RTE va construire une nouvelle autoroute électrique pour décarboner la région PACA

Le gestionnaire du réseau de transport d'électricité va construire une nouvelle ligne électrique aérienne de 400.000 volts, reliant la commune de Jonquières-Saint-Vincent dans le Gard à la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. Soit un tracé de 65 kilomètres. Une première étude vient d'être remise au préfet de la région PACA ouvrant la voie au lancement de la concertation publique. Entre zones naturelles et vastes exploitations agricoles, les enjeux d'acceptabilité s'annoncent immenses. Pourtant, cette nouvelle ossature électrique est indispensable pour la décarbonation de la région, affirme RTE.
Juliette Raynal
Vue de de la zone industrielle de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Crédit photo : Stéphane Remael.
Vue de de la zone industrielle de Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Crédit photo : Stéphane Remael. (Crédits : Stéphane Remael)

Alors que le réseau électrique à haute tension de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA) date des années 70, une nouvelle autoroute électrique devrait voir le jour d'ici à cinq ans. Cet immense chantier, clé pour l'atteinte des objectifs climatiques de la France, vient de franchir une étape importante. Selon nos informations, RTE a remis jeudi au préfet de la région PACA une étude préliminaire pour la construction d'une nouvelle ligne électrique aérienne de 400.000 volts, reliant la commune de Jonquières-Saint-Vincent dans le Gard, au poste électrique de la Feuillade, situé dans la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône.

Lire aussiÉlectricité : RTE prépare les esprits à la construction de nouvelles lignes à très haute tension en France

Définir le meilleur couloir entre réserves naturelles et grandes cultures

Une fois validée par le préfet, cette « aire d'étude »,  qui retient un bandeau de 40 kilomètres de large sur un tracé de 65 kilomètres de long, donnera lieu au lancement officiel d'une concertation publique. Objectif : définir le faisceau de moindre impact d'ici mi-2024. « L'idée est de parvenir à une bande rétrécie de quelques centaines de mètres de large », précise Gilles Odone, délégué territorial Méditerranée chez RTE

Alors que la région accueille de nombreuses réserves naturelles et de vastes exploitations agricoles, les enjeux d'acceptabilité s'annoncent immenses.

« La région est très bien préservée en termes de biodiversité et est très attachée à ses paysages et ses cultures. Tout le sujet de la concertation publique est de trouver le meilleur couloir de passage pour avoir l'impact le plus restreint possible sur les paysages et la nature », expose-t-il.

Une nouvelle « colonne vertébrale » cruciale pour la décarbonation

Cette future autoroute électrique, dont la mise en service est prévue en 2028, doit permettre de répondre au boom de la demande électrique attendue dans la région PACA, passant de 6 gigawatts (GW) actuellement à 12 GW dans quelques années. Un doublement donc, qui correspond à une hausse équivalente, peu ou prou, à la puissance de cinq centrales nucléaires.

« L'ossature électrique de la région date des années 70. La région n'arrivera pas à faire sa décarbonation sans créer un nouveau réseau. L'objectif consiste donc à créer une nouvelle colonne vertébrale d'alimentation électrique, reliant la vallée du Rhône, où se situent plusieurs centrales nucléaires, à Fos-sur-Mer, pour permettre la décarbonation de toute la région PACA », explique Gilles Odone.

Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, les usages doivent, en effet, s'électrifier à vitesse grand V, de la mobilité terrestre au chauffage, en passant par l'électrification des ports, mais aussi par la décarbonation des industriels. Or, la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer fait partie des quatre zones en tension identifiées par RTE. Les demandes de raccordement électriques y dépassent déjà les 5 GW.

Aux industriels déjà présents devant opérer leur transition, comme Arcelor Mittal, s'ajoutent de nouveaux entrants. C'est le cas de la start-up Carbon, qui prévoit de mettre en service une méga-usine de panneaux photovoltaïques dès 2025. La zone s'apprête également à accueillir de nombreux projets majeurs de production d'hydrogène comme GravitHY, H2V ou encore Hyvence.

D'immenses enjeux d'acceptabilité sur tout le territoire

Pour être à l'heure, RTE prévoit de démarrer le chantier en 2026 et estime le coût d'investissements à environ 300 millions d'euros. Ce projet de nouvelle ligne électrique de 400.000 volts n'est pas isolé. Le gestionnaire a engagé un calendrier similaire dans la zone industrialo-portuaire du Havre, qui s'apprête à accueillir de vastes installations dédiées à la production de carburants à partir d'hydrogène décarboné. Un projet, plus avancé, est en cours pour alimenter en électricité la zone de Dunkerque, où plusieurs méga-usines de batteries sont attendues.

Lire aussiRTE va construire une nouvelle autoroute électrique de 400.000 volts pour faire tourner les méga-usines du Nord

Fin octobre, Xavier Piechaczyk, le président de RTE, avait alerté les sénateurs sur les enjeux d'acceptabilité autour de ces vastes chantiers. « Cela fait de nombreuses décennies que la France n'avait pas développé de nouvelles lignes électriques à très haute tension sur son territoire national », avait-il rappelé lors de son audition. « Je veux que vous entendiez que cette électrification passera par la construction de nouvelles lignes électriques sur le territoire national, y compris des grandes lignes 400.000 volts nouvelles », avait-il encore appuyé.

Cette insistance est loin d'être anodine car ces immenses ouvrages  transformeront forcément les paysages des différents territoires concernés. En effet, même si RTE s'attache à enfouir de plus en plus de lignes électriques (comme le montre son bilan électrique 2022), la technologie souterraine reste exceptionnelle pour les lignes à 400.000 volts, dites de très haute tension.

« Une double urgence »

« Nous avons besoin de visibilité et de planification », avait aussi martelé le président de RTE, alors que plusieurs milliards d'euros d'investissement sont en jeu, tout en évoquant « une course contre la montre ».

« Il y a une double urgence. Une urgence climatique d'abord. Les zones de Dunkerque, du Havre et de Fos-sur-Mer représentent 30 millions de tonnes d'émissions de CO2 par an, soit 8% des émissions françaises. Mais aussi une urgence économique. Nous devons répondre aux besoins des projets industriels. Si le réseau n'est pas au rendez-vous, nous pouvons craindre que ces investissements partent ailleurs. », prévient, pour sa part, Jean-Philippe Bonnet, directeur adjoint su pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE.

Juliette Raynal

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 4
à écrit le 18/11/2023 à 12:19
Signaler
Une usine à gaz donc, banal.

le 18/11/2023 à 15:03
Signaler
Hors sujet : Il est question d'électricité et vous vous parlez d'usine à gaz !!!

le 18/11/2023 à 18:46
Signaler
On reste dans le domaine de l'énergie ! Pars ailleurs toujours le même dogme centraliste, on pourrait par exemple depuis longtemps alimenter nos villes et villages avec de l'hydrogène, en local, mais rien que le local ça ne leur plait pas, faut plein...

à écrit le 18/11/2023 à 12:16
Signaler
"la technologie souterraine reste exceptionnelle pour les lignes à 400.000 volts, dites de très haute tension" disons que l'on n'enterre pas des lignes en triphasé mais passe en continu (avec 2 fils + - de grosse section) et à l'autre bout ondule pou...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.