L'Etat vole au secours des sous-traitants d'Airbus

Le gouvernement français va mettre en place un mécanisme de soutien à la trésorerie des fournisseurs d'Airbus, lourdement touchés par les retards de l'A380. De l'autre côté du Rhin, Berlin confirme étudier la piste d'investisseurs privés pour conserver un pouvoir d'influence dans le capital d'EADS.

Si les mesures du plan de restructaration d'Airbus ne sont pas encore dévoilées, les retards de l'A380 pèsent déjà bel et bien sur les comptes des sous-traitants français du secteur aéronautique. Pour apaiser les angoisses des entreprises dont l'équilibre financier repose sur les commandes de l'avionneur européen, l'Etat entend mettre en place des systèmes de soutien à la trésorerie des sociétés les plus touchées, en partenariat notamment avec la banque des PME Oséo.

A l'issue d'une rencontre tenue ce matin avec une délégation du groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS), et plusieurs patrons du secteur, le ministre des Transports Dominique Perben a notamment évoqué le recours à des mesures concernant les délais de paiement ou des avances remboursables. "On fera preuve de la plus grande réactivité possible sur les difficultés de trésorerie pour passer cette période difficile jusqu'à 2007-2008", a-t-il déclaré devant la presse, sans toutefois chiffrer le montant des aides à mobiliser ou le nombre des entreprises menacées.

Une circulaire interministérielle sera adressée dans les prochains jours aux préfets qui président les Comités départementaux d'examen des problèmes de financement des entreprises (Codefi). Selon Guy Rupied, le délégué général du GIFAS, "il existe en France 4 à 5.000 entreprises fournisseurs de l'industrie aéronautique dont 200 environ réalisent souvent plus de la moitié de leur chiffre d'affaires avec Airbus".

Au même moment, Louis Gallois, le nouveau président du constructeur aéronautique, également co-président exécutif d'EADS, se rendait à Toulouse pour y rencontrer 400 cadres européens du groupe et mener avec eux "une réflexion avancée" sur la réorganisation à venir. Sur ce sujet, les craintes ne faiblissent pas outre-Rhin quant à la menace de futures suppressions d'emplois.

Afin de pouvoir peser sur le dossier et conserver son "influence", Berlin déclare "étudier toutes les options", s'efforçant désormais de trouver des investisseurs privés allemands pour entrer au capital d'EADS. Le ministre de l'Economie Michael Glos a confirmé privilégier cette piste à l'agence Reuters, dans le cas où DaimlerChrysler réduirait encore sa participation. "L'objectif global est de maintenir l'intérêt stratégique de l'Allemagne et la parité avec la France", a-t-il souligné, sans perdre l'espoir de convaincre le groupe Daimler de maintenir sa participation (qui descend déjà de 30% à 22,5%) et de renoncer à revendre 7,5% supplémentaires de ses titres.

Si l'action gagne à la clôture 0,32% à 21,15 euros, c'est après avoir perdu près du tiers de sa valeur depuis juin dernier. Une nouvelle plainte à l'encontre d'EADS va être déposée au Portugal, affirme d'ailleurs le site Internet Challenges.fr. "Probablement d'ici aujourd'hui ou demain", confie une source proche du dossier.

La procédure judiciaire serait intentée par plusieurs actionnaires individuels, qui estiment avoir été lésés par le groupe d'aéronautique et de défense européen. Ils accusent l'entreprise d'avoir divulgué de fausses informations, estimant que la direction savait dès le 25 février que le gros porteur enregistrerait des retards qui impacteraient les résultats du groupe. "Des actionnaires italiens, également à même d'engager une action collective, devraient suivre le mouvement fin octobre", assure le site Internet, "et peut-être même outre-Atlantique".

Une plainte avait déjà été lancée en Allemagne devant le tribunal de grande instance de Francfort (Ouest) par le cabinet d'avocat Rotter, représentant les intérêts de fonds allemands. Peu avant, une autre action en justice a également été intentée aux Pays-Bas.

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