Les valeurs bancaires à la fête après le résultat conciliant de Bâle III

Le secteur bancaire a tiré vers le haut l'ensemble des places financières alors que le verdict du comité de Bâle sur les nouvelles règles prudentielles est jugé clément. Cette décision met fin à la chape de plomb qui pesait sur les cours des banques.

C'était l'arbitrage le plus attendu des banques, notamment en Europe. Et elles ont pu pousser un "ouf" de soulagement car le résultat des discussions du comité de Bâle sur les nouvelles règles prudentielles du secteur est moins sévère que prévu.

Facteur d'incertitudes depuis plusieurs mois, ce verdict clément a de fait été très bien accueilli par les marchés ce lundi, les actions des valeurs bancaires grimpant sur l'ensemble des places financières. A la Bourse de Paris, le secteur a réalisé les plus fortes progressions du CAC 40.

En tête de l'indice parisien, Dexia a pris 6,16% à 3,41 euros, suivi de Crédit Agricole (+5,75% à 11,59 euros) et de Société Générale (+4,3% à 45,80 euros). BNP Paribas a aussi progressé de 2,08% à 55,98 euros.

L'indice DJ Stoxx européen des banques grimpait pour sa part de 1,93%. Parmi les banques européennes, KBC progressait de 4,4%, Commerzbank de 2,4%, Lloyds Banking de 2,6% et RBS de 2,3%. Pour sa part, Deustche Bank, qui a annoncé une importante augmentation de capital de 9,8 milliards d'euros avance de 1,7%. Cette opération sert notamment à consolider la participation de la banque dans Postbank dont le titre a décroché en Bourse de 7,8%.

La tendance est identique à Wall Street avec de nettes progressions à mi-séance pour les banques JP Morgan Chase (+3,5%) et pour Bank of America (+3%).

Un renforcement des fonds propres...

Soucieux d'éviter le renouvellement d'une crise financière internationale, les banquiers centraux et les régulateurs bancaires sont parvenus dimanche a un accord obligeant les banques à plus que tripler le montant de leurs fonds propres de meilleure qualité.

Aux termes de cette réforme, dite de "Bâle III", les banques devront porter le ratio de leurs fonds propres de meilleure qualité, correspondant aux actions ordinaires et aux bénéfices mis en réserve, encore appelé "ratio core tier 1", à 4,5% de leur total de bilan contre 2% actuellement.

Elles devront constituer en sus un "matelas de précaution" sous forme d'actions ordinaires et représentant 2,5% du total de bilan. Le montant minimal des fonds propres de meilleure qualité sera ainsi porté à 7% (contre 10% craints à un moment par les banquiers).
Afin que ces nouvelles règles n'entravent pas la fragile reprise de l'économie mondiale, les banques disposeront de plusieurs années pour s'y conformer. Les nouvelles exigences sur le ratio Tier 1 prendront effet à partir de janvier 2015 et la constitution du "matelas de précaution" interviendra progressivement de janvier 2016 à janvier 2019.

... moins sévère que prévu

Dans une note, Citi estime ainsi que ce nouveau ratio de 7% de fonds propres durs (Tier 1) à atteindre d'ici à 2019 devrait être "gérable pour la plupart des banques et se situe dans le bas de la fourchette (7-8%) attendue". "Et des banques comme Société générale et Crédit agricole devraient avoir plus de temps pour augmenter leur capital", ajoute le broker.

"En raison des inquiétudes sur la faiblesse de l'environnement économique, (le Comité de) Bâle a clairement cherché à trouver un équilibre entre le besoin d'un durcissement de la réglementation et le soutien au rôle nécessaire des banques dans la reprise. C'est ce qui explique les longs délais de mise en oeuvre", a relevé Chris Wheeler, analyste à la banque d'investissement Mediobanca.

Les règles de Bâle III n'en constituent pas moins le plus important changement du cadre réglementaire des activités bancaires depuis de nombreuses années. Les régulateurs en attendent des stratégies moins risquées de la part des banques et une capacité accrue à faire face à des chocs financiers éventuels sans que les contribuables soient mis à contribution comme cela s'est avéré nécessaire au cours de la récente crise financière.

Sommet du G20 de novembre

L'accord a été conclu à l'issue d'une réunion du comité de Bâle qui réunit les banquiers centraux et les régulateurs bancaires de vingt-sept pays sous la houlette du président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet. "Les accords conclus aujourd'hui constituent un renforcement fondamental des normes internationales de capital", a déclaré Jean-Claude Trichet dans un communiqué. "Leur contribution à la stabilité financière et à la croissance à long terme sera substantielle", a-t-il ajouté.

Tirant les leçons de la débâcle financière provoquée en partie par les risques excessifs pris par le système bancaire, les dirigeants de pays du Groupe des Vingt (G20) avaient demandé en 2009 aux banquiers centraux et aux régulateurs bancaires de préparer un durcissement des règles de capitalisation minimale des banques.

Les nouvelles règles prudentielles de Bâle III devraient être avalisées par les dirigeants du G20 lors du sommet de novembre à Séoul. Les principales banques mondiales, qui ont en grande partie surmontées les conséquences de la crise financière, ne devraient pas se précipiter pour augmenter leurs fonds propres en réponse à ces nouvelles règles prudentielles.

Quel impact sur l'économie ?

Malgré un résultat de Bâle III perçu par tous comme étant une bonne nouvelle pour le secteur, la fédération des banques européennes (FBE) s'est montrée prudente. "Les banques européennes respecteront les nouvelles obligations, mais cela aura des conséquences sur le volume et le coût du crédit, et donc un coût aussi pour notre économie", a prévenu Guido Ravoet, secrétaire général de la FBE dans un communiqué diffusé ce lundi.

La FBE souligne que le relèvement des seuils s'accompagne d'une définition plus restrictive des actifs assimilés à des fonds propres durs, et estime qu'au total "les banques européennes vont avoir besoin de plusieurs centaines de milliards d'euros pour pouvoir respecter les nouvelles règles".

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