Les patrons de Banque Populaire et des Caisses d'Epargne défendent leur rapprochement

Alors que le projet de mariage des groupes Caisses d'Epargne et Banque Populaire, annoncé ce week-end, suscite des réactions diverses, ses initiateurs se sont employés aujourd'hui à défendre l'opération. Les négociations devraient aboutir avant le 1er juin pour donner naissance d'ici fin 2006 à un nouveau géant bancaire, Natixis.

Le rapprochement des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne est sur les rails: dans un communiqué diffusé cet après-midi, la signature "d'une lettre d'ouverture de négociations exclusives, qui devraient prendre fin au plus tard le 1er juin 2006", a été annoncée par les deux groupes. Les négociations porteront sur le rapprochement d'Ixis et du Crédit Foncier d'une part, et de Natexis Banque Populaire d'autre part. "Nous souhaitons ainsi constituer une grande banque d'investissement et de services de 20 milliards d'euros, cotée en Bourse", souligne dans une interview publié aujourd'hui par le journal Le Monde Charles Milhaud, président du directoire de la Caisse nationale des Caisses d'Epargnes (CNCE). Le nouvel ensemble s'appellera Natixis et sera détenu à parité, à hauteur de 34% chacun, par les deux groupes, avec 25% de capital flottant.

"C'est un accord à parité qui montre la confiance que nous nous vouons et notre volonté de garder nos valeurs coopératives", a déclaré au Monde Philippe Dupont, président du Groupe Banque Populaire. Cette parité sera obtenue par l'addition des actifs transférés, l'émission de CCI (certificats coopératifs d'investissement) et le cas échéant des apports en numéraire. La gouvernance de Natixis sera assurée par un conseil de surveillance et un directoire. Charles Milhaud assurera la première présidence du conseil de surveillance, et Philippe Dupont celle du directoire. Le président du directoire sera par la suite nommé par le conseil de surveillance, d'un commun accord entre les deux groupes. Le calendrier prévoit une mise en oeuvre du rapprochement courant décembre 2006, à l'issue de la période de négociation exclusive.

Les différents partenariats stratégiques des groupes, dont CNP Assurance, numéro un de l'assurance-vie en France dont la Caisse des dépôts (CDC) possède 36,7% du capital, seront exclus du périmètre. "Pour répondre aux attentes du marché, Natixis sera intéressé à hauteur de 20% aux résultats de chacun de nos deux réseaux via des certificats coopératifs d'investissement", a précisé Philippe Dupont.

Ce projet de fusion enterre celui de cotation d'ici à fin 2006 des Caisses d'Epargne. Selon Charles Milhaud, "la cotation était un projet visant à faire du développement et c'est aussi le sens des discussions avec Banque Populaire. Notre entrée sur le marché se fera par Natixis. C'est l'opération deux en un: la cotation et la croissance externe avec une taille européenne".

Actionnaire à 35% de la Caisse d'Epargne, la CDC n'a pas été avertie de cette opération. Depuis, elle ne décolère pas et compte bien recourir à son droit de veto, en vertu du pacte d'actionnaire existant entre la CDC et la CNCE. Interrogé à ce sujet, Charles Milhaud a déclaré: "Un droit de veto sur quoi? Sur une décision que nous aurions prise, je comprendrais mais sur les discussions que nos deux groupes ont décidé d'ouvrir? Soyons sérieux!". Et le patron des Caisses d'Epargne ajoute que ce projet est créateur de valeur pour ses actionnaires et que si la CDC décidait de sortir du capital, elle réaliserait d'importantes plus-values. "Au-delà de cet aspect, nous créons un ensemble utile pour notre pays. Je ne vois pas comment un établissement public pourrait être en situation d'opposition sur ce type de projet", a-t-il insisté à l'occasion d'une conférence de presse tenue aujourd'hui. Concernant la méthode, Philippe Dupont explique qu'ils ont été pris de cours par une fuite qui les a amené à précipiter le calendrier.

Concernant le sujet épineux du monopole de la Caisse d'Epargne sur le Livret A, contre lequel un recours a été déposé, notamment par Banque Populaire, Charles Milhaud a fait savoir que c'était un tout autre problème. "Le risque de perte de monopole ne sera pas rendu plus grand par ce rapprochement", a-t-il insisté.

Les réactions ne se sont pas faites attendre. Les fédérations CGT Banque-Assurance et Finances ont affirmé cet après-midi dans un communiqué qu'elles mettront tout en oeuvre avec les salariés concernés pour faire échec à un tel projet. Elles s'opposent "à une opération qui inscrit un peu plus le groupe Caisse d'Epargne dans un avenir de banque universelle, adossé exclusivement au marché financier et à ses critères de rentabilité". Les fédérations redoutent également "des conséquences sociales pour les personnel des trois entreprises concernées mais aussi plus largement pour les salariés des deux groupes".

La CFE-CGC estime, elle, dans un communiqué, que cette fusion "ne correspond pas à un véritable projet industriel et social cohérent, tout au plus à une manoeuvre boursière qui, au passage, serait destructrice pour certaines filiales concernées". Le président du groupe PCF à l'Assemblée nationale, Alain Bocquet, vient d'ailleurs de demander à la majorité UMP de faire échouer cette manoeuvre grâce au droit de veto détenu par la CDC. Il a également annoncé le dépôt, par les députés communistes, d'une proposition de résolution afin de créer une commission d'enquête parlementaire sur le sort des établissements financiers semi-publics.

A la clôture, l'action Natexis enregistre une hausse de 5,43% à 202,10 euros.

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