Affaire Bettencourt : Florence Woerth entendue cinq heures par les enquêteurs

La police a entendu l'épouse du ministre du Travail Florence Woerth ce mercredi matin en tant que témoin dans le cadre de l'enquête préliminaire ouverte sur le contenu des enregistrements clandestins de conversations entre Liliane Bettencourt et ses proches. Autorisée ce mercredi par le conseil des ministres, l'audition d'Eric Woerth devrait avoir lieu dans les prochains jours.

Les enquêteurs de la brigade financière ont entendu l'épouse du ministre du Travail, Florence Woerth ce mercredi matin pendant cinq heures en tant que témoin dans le cadre de l'affaire Bettencourt. Cinq heures pendant lesquelles il a notamment été question des enregistrements clandestins de conversations entre Liliane Bettencourt et ses proches réalisés par son ancien majordome entre mai 2009 et mai 2010. En plus d'opérations de fraude fiscale dans la gestion de la fortune de l'héritière de L'Oréal, ces enregistrements suggèrent un possible conflit d'intérêts entre Eric Woerth, alors ministre du Budget et son épouse Florence Woerth recrutée dans la société Clymène, en charge de la fortune de Liliane Bettencourt.

L'avocat de Florence Woerth, Antoine Bauquier, a indiqué que sa cliente nie avoir bénéficié d'un "coup de pouce" de son mari pour être embauchée par Patrice de Maistre. "Ce métier était en parfaite logique avec son passé professionnel. A aucun moment dans ses 25 ans de carrière professionnelle, son mari n'a joué un rôle" plaide-t-il.

L'audition de Florence Woerth précède ainsi celle de son époux, Eric Woerth, qui sera entendu lui aussi par la justice dans les tous prochains jours. Le parquet de Nanterre a en effet annoncé mardi soir avoir officiellement demandé l'autorisation d'interroger comme témoin le ministre du Travail dans le cadre de l'enquête sur la fortune de l'héritière de L'Oréal , Liliane Bettencourt. Et dès ce mercredi, le Conseil des ministres a donné officiellement son feu fert. Le porte-parole du gouvernement Luc Chatel avait déclaré peu avant que le Conseil des ministres autoriserait cette audition "de manière à ce que toute la lumière soit faite".

Cet interrogatoire, souhaité par le ministre du Travail, lui donnera notamment l'occasion de clarifier les conditions d'embauche de son épouse. Tout en répétant mardi matin sur Europe 1 qu'il n'avait aucunement l'intention de démissionner, Eric Woerth a déclaré:"Je n'ai jamais demandé qu'on embauche ma femme. Jamais, jamais, jamais. Je ne l'ai jamais fait depuis 25 ans, elle a sa propre carrière (...) Ce n'est pas du tout ce qui s'est passé. Elle n'a pas besoin de ça", a-t-il dit.

Pourtant, au cours de sa déposition faite lors de sa garde à vue, le gestionnaire de la milliardaire, Patrice de Maistre a admis qu'Eric Woerth était intervenu auprès de lui juste avant l'embauche de sa femme en 2007. Dans le procès-verbal de sa déposition de police dont "Le Monde" a publié ce week-end des extraits, le gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt le reconnaît :  "Je l'ai (M. Woerth, ndr) vu deux ou trois fois début 2007, parce qu'il m'a demandé de recevoir sa femme et ce pour essayer de la conseiller sur sa carrière alors, me disait-il, qu'elle n'était pas entièrement satisfaite".

L'embauche de Florence Woerth fin 2007 dans la société Clymène, est l'un des points-clefs de l'enquête judiciaire. S'il s'avérait que le ministre a fait commerce de son influence, ce serait un délit. Le témoignage contredit par ailleurs Eric Woerth, resté très évasif sur ses relations avec Patrice de Maistre. Il avait assuré avoir dressé une "muraille de Chine" entre sa propre carrière et celle de son épouse. L'avocat d'Eric Woerth, Me Jean-Yves Leborgne ne conteste pas le contenu de la déposition mais estime qu'elle ne montre rien de frauduleux et ne voit pas dans la déposition d'élément à charge. Selon lui, Patrice de Maistre cherchait de toutes façons à embaucher quelqu'un et avait contacté un "chasseur de têtes". "Les premiers contacts de Mme Woerth avec Patrice de Maistre l'ont été dans le cadre de son activité pour le compte de la banque pour laquelle elle travaillait alors", a-t-il ajouté. L'avocat assure que la présence de Florence Woerth dans les sociétés de gestion de la fortune de Mme Bettencourt n'ont entraîné aucune avantage pour ces sociétés.

Tout en restant trésorier de l'UMP, Eric Woerth est devenu en mai 2007 ministre du Budget. Quant à son épouse, elle a été embauchée chez Clymène fin 2007. Selon "Le Monde", la police a saisi chez Patrice de Maistre une note datée du 31 août 2007 avec cette mention "rémunération environ 200 000 euros (?) Je suis obligé d'en parler à LB vu le mari 120 000 euros." Dans sa déposition Patrice de Maistre a expliqué aux policiers qu'il s'agissait d'une note présentée au couple Bettencourt pour évoquer le recrutement de Mme Florence Woerth. "Cette démarche était due au fait que son mari était ministre, et que c'était donc sensible", a-t-il précisé. Dans des enregistrements clandestins réalisés par un employé, Patrice de Maistre évoque avec Liliane Bettencourt l'embauche de Florence Woerth, et dit : "quand je l'ai fait, son mari était ministre. Il m'a demandé de le faire. Je l'ai fait pour lui faire plaisir.".

 

 

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.