Exporter et innover : les martingales entrepreneuriales

A force de le répéter... Selon une étude réalisée par l'ESSEC pour GE capital dévoilée jeudi lors du "Sommet PME-ETI pour la croissance", les entreprises qui souhaitent accélérer leur développement doivent actionner deux leviers : l'international, via l'exportation classique ou l'implantation locale, et l'innovation.
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Etudiants et demandeurs d'emplois, visez les Entreprises de taille moyenne (ETM)! Dévoilée ce jeudi lors de l'événement «PME-ETI, sommet pour la croissance» organisé à Paris, cette étude intitulée «les secrets de ces entreprises de taille moyenne qui font la France» est riche d'enseignements. «Parce que ce sont quasiment les seules à avoir continué à embaucher pendant la tempête de 2008-2009, les ETM européennes, y compris françaises sont les seules à avoir démontré leur capacité de résilience», explique Nicolas Glady, professeur à l'ESSEC, en charge de la partie analytique de cette étude. L'étude montre que les grandes entreprises françaises qui ont survécu ont supprimé 494.000 emplois pendant la crise financière, une tendance courante dans les quatre pays. En revanche, les ETM encore existantes ont créé 58.000 emplois, et les petites entreprises 25.000.

La France compte 36.300 ETM

Petite précision : pour permettre des comparaisons avec les principaux partenaires et concurrents de la France sur les marchés étrangers (Allemagne, Royaume-Uni, Italie), l'étude se concentre sur les entreprises de taille moyenne (ETM) définies ainsi: elles affichent un chiffre d'affaires annuel compris entre 10 millions et 500 millions d'euros.

«Elles ne sont que 36.300 en France, soit environ 1,7% du nombre total d'entreprises. Pourtant, elles réalisent 28% (246 milliards d'euros) du PIB du secteur privé national et emploient 29% (6,5 millions de salariés) de la main-d'oeuvre française. Une ETM française réalise environ 46 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie 180 personnes. Chaque salarié de ces entreprises apporte en moyenne 37.700 euros au PIB national», précise l'étude.

Le modèle parfait : la règle des trois tiers

Comme plusieurs études réalisées ces dernière années, deux éléments explicatifs de cette résilience sont avancés par l'ESSEC et GE Capital : le développement à l'international et l'innovation. «Les résultats sont parlants. Les entreprises les plus dynamiques sont celles qui réalisent un tiers de leur chiffre d'affaire sur leur marché domestique, un tiers sur le marché européen et un tiers de leurs ventes hors du Vieux Continent. Celles dont l'activité se concentre au deux tiers sur le marché domestique affichent des performances bien moindres», observe Nicolas Glady qui énumère les avantages que procure la mise en place d'une stratégie internationale. «L'ouverture d'esprit qu'apporte le multiculturalisme est indéniablement porteuse de croissance. Les échanges de points de vue offrent une flexibilité bien utile lorsqu'une entreprise doit agir et réagir rapidement dans un environnement mouvant. En outre, être présent aux quatre coins du monde permet d'équilibrer l'activité. Les ventes réalisées dans les pays en croissance compensent le déclin de celles observées dans les zones en phase de ralentissement économique», poursuit le professeur.

Un tiers des brevets français

Dans le domaine de l'innovation, les ETM se distinguent également. Avec plus de 217.000 brevets déposés, les ETM tricolores françaises détiennent à peu près un tiers des brevets français. Au sein de ce groupe, la part des brevets détenus par le secteur manufacturier est de 63%. «L'innovation confère aux ETM françaises un avantage concurrentiel absolument essentiel pour affronter la concurrence dans une économie mondiale. Dans un monde où les besoins des consommateurs évoluent sans cesse et où les avancées technologiques sont souvent brutales, l'innovation est un outil nécessaire voire indispensable pour aller de l'avant», explique Nicolas Glady.

Garder le cap

«En actionnant ces deux leviers, les ETM tentent d'assurer leur avenir. Ce point est très important. Les ETM étant en majorité des entreprises familiales, la question de leur bonne transmission est essentielle pour les dirigeants. Il n'est pas question de couper dans les investissements et le développement, même lorsque la conjoncture se dégrade à condition que la structure financière le permette», explique Patrice Coulon, le directeur général délégué de GE Capital. Nicolas Glady évoque certaines entreprises qui peuvent avoir des plans de développement sur plusieurs dizaines d'années! Dans le contexte actuel, cette anecdote est plutôt insolite et rassurante.

Des freins structurels existent

Si elles sont mieux armées que les structures plus légères (TPE, PME) dans un environnement conjoncturel et financier incertain, les ETM ne sont pas pour autant épargnées par certains freins structurels. Si les ETM britanniques sont surtout confrontées à des problèmes dans le domaine des ressources humaines, les italiennes à des difficultés de financement, leurs homologues françaises connaissent ces deux types de problèmes, auxquels s'ajoute la complexité de l'environnement réglementaire et administratif. «Les ETM ne parviennent que trop rarement à attirer les talents. Par ailleurs, elles sont trop insuffisamment représentées au Parlement pour connaître correctement l'évolution possible des textes législatifs et pour les faire évoluer en leur faveur», estime Nicolas Glady.

«Dans ce contexte, l'Etat doit absolument concentrer ses efforts sur le soutien à l'international et à l'innovation. La promesse de François Hollande de ne pas toucher aux dispositifs publics qui facilitent le financement des entreprises est une excellente nouvelle. Il reste maintenant à accélérer dans le domaine de la simplification réglementaire et administrative», suggère Patrice Coulon.

Commentaires 3
à écrit le 15/11/2012 à 23:22
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On connait depuis 10 ans de nombreux diplomés de ces écoles qui n'ont pas emploi. En revanche dans le public, on n'est jamais inquiété. La République du deux poids deux mesure et le roi fénéant, il faut l'abolir! Demain, si la population le veut bien...

à écrit le 15/11/2012 à 19:17
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le slogan du PS , innover et l'internationaliser vous payerez plus d'impots pour la france

à écrit le 15/11/2012 à 16:21
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Le titre le plus approprié serait plutôt Innover pour Produire PLUS de VALEURS AJOUTEES et Exporter PLUS

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