L'incroyable mea culpa de Mervyn King

Le gouvernement de la banque d'Angleterre le reconnaît: lui, et les autres "décideurs politiques" (policymakers) sont coupables de la crise. La question qui suit devrait alors être simple: que fait-il encore en poste?
Mervyn King, gouverneur de la banque d'Angleterre

Lisez-bien cette déclaration de Mervyn King, le gouverneur de la banque d'Angleterre: "avant la crise, une croissance régulière, avec une inflation faible et un fort taux d'emploi, était à portée de main. Nous l'avons laissée filer. Je parle de nous (geste vers lui-même), le monde financier et les décideurs (policymakers)."

Le mea culpa est sans appel. Certes, il a eu lieu à la conférence annuelle des syndicats britanniques (TUC) et Mervyn King n'allait pas leur faire face avec un discours provocateur défendant la haute finance. De même, il ne tire pas de cet aveu les mêmes conséquences que les militants syndicalistes: selon lui, il faut réduire le déficit le plus rapidement possible, comme le veut le gouvernement.

Mais tout de même, la phrase est d'importance. Mervyn King est à la tête de la banque d'Angleterre depuis 2003. Il fait partie des plus coupables de la planète finance à n'avoir rien vu venir. Il s'est tranquillement fait enfumer pour la magie noire des produits structurés, sans en voir les dangers potentiels. Et surtout, il a conservé pendant très longtemps des taux d'intérêt bas, permettant aux Britanniques d'emprunter trop souvent et trop facilement. 

Voilà dix-huit mois, je lui avais demandé lors d'une conférence de presse s'il ne regrettait pas d'avoir conservé les taux si bas. Il avait balayé l'accusation d'un revers de la main, agacé derrière un ton toujours poli, au débit lent et professoral. Il semble désormais avoir changé d'avis.

Son mea culpa pose cependant la logique question suivante: pourquoi est-il encore en poste? En place depuis 2003, il a été reconduit pour cinq ans mi-2008... juste avant l'implosion financière. Mieux (ou pire, suivant le point de vue): la banque d'Angleterre est la grande gagnante de la nouvelle structure de surveillance financière annoncée par les conservateurs juste avant l'été. C'est elle qui récupère le rôle de contrôle "macro-prudentiel", c'est à dire s'assurer de l'équilibre financier.

Quand un chef d'entreprise ou un homme politique fait une faute, il démissionne ou se fait mettre à la porte (pas toujours dans le cas des hommes politiques français!). Cette règle de base ne semble pas s'appliquer à ces gens-là. Mervyn King a encore trois traquilles années devant lui...

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