Pour eux, la coupe est pleine. Les salariés de France Télévisions, notamment les journalistes, avaient répondu en nombre mardi à un appel à la grève intersyndical, perturbant fortement le site et la chaîne Franceinfo, pour protester contre les coupes budgétaires du gouvernement. Les syndicats France Télévisions CGT, CFDT, FO d'un côté et SNJ de l'autre ont appelé "tous les salariés de l'audiovisuel public" à faire grève "pour s'opposer aux nouvelles coupes budgétaires annoncées par le gouvernement, aux suppressions d'emplois sauvages et à la diminution de programmes et d'éditions d'information". Une centaine de manifestants étaient rassemblés vers 14h devant l'Assemblée nationale où commençait mardi l'examen du projet de loi de finances.
Le gouvernement a annoncé, fin septembre une baisse pour 2018 du budget de l'audiovisuel public, en particulier celui de France Télévisions, avec une réduction de 50 millions d'euros par rapport au contrat d'objectifs et de moyens (COM) signé par le groupe avec l'ancien gouvernement. L'introduction la semaine dernière d'un amendement qui prévoit de réduire cette coupe de 20 millions d'euros n'a pas été jugée suffisante pour les organisations syndicales. Le taux de grévistes était de 15,83% pour la matinée de mardi, un chiffre provisoire car certains services n'ont pas encore fait remonter leurs statistiques en raison notamment du décalage horaire, a expliqué la direction. Les JT de 12h30 et 13h sur France 2 et 3 ont privilégié les sujets magazines, sachant qu'une seule équipe de reportage est sortie ce matin contre une dizaine en temps normal, selon un journaliste. Sur 40 JRI qui devaient travailler aujourd'hui dans les deux chaines, 39 étaient en grève, précise ce journaliste.
CDD non renouvelés
Sur France 2, la présentatrice Marie-Sophie Lacarrau a conclu son journal en indiquant qu'il avait été "réalisé dans des conditions un peu particulières en raison d'un mouvement de grève trés suivi par plusieurs catégories de personnel". Depuis le matin, la chaîne d'info France info n'émettait quant à elle plus ses programmes habituels tandis que le site internet Franceinfo.fr n'était plus mis à jour. "La quasi-totalité des journalistes qui alimentent le site du côté de France Télévisions" étaient en grève mardi, selon un texte de cette rédaction publié sur Internet. Ils se mobilisent car "plusieurs postes cruciaux pour notre rédaction sont menacés" alors que "des objectifs ambitieux nous ont été fixés", devenir numéro un des sites d'info. "Sans moyens supplémentaires, cet objectif semble inatteignable", écrit la rédaction du site.
"Pour la première fois, devant la dégradation de la qualité de l'information, nous, reporters des journaux et magazines de France 2, nous sommes mis en grève de façon massive aujourd'hui. Trois quarts des reporters en grève, c'est du jamais vu", indiquent les journalistes dans un communiqué transmis à l'AFP. "Depuis plusieurs mois, nous faisons face au non-renouvellement systématique des CDD des jeunes journalistes qui sont essentiels au sein de notre rédaction", des "suppressions d'effectifs qui menacent quotidiennement la qualité de votre information des journaux télévisés, et les magazines Complément d'Enquête, Envoyé Spécial...", déplorent ces journalistes. Selon eux, "tous les jours des reportages sont annulés et des informations non traitées". La direction a notamment fait savoir qu'une cinquantaine de CDD ne seront notamment pas renouvelés avant la fin de l'année, selon une source interne.
Suppression de postes
France Télévisions, qui employait en 2015 environ 9.750 équivalents temps plein, est engagé dans un plan de suppression de 500 postes d'ici à 2020 par le non remplacement d'un départ en retraite sur deux. Syndicats et journalistes craignent que les réductions budgétaires se traduisent par d'autres suppressions de postes. Outre les 50 millions de réduction pour France Télévisions, sont prévues des coupes de 25 millions pour Radio France, 5 millions pour Arte et pour l'Ina, 1,9 million pour France Medias Monde. Les programmes étaient peu perturbés à Radio France, où la CGT avait appelé à la grève.
(avec AFP)
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