Il faut mettre plus d'argent dans la rénovation énergétique des logements. C'est la conclusion, sans appel, des sénateurs Guillaume Gontard (EELV) et Dominique Estrosi-Sassone (LR), à la tête d'une commission d'enquête sur ce sujet. Plutôt que 2,5 milliards d'euros, ils demandent de porter à 4,6 milliards le total des aides de l'Etat fléchées vers le dispositif Ma Prime Rénov, et notamment de développer les prêts à taux zéro (PTZ), vers les ménages les plus modestes.
« J'appelle le gouvernement à cibler une transition juste, en rénovant en premier les bâtiments F et G, car ce sont les plus émetteurs de gaz à effet de serre et les prochains à sortir de la location en 2025 et 2028 », a asséné Benoit Bazin, directeur général de Saint-Gobain, invité ce samedi de La Tribune aux Rencontres économiques d'Aix-en-Provence.
« Je suis contre l'idée que l'on force les ménages »
D'autant qu'en parallèle, le gouvernement mène une consultation, d'ici au 28 juillet, sur une possible interdiction des chaudières à gaz en 2026. « Je suis contre l'idée que l'on force les ménages à passer du gaz à l'électricité, avec des pompes à chaleur. Il faut d'abord pister les pertes énergétiques et isoler le bâtiment pour baisser la consommation d'énergie », a souligné le fabricant et distributeur français de matériaux de construction.
« Interdire des chaudières à gaz n'a aucun sens. Il faut d'abord baisser la facture énergétique pour soit moins consommer de gaz, soit changer » a insisté Benoit Bazin.
Un défenseur de la rénovation globale
Plutôt que de la réhabilitation par geste, le patron de Saint-Gobain a en effet l'habitude de défendre la rénovation énergétique globale, « dont les résultats sont rapides, tangibles et pérennes ». « Aujourd'hui, la grande majorité des aides de MaPrimeRénov' est destinée à financer le changement d'un système de chauffage, au lieu d'être consacrée d'abord à des travaux d'isolation. Or, il importe qu'un logement soit bien isolé pour qu'une pompe à chaleur puisse être efficace », a-t-il insisté.
Benoit Bazin recommande six gestes successifs à réaliser dans cet ordre : les ouvrants, l'isolation, les combles, la façade, le chauffage, et enfin, la ventilation, si nécessaire. Pour y parvenir, il pousse à la création d'un « passeport rénovation ». Celui-ci permettrait d'obtenir des subventions croissantes, en fonction du calendrier de réalisation des travaux. « Il faut encourager chacun à réaliser ces efforts globaux dont les bénéfices sont perceptibles à court terme avec de vraies économies à la clef », conclut le DG de l'entreprise cotée.
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