Les agences de notation accentuent leur pression sur la zone euro

Fitch a placé la dette grecque en territoire « hautement spéculatif » et S&P a abaissé la perspective de sa note de crédit de l'Italie.
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La situation se tend pour les « maillons faibles » de la zone euro. Vendredi, Fitch Ratings a abaissé de trois crans sa note sur la dette souveraine grecque, à « B+ », en territoire « hautement spéculatif ». Dans la foulée, l'euro a faibli et les taux grecs à dix ans ont bondi au record de 16,58 %. De son côté, samedi matin, Standard & Poor's (S&P) a abaissé de « stable » à « négative » sa perspective sur la note de crédit de l'Italie : une chance sur trois existe donc pour que la note du pays soit déclassée d'ici à 24 mois. Dans les deux cas, les agences ont dénoncé l'incapacité des gouvernements à réformer et stimuler la croissance.

S&P craint la fragilité de la coalition de centre-droit de Silvio Berlusconi. « Un blocage politique éventuel pourrait contribuer à un dérapage fiscal. Par conséquent, nous pensons que les perspectives de réduction de la dette publique de l'Italie ont reculé », a précisé l'agence qui a confirmé les notes souveraines « A+ » (long terme) et « A-1+ » (court terme) du pays.

Au premier trimestre, la croissance italienne est ressortie à à 0,1 % contre 0,8 % pour la Grèce, 1 % pour la France et 1,5 % pour l'Allemagne. « Si la faible croissance (italienne) persiste, le budget devrait, selon nous, ne pas atteindre, et de loin, les objectifs du gouvernement et par conséquent, mettrait en péril le plan de réduction de la dette », redoute S&P. Une dette qui équivaut à environ 120 % du produit intérieur brut (PIB) italien. Cette analyse a été très critiquée par Rome. Les explications de S&P « ne contiennent pas le moindre exemple de déclin de l'économie ou des finances publiques qui justifierait l'abaissement de la perspective », s'sont indigné le ministre de l'Économie, Giulio Tremonti, assurant que « l'Italie respectera ses engagements » à l'égard de ses créanciers.

Athènes a pour sa part jugé que la décision de Fitch Ratings « ignore les décisions déjà prises par le gouvernement grec pour atteindre ses objectifs budgétaires de 2011 et accélérer son programme de privatisation ». Fitch estime qu'il sera difficile pour le pays de ramener le déficit budgétaire à 7,5 % du PIB en 2011. Ce lundi, les opérateurs de marché seront attentifs à la présentation par le Premier ministre grec, Georges Papandreou, d'un nouveau plan destiné à éviter une restructuration de la dette du pays.

« Restructuration douce »

Dimanche, deux hauts responsables de la Banque centrale européenne, dont son économiste en chef Jurgen Stark, ont réitéré leur opposition à une restructuration. Membre du conseil des gouverneurs de la BCE, Ewald Novotny a estimé qu'une restructuration provoquerait une « catastrophe» pour l'économie et les banques grecques. Partisan d'une « restructuration douce » sous la forme d'un rééchelonnement de la dette grecque, le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker, doute manifestement de la capacité d'Athènes à réaliser son programme de privatisation de 50 milliards d'euros d'ici à 2015. Ce week-end, il a suggéré la création d'une agence indépendante du gouvernement « dans laquelle siègeraient des experts étrangers » pour chapeauter les privatisations du pays.

Dans ce contexte difficile, le Portugal a eu la satisfaction de recevoir un prêt de 26 milliards d'euros du FMI qui a jugé son programme économique propre à relancer la croissance.

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