Pierre Manière
D’une puissance de 1 petaflop, Sequana est capable de réaliser « un million de milliards d’opérations par seconde », précise le groupe dans un communiqué.

Derrière ces grosses armoires se cache un véritable condensé de technologie. Ce mardi, Atos-Bull a dévoilé Saquana, sa dernière génération de supercalculateur. D'une puissance de 1 petaflop, celle-ci est capable de réaliser « un million de milliards d'opérations par seconde », précise le groupe. Peu connus du grand public, ces supercalculateurs n'en demeurent pas moins de plus en plus stratégiques pour bon nombre d'industriels, tous secteurs confondus. L'utilisation exponentielle des données, dans le sillage de l'essor du numérique, rend ces grosses machines particulièrement utiles pour l'élaboration de nouvelles molécules médicales, pour le design aéronautique, ou encore pour la prévision météorologique.

A ce petit jeu, Atos-Bull espère bien faire valoir son savoir-faire dans un marché de plus de 10 milliards de dollars, ultradominé par les industriels du pays de l'Oncle Sam. D'après le classement Top 500, les grands intégrateurs de supercalculateurs sont d'abord américains avec HP (35,6%), IBM (30,4%), Cray Inc. (12,3%) et SGI (4,6%). Suivi du français Bull à 3,6% qui se place devant l'américain Dell (1,8%) et le japonais Fujitsu (1,6%).

Pour Thierry Breton, le PDG d'Atos, avec son nouveau bébé, son groupe n'a pas à rougir face à ses concurrents :

« Atos est l'un des trois ou quatre acteurs mondiaux à savoir concevoir et fabriquer aujourd'hui des supercalculateurs, et le seul européen. [...] À l'horizon 2020, avec Sequana, nous atteindrons l'Exaflop et le milliard de milliards d'opérations par seconde », dit-il dans un communiqué.

Garantir la fiabilité des armes nucléaires

Pour le développer, le groupe a notamment misé sur le retour d'expérience d'un de ses principaux clients : le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Directeur des applications militaires au sein de ce centre, François Geleznikoff n'y va pas par quatre chemins.

« Les supercalculateurs nous permettent de garantir la fiabilité et la sûreté des armes de dissuasion nucléaire, assure-t-il. Avec cette puissance de calcul, on peut par exemple évaluer les effets des armes, mais aussi améliorer leur furtivité, c'est-à-dire le fait qu'elles soient indétectables aux radars. »

Réduire la consommation énergétique

Sur le site du CEA, le centre d'alerte tsunami recourt aussi souvent aux supercalculateurs. « S'il y a un tremblement de terre au Japon, on sait par exemple qu'une vague mettra environ 10 heures à arriver en Polynésie française, explique François Geleznikoff. Si tout se passe bien, on pourra évaluer l'impact de cette vague en 30 minutes ou une heure. Dans ce type de cas, il faut évidemment aller très vite pour prévenir les autorités s'il y a un danger pour les populations. »

Si Atos-Bull affiche sa confiance dans sa technologie, c'est parce qu'il s'estime en avance concernant la consommation d'énergie de ses machines. « À performance équivalente, Sequana est dix fois plus économe en énergie, et dix fois plus dense que la génération actuelle », claironne le groupe. Or il s'agit d'un point clé. Et pour cause : à l'instar de ses concurrents, il espère concevoir une machine exaflopique, c'est-à-dire 1.000 fois plus puissante que le Sequana, à horizon 2020. Mais en parallèle, il ne pourra pas compter sur une augmentation proportionnelle de la consommation électrique. « Si tel était le cas, il faudrait 5 gigawatts, c'est-à-dire trois centrales nucléaires pour alimenter la machine ! », constate François Geleznikoff. Un sacré défi qui, à coup sûr, occupera les ingénieurs d'Atos-Bull ces prochaines années.

Pierre Manière

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Commentaire 1
à écrit le 13/04/2016 à 11:02
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Que voilà une bonne nouvelle. C'est l'hégémonie de demain qui se dessine ,pendant ce temps là nos parlementaires toujours en retard d'une guerre ont bataillé pendant des mois sur la déchéance de nationalité.

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