Impression 3D : Sculpteo lève 5 millions d’euros

La startup francilienne d’Eric Carreel boucle un deuxième tour de table auprès de Xange Private Equity (Banque Postale), déjà actionnaire, et du fonds de la famille Mulliez, Creadev. Repositionné sur le marché des entreprises, Sculpteo veut devenir « l’usine en ligne de milliers de clients » et un acteur majeur de l’impression 3D en Europe et aux Etats-Unis.
Delphine Cuny
« L'impression 3D va permettre de revenir en arrière sur l'uniformisation des produits » s'enthousiasme Clément Moreau, le DG de Sculpteo.

L'impression 3D ne sert pas qu'à concevoir des bibelots, figurines et autres gadgets. Elle va devenir « une véritable alternative à la fabrication traditionnelle » selon Sculpteo, la startup pionnière de cette technologie en France. L'entreprise, cofondée en 2009 par Eric Carreel, également à l'origine de Withings (balance, tensiomètre et montres connectés), est convaincue que le marché des entreprises, sur laquelle elle est désormais concentrée, va décoller et elle s'apprête à doubler ses effectifs et son parc de machines dans les dix-huit mois à venir.

A cette fin, la startup francilienne vient de boucler son deuxième tour de table, une augmentation de capital de 5 millions d'euros, auprès de la société d'investissement de la famille Mulliez (Auchan, Décathlon, Boulanger, etc), Creadev, et du fonds Xange Private Equity (Banque postale), qui avait déjà investi 1 million dans l'entreprise fin 2012, aux côtés de business angels. Les trois cofondateurs, Eric Carreel, Clément Moreau et Jacques Lewiner, conservent plus de 50% du capital. Sculpteo, qui emploie 50 personnes à son siège de Villejuif, près de Paris, où elle possède une dizaine de grosses imprimantes, et à San Francisco, où elle va ouvrir une « usine » cet été, va pouvoir ainsi renforcer ses équipes et son outil industriel.

La société a développé toute une série d'outils logiciels facilitant la manipulation des fichiers 3D afin de rendre accessible à tous cette technologie de la fabrication en relief par couches, dont un « moteur d'impression 3D » qui peut être intégré en marque blanche par des sites d'e-commerce. Sculpteo a d'ailleurs noué des partenariats avec de grands distributeurs, Amazon, eBay, Auchan, Intermarché.

« L'usine en ligne » de la startup, la PME et l'e-commerçant

Son ambition est de devenir « l'usine en ligne de milliers de clients, du startupper au studio de design, à la PME et aux grandes enseignes » confie à La Tribune Clément Moreau, le directeur général et cofondateur.

« Nous voulons devenir un acteur majeur de l'impression 3D au niveau européen et au moins nord-américain. C'est maintenant que ça se passe aux Etats-Unis, de gros appels d'offres industriels sont lancés, il y a un grand intérêt de la part des acteurs, pas seulement les PME et les startups comme en France, mais de très gros acteurs comme Amazon et des fabricants d'électroménager par exemple » explique Clément Moreau.

Il fait valoir que cet intérêt des groupes d'électronique vient « casser le mythe de l'obsolescence programmée : ces marques se préoccupent de la satisfaction du client sur la durée et cherchent une solution aux problèmes du service après-vente, des pièces de rechange, auxquels peut répondre l'impression 3D. »

Petites séries, sur-mesure et relocalisation

Aux Etats-Unis, Sculpteo devra affronter la concurrence des mastodontes du secteur, les fabricants américains de machines Stratasys et 3DSystems, et de plus petits acteurs comme Shapeways. La startup française n'ira pas sur les marchés très pointus et haut de gamme tels que l'aérospatial et l'aéronautique, qui ont déjà recours aux technologies de fabrication additive, avec des matériaux comme le titane et des machines coûtant plus de 700.000 euros, mais veut participer à la démocratisation de l'impression 3D, au-delà du prototypage, pour produire à l'unité, en petites séries, voire en grandes séries. « Ce n'est pas un marché de niche » insiste le directeur général, qui ne communique pas son chiffre d'affaires.

« L'impression 3D va permettre de revenir en arrière sur l'uniformisation des produits et de personnaliser, de relocaliser la fabrication au plus près de l'utilisateur. Nous avons ainsi expérimenté la fabrication de bijoux sur mesure avec un logiciel Dassault Systèmes chez Intermarché pour la Saint-Valentin. L'impression 3D donne la possibilité de changer radicalement la façon dont on consomme et dont on produit » s'enthousiasme Clément Moreau.

Ceci dit, « ne nous leurrons pas : tout le monde ne va pas se mettre à fabriquer ses propres objets. Finalement, c'est comme le bricolage, les gens font surtout de la déco mais ne construisent pas leurs propres meubles » temporise le directeur général de Sculpteo.

Delphine Cuny

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