Coup d'envoi de la privatisation d'ADP

Le ministère de l'Economie et des Finances a annoncé le lancement de la privatisation partielle du gestionnaire d'aéroports Aéroports de Paris. L'introduction en Bourse, programmée à la mi-juin, devrait rapporter entre 600 et 800 millions d'euros à l'Etat.

Le coup d'envoi du processus d'entrée en Bourse d'Aéroports de Paris, gestionnaire d'Orly et de Roissy, a été donné hier soir par Thierry Breton, ministre de l'Économie et des Finances. La privatisation partielle se fera via une introduction programmée mi-juin qui devrait rapporter 600 à 800 millions d'euros aux finances publiques. L'entrée en Bourse prendra la forme d'une augmentation de capital et d'une cession d'actions détenues par l'État.

"C'est un grand jour pour nous", a commenté Pierre Graff, président d'ADP, lors d'une présentation aux investisseurs, après le feu vert de l'Etat français à la privatisation partielle d'ADP donné dans la nuit de mardi à mercredi. "Nous avons besoin de cette introduction en Bourse et de cette augmentation de capital pour grandir et investir", a-t-il souligné.

Les titres seront proposés aux particuliers et aux investisseurs institutionnels, ainsi qu'aux salariés et anciens salariés du groupe. La fourchette de prix indicative est de 42 à 48,50 euros, avec une décote de 1 euro pour les particuliers. Les salariés d'ADP pourront souscrire jusqu'à 10% de l'offre à des conditions préférentielles. Le prix fixé par l'État valorise le groupe entre 4,2 et 4,8 milliards d'euros, après augmentation de capital, soit le haut de la fourchette attendue par le marché.

Jusqu'ici propriétaire à 100% d'ADP, l'État conservera in fine 67,4% à 71,6% du groupe, a précisé Bercy hier soir. Et cela même si la loi lui permet de ne détenir que 51%. Cette opération devrait lui permettre d'encaisser 617 à 800 millions d'euros. Si les conditions de marché le permettent, il sera procédé à la cession d'un maximum de 15,4 millions d'actions et à la création de 14,6 millions d'actions nouvelles. Mais l'État se réserve la possibilité de céder 4,5 millions d'actions supplémentaires, ce qui déterminera ses recettes finales et la part exacte du capital qui lui restera.

Le processus d'offre démarre dès aujourd'hui et devrait durer jusqu'au 14 juin. La cotation des actions nouvelles Aéroports de Paris sur le marché Eurolist d'Euronext interviendra le 15 juin et les premiers échanges sur la valeur le lendemain, a précisé le groupe boursier Euronext.

La vente partielle d'ADP poursuit la série de cessions d'actifs publics engagée depuis 2005 par le gouvernement, qui va aussi vendre les 21% de l'État dans Alstom, après avoir cédé en 2005 les trois sociétés publiques d'autoroutes et partiellement privatisé EDF et Gaz de France, mis en Bourse. Selon le ministre des Finances Thierry Breton, ces ventes rapporteront 12 milliards d'euros qui aideront à ramener la dette publique à 64,6% du PIB.

Le gestionnaire aéroportuaire, quant à lui, utilisera sa part d'argent frais pour financer un vaste programme d'investissements de 2,7 milliards d'euros entre 2006 et 2010. La société, qui a accueilli 78,7 millions de passagers en 2005, compte "accroître les capacités d'accueil de 25%" à horizon 2010, a fait valoir son directeur général délégué François Rubichon. Pour améliorer sa rentabilité, ADP veut miser sur les commerces dans les aéroports et l'immobilier, en profitant des centaines d'hectares disponibles sur son domaine foncier. Le groupe compte en outre "augmenter les surfaces commerciales de 30% en moyenne d'ici 2010, et de 44% dans les zones internationales", a-t-il détaillé. Enfin, ADP veut investir dans le secteur de l'immobilier, et "immédiatement développer 59 hectares sur les 360 hectares de réserve foncière disponible", dont 36 hectares sur Roissy-CDG, a-t-il indiqué.

La bonne santé des grandes compagnies aériennes européennes a fait bondir ses résultats l'an dernier et le groupe a été autorisé à augmenter de 5% par an ses redevances aéroportuaires pour les cinq ans à venir. Mais ADP doit encore améliorer sa rentabilité, encore inférieure à celle des principaux aéroports européens. Le groupe a ainsi l'intention d'augmenter son excédent brut d'exploitation "de 45% à 50% d'ici 2010", par rapport aux 592 millions d'euros engrangés en 2005.

"Grâce à l'ouverture de son capital, ADP aura les moyens de se moderniser, de se développer", souligne le ministère, alors que "les autres grands aéroports européens ont tous engagé des programmes de développement importants".

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