Affaire Bettencourt : Eric Woerth veut un face à face avec la justice

Le ministre du Travail, Eric Woerth a déclaré samedi avoir demandé à être entendu par la justice "le plus rapidement possible" dans le dossier Bettencourt, rapporte le Journal du dimanche. La veille, le journal a révélé la saisine des bulletins de salaires de l'épouse du ministre du Travail.

"Je demande a être entendu par la justice le plus rapidement possible", a déclaré Eric Woerth, le ministre du Travail samedi à Chantilly (Oise); propos rapportés ce jour dans le Journal du Dimanche (JDD). "J'ai besoin de cela. Il faut expliquer, c'est ce que j'essaye de faire depuis trois semaines". "L'enquête est une bonne chose, cela permet de dire la vérité. Plus il y a d'enquêtes, mieux c'est... Tout est transparent", a-t-il encore ajouté. "Je suis à la disposition de la police et de la justice (...). "Les conditions d'embauche de ma femme sont transparentes. Qu'est-ce qu'on me reproche?."

Par ailleurs, le ministre a souligné le soutien dont il bénéficie de la part de Nicolas Sarkozy. "Il me soutient d'une manière incroyable, je n'ai jamais vu un président de la République soutenir autant un de ses ministres, c'est extraordinaire, cela montre aussi une équipe". Le chef de l'Etat a d'ailleurs décidé de s'exprimer lundi soir sur France 2 pour tenter notamment d'apaiser les choses sur cet épineux dossier.

La veille, le JDD avait apporté de nouvelles informations sur la perquisition effectuée vendredi dans les bureaux de Clymène, la société qui gère de la fortune de Liliane Bettencourt ainsi qu'au domicile de Patrice de Maistre, son dirigeant. Selon le journal, la police a saisi à cette occasion le dossier professionnel de Florence Woerth. Outre les bulletins de salaire de l'épouse du ministre du Travail Eric Woerth, les enquêteurs ont récupéré des échanges épistolaires entre la salariée et son patron. Ces lettres portent notamment sur la nomination de Florence Woerth au conseil d'administration d'Hermès, nomination critiquée par Patrice de Maistre 

Florence Woerth qui bénéficiait d'un rémunération de 180.000 euros par an a démissionné fin juin de Clymène. Elle y avait été embauchée fin 2007 à l'époque où Eric Woerth était ministre du Budget. Ce dernier avait remis dans les semaines suivantes la Légion d'honneur à Patrice de Maistre. Alors que Bercy a reçu début 2009 des éléments dévoilant l'évasion fiscale de la milliardaire, aucun contrôle ne semble avoir été décidé.

Sur les enregistrements clandestins réalisés par un employé chez la milliardaire et remis à la justice, Patrice de Maistre dit avoir embauché Florence Woerth à la demande de son mari: "J'avoue que quand je l'ai fait, son mari était ministre. Il m'a demandé de le faire. Je l'ai fait pour lui faire plaisir".

Cette saisie du dossier Florence Woerth intervient alors que le parquet de Nanterre vient d'ouvrir une troisième enquête préliminaire de police pour "blanchiment de fraude fiscale".

L'épouse du ministre du Travail souhaite être auditionnée par la Justice

Florence Woerth a déjà demandé à être auditionnée, une démarche susceptible de s'inscrire dans ce cadre. Elle a contesté dans la presse être allée fréquemment en Suisse s'occuper des avoirs cachés de Liliane Bettencourt, comme l'a dit un banquier suisse anonyme à la presse.

Les perquisitions à la société de Patrice de Maistre, à Neuilly, ont duré toute la journée de vendredi.?La nouvelle enquête visera notamment les pratiques d'évasion fiscale apparaissant sur les enregistrements. Sur ces bandes, Patrice de Maistre parle de transférer les avoirs suisses vers Singapour ou l'Uruguay. Apparaît aussi l'existence de l'île d'Arros aux Seychelles, acquise un temps par Liliane Bettencourt via le Liechtenstein.

Deux autres enquêtes préliminaires sont ouvertes sur l'affaire, dont une vise les supposées remises d'espèces à des hommes politiques par Liliane Bettencourt et son mari André, ancien élu et ministre de droite décédé fin 2007.?Est en cause notamment un versement présumé de 150.000 euros à Eric Woerth, trésorier de la campagne présidentielle Sarkozy en 2007, évoqué jeudi devant la police par Claire Thibout, ex-comptable de la milliardaire.?Cette dernière a dit par ailleurs qu'elle était chargée de retirer de fortes sommes en espèces destinées à des hommes politiques, sans avoir vu directement les remises de fonds, a rapporté le parquet.?Chantal Trovel, ancienne secrétaire particulière d'André Bettencourt, le mari décédé de l'héritière de L'Oréal, a confirmé ce point aux policiers jeudi lors d'un interrogatoire, a expliqué à l'agence Reuters Me Antoine Gillot, qui est aussi son avocat.

Evoquant les "liens d'amitié" entre le procureur de Nanterre Philippe Courroye, qui conduit les enquêtes préliminaires, et le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy, l'ancien Premier Ministre Dominique de Villepin estime qu'"il y a donc une suspicion". Ce dimanche, ce dernier a déclaré dans un entretien au Parisien/ Aujourd'hui en France attendre des "gestes significatifs" pour "aller au bout de la vérité" dans l'affaire Bettencourt/Woerth, comme le dépaysement du dossier, la création d'une commission d'enquête et la saisine d'un juge indépendant.

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