Et si l'Adsl n'avait déjà plus d'avenir...

Alors que la France se félicite de son avance dans le haut débit, des cassandres annoncent déjà qu'obsolescence technologique et suicide financier guettent les opérateurs Adsl.

La France, championne européenne du haut débit.. Plus de 10 millions de foyers connectés. Le retard français de l'internet dénoncé au début du second millénaire, comme la nouvelle tare d'un pays qui se complait à fustiger ses archaïsmes, n'est plus que de l'histoire ancienne. L'heure est aujourd'hui à la congratulation...La réduction des derniers replis de la fracture numérique, - les quelque 3 millions de résidents trop distants d'un central téléphonique pour accéder à l'Adsl, la potion magique du vieux réseau téléphonique - n'est plus qu'une question de mois. Adsl 2 +, Wimax vont poursuivre leur déploiement cette année.

Mais déjà dans cette ambiance optimiste, s'élèvent quelques voix discordantes. L'Adsl serait en voie d'obsolescence technologique, affirment certains. Certes, l'augmentation des débits n'a jamais cessé. La compression numérique fait des merveilles. Free a démontré, lors des internationaux de tennis de Roland Garros, qu'on pouvait diffuser une chaîne en haute définition sur Adsl, avec un débit de 5 Mbits/s, deux fois plus faible que la norme considérée comme acceptable jusqu'alors. La qualité n'était pas du goût des puristes, mais elle va s'améliorer. Mais ces progrès permettront-t-ils de suivre la gourmandise exponentielle des contenus proposés : télévision haute définition, vidéo à la demande, ...

Et puis la grande affaire n'est plus seulement de délivrer des contenus à des usagers passifs, mais, de plus en plus, de leur permettre d'échanger des contenus personnels. Le débit montant de chez l'abonné deviendra un enjeu majeur. Avec de jeunes générations qui partagent de plus en plus jeux, vidéos personnelles, musiques, le débit asymétrique de l'Adsl finira par être inadapté. L'avenir appartiendra aux réseaux comme le câble ou la fibre optique.

Si la prédiction est avérée, peu d'opérateurs seront élus. Il n'y aura bientôt qu'un seul câblo-opérateur en France, et France Télécom ou son homologue allemand Deutsche Telekom, ne veulent pas construire un réseau "fibre optique" s'il faut l'ouvrir à des concurrents.

Autre pavé dans la mare des opérateurs Adsl , une étude du cabinet américain Forrester, qui condamne leur avenir économique cette fois. Les offres triple-play, qui combinent accès internet, téléphonie et télévision, pourraient se transformer en "suicide financier" pour les opérateurs télécoms. "D'une part, les consommateurs n'ont pas envie de payer pour des contenus télévisuels et d'autre part, les investissements sont trop élevés pour les opérateurs", selon Lars Godell, analyste "télécoms et réseaux" à Forrester, interrogé par l'AFP.

Ces offres, qui se sont multipliées ces dernières années, sont polarisées autour d'un accès haut-débit à internet (ADSL), réseau sur lequel transitent alors des communications téléphoniques (illimitées vers de nombreuses destinations) et plusieurs dizaines de chaînes de télévision, permettant de baisser fortement les prix par rapport aux offres traditionnelles.

"Les consommateurs aiment ces offres parce qu'elles sont moins chères", résume l'analyste. Mais ils ne sont pas forcément prêts à payer pour les services associés, comme les bouquets de chaînes TV. Or l'investissement pour de telles offres se compte souvent en centaines d'euros par mois pour chaque nouveau client gagné, alors que les packs triple-play sont rarement vendus au-dessus de 50 euros par mois. Ainsi, en Europe de l'Ouest, Forrester estime que sur dix ans, la perte cumulée sera de 3.700 euros en moyenne pour chaque client gagné. Sombres perspectives...

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