Retournement total de tendance à Wall Street ce vendredi. Après avoir perdu plus de 1,5% en séance, les places américaines ont terminé en hausse. Les indices new-yorkais avaient tout d'abord ouvert en légère hausse, avant de s'installer dans le rouge. Ils avaient ensuite temporairement réduit leurs pertes avant de rechuter de plus belle dans le sillage du raffermissement du dollar, qui pesait sur les valeurs exportatrices et sur les pétrolières. Mais le repli du billet vert en fin de séance, qui a touché dans la journée son plus haut niveau en huit mois face à l'euro, a renversé la tendance à Wall Street.

A la clôture, le Dow Jones gagne ainsi 0,10% à 10.012 points, le Nasdaq progresse de 0,74% à 2.141 points et le S&P 500 prend 0,29% à 1.066 points. Les investisseurs ont hésité sur la lecture à donner aux chiffres officiels du marché de l'emploi américain. Très attendu, le rapport mensuel du département du Travail n'a pas livré de tendance forte sur l'évolution du chômage dans les prochains mois. Les marchés espéraient être rassurés: ils devront donc encore attendre.

Sur le front des statistiques, l'économie américaine a détruit 20.000 emplois en janvier, là où les économistes espéraient 5.000 créations nettes. Les chiffres ont été plombés par le secteur de la construction, qui a perdu 75.000 postes sur le mois. En revanche, le secteur des services a créé 40.000 postes et le secteur manufacturier affiche son premier solde positif depuis janvier 2007, avec 11.000 postes en plus qu'en décembre.

Le département du Travail a par ailleurs révisé à la hausse les chiffres de décembre, qui se soldent par 150.000 suppressions de postes contre 85.000 annoncées initialement, mais ceux de novembre ont été revus à hausse et montrent 64.000 créations, soit 60.000 de plus qu'annoncé le mois dernier. Au total, la première économie mondiale a détruit 8,4 millions d'emplois depuis le début de la récession en décembre 2007. La précédente estimation faisait seulement état de 7,2 millions d'emplois supprimés sur la période.

Pour autant, le taux de chômage a reculé de manière inattendue, à 9,7% de la population active. C'est son plus bas niveau depuis août 2009. Il s'élevait à 10% en décembre et les économistes redoutaient qu'il progresse encore de 0,1 point le mois dernier. Cette évolution s'explique en partie par une augmentation marquée du nombre d'Américains ayant renoncé à chercher du travail, ainsi que par une baisse du nombre de personnes occupant plusieurs emplois.

Du côté des valeurs, Ford abandonne 1,36% à 10,91 dollars. Le deuxième constructeur automobile américain a indiqué ce vendredi qu'il avait constaté un problème de freins sur certaines voitures hybrides. Il assure cependant que ce problème ne concerne qu'un nombre limité de véhicules. Ford avait jusque là profité des problèmes rencontrés par son concurrent japonais Toyota, qui a rappelé plus de 8 millions de voitures dans le monde, pour renforcer sa position aux Etats-Unis.

Kraft Foods progresse de 0,18% à 28,44 dollars. Le deuxième groupe agro-alimentaire mondial a récolté plus de 75% des actions de Cadbury, seuil nécessaire pour pouvoir retirer le confiseur britannique de la cote. Après avoir longtemps résisté, le confiseur britannique avait finalement cédé le 20 janvier suite à une révision à la hausse de l'offre de rachat de Kraft. Ce dernier déboursera finalement 13 milliards d'euros pour créer le numéro un mondial de la confiserie.

Air Products & Chemicals plonge de 6,85% à 68,64 dollars après l'annonce du lancement d'une OPA hostile de 5,1 milliards de dollars sur son concurrent Airgas. Le producteur de gaz industriels offre ainsi 60 dollars par titre de sa cible, soit une prime de 38% par rapport au cours de jeudi soir. Si la fusion réussit, la nouvelle entité sera le numéro un de la production de gaz industriels en Amérique du Nord. Mais le conseil d'administration d'Airgas a conseillé à ses actionnaires de ne pas prendre de décision pour le moment. Le titre s'envole pourtant ce vendredi en Bourse, bondissant de 40,04% à 60,96 dollars.

Au chapitre des résultats, Aetna a publié un bénéfice net de 166 millions de dollars au titre de son quatrième trimestre. Hors exceptionnels, cela représente 40 cents par titre, soit deux cents de moins que le consensus des marchés. Son chiffre d'affaires a progressé de 13% sur la période, à 8,76 milliards de dollars. Le numéro trois de l'assurance santé aux Etats-Unis a par ailleurs livré des prévisions 2010 décevantes. Il table ainsi sur un repli de son bénéfice par action (BPA) cette année, entre 2,55 à 2,65 dollars, contre 2,75 dollars en 2009 et 2,83 dollars attendus par les analystes. Mais l'action progresse quand même de 1,30% à 29,61 dollars.

Enfin, Beazer Homes s'adjuge 1,22% à 4,16 dollars. Le constructeur résidentiel a dégagé 48 millions de dollars de profits pour le compte du premier trimestre de son exercice décalé. Cependant, sans la prise en compte d'un gain d'imposition, le promoteur affiche un déficit de 1,13 dollar par action, supérieur à la perte de 90 cents attendue par les analystes. Le chiffre d'affaires est resté stable sur la période, à 219 millions de dollars. Les marchés escomptaient une baisse de l'activité, avec des revenus de 200 millions de dollars.