Au Portugal, bras de fer entre Drahi et NOS pour les droits du foot

Depuis plusieurs semaines, Portugal Telecom, l’opérateur historique du pays et propriété de Patrick Drahi, croise le fer avec le câblo-opérateur NOS pour décrocher les droits TV du foot des principaux clubs du pays. Mardi, le concurrent de Patrick Drahi a frappé un grand coup en décrochant ceux du Sporting Portugal pour 446 millions d’euros sur dix ans, après avoir mis la main sur ceux du Benfica.
Pierre Manière
Cristiano Ronaldo, l'attaquant vedette du Real Madrid, est devenu l'ambassadeur de toutes les marques du groupe Altice.

Le ballon rond est une religion au Portugal, les opérateurs télécoms le savent bien. Résultat, on assiste depuis un mois à un bras de fer entre Portugal Telecom, propriété du groupe Altice de Patrick Drahi depuis l'an dernier, et son grand rival, le câblo-opérateur NOS. L'enjeu ? Les droits TV des principaux clubs de foot du pays. Ceux-ci sont en effet perçus comme de véritables aimants à clients. Sachant que contrairement à ce qui passe en France, en Espagne ou en Grande-Bretagne, les clubs peuvent céder leurs droits directement et de leur propre chef au plus offrant.

En un mois, les trois plus prestigieuses écuries du pays ont ainsi signé des contrats avec Portugal Telecom et NOS. Ce mardi, ce dernier a frappé un grand coup en décrochant les droits TV et les espaces publicitaires du Sporting Portugal pour 446 millions d'euros. Selon l'AFP, qui cite un communiqué du club, l'accord prévoit la cession pendant dix ans, à partir du 1er juillet 2018, « des droits de retransmission télévisée et multimédia des matchs à domicile ainsi que l'exploitation des espaces publicitaires du stade d'Alvade ». De plus, le club lisboète cède aussi à NOS dès 2017 les droits de retransmission de sa chaîne Sporting TV pour douze saisons, et l'espace publicitaire sur ses maillots à compter du 1er janvier 2016 pour douze saison et demie.

Drahi rafle les droits du FC Porto

Cette cession intervient alors que dimanche dernier, Portugal Telecom a raflé les droits télévisuels du FC Porto, pour près de 460 millions d'euros. Là aussi, le contrat comprend l'exploitation des espaces publicitaires du stade, ainsi que ceux des maillots à partir du 1er janvier 2016.

   >> Lire aussi: Droits du foot : Drahi poursuit ses coûteuses emplettes

Début décembre, c'est NOS qui a mis la main sur les droits du Benfica, double champion du Portugal en titre, pour un montant pouvant atteindre 400 millions d'euros sur dix ans. Tandis qu'au mois de novembre, Patrick Drahi, par le biais d'Altice, faisait de Cristiano Ronaldo, l'attaquant vedette du Real Madrid et du Portugal, l'ambassadeur de toutes les marques du groupe.

Au Portugal, 85% de foyers sont abonnés à la télé payante

En misant sur le foot, Portugal Telecom et NOS espèrent sécuriser et élargir leur base d'abonnés en leur offrant des contenus exclusifs et à forte valeur ajoutée. On retrouve ainsi cette stratégie de « convergence » entre les médias et les télécoms, dont Altice a fait le fer de lance de sa stratégie. Celle-ci vise à proposer des contenus supplémentaires en plus d'un accès à l'Internet fixe ou d'un abonnement mobile. Le Portugal constitue à cet égard un marché particulièrement prometteur, puisque 85% des foyers dispose d'un abonnement à la télé payante - contre 16% en France, d'après une enquête récente d'AT Kearney.

Reste que, pour le Sporting, Benfica et Porto, cette manne des « telcos » constitue une véritable aubaine. Elle leur permet d'augmenter sensiblement (de l'ordre de 50% à 85%) leurs recettes provenant des droits TV et des espaces publicitaires. Toutefois, ces nouveaux moyens risquent aussi d'accroître encore le fossé qui les sépare des plus petits clubs du pays, dont les droits ne suscitent logiquement pas le même engouement.

Pierre Manière

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