En rapatriant son or, le Venezuela se défie des banques

Le retrait de 211 tonnes d'or vénézuelien des pays occidentaux s'inscrit dans une tendance de fond.
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Onze milliards de dollars, sous forme de lingots : voilà ce que le président du Venezuela, Hugo Chavez, souhaite rapatrier dans la banque centrale de son pays. Immédiatement analysée comme « un manque d'assurance dans le fait de détenir de l'or à l'étranger », comme l'indique Edel Tully chez UBS, cette décision a fait repartir les cours du métal à la hausse. Le transfert concerne 211 des 365 tonnes d'or détenues par le pays, ce qui le classe au dix-neuvième rang des pays détenteurs d'or. 99 tonnes d'or devraient être retirées de la Bank of England ; le solde se partage entre la Banque des règlements internationaux, mais aussi un certain nombre de banques privées dont JP Morgan, qui en détient au moins 10 tonnes.

Au-delà de l'anticonformisme dont le président venezuelien est coutumier, ce rapatriement pourrait s'expliquer par un risque financier. Le pays, qui a nationalisé manu militari de nombreux actifs pétroliers et aurifères ces dernières années, serait exposé à la saisie de ses biens s'il perdait un des dix-sept arbitrages judiciaires internationaux en cours.

La défiance à l'égard des institutions bancaires sous-entendue par le rapatriement des barres de métal jaune est néanmoins bien réelle. Et le pays est loin d'être le seul à la manifester. À l'instar de certains particuliers, qui transforment leur assurance-vie en or, certaines banques centrales, notamment des pays émergents, rapatrient leurs réserves de métaux précieux. « Après la saisie des avoirs de Moubarak et Kadhafi, certains dictateurs ont à la fois changé leurs dollars en or et rapatrié leurs actifs », assure un spécialiste du marché de l'or. Un fait que semble confirmer le dernier bilan de la Banque des règlements internationaux, la « banque des banques centrales ». Fondée en 1930, la plus ancienne des institutions financières internationales n'est plus le sanctuaire auquel les États n'hésitaient pas à confier leurs lingots. Ses réserves d'or ont effet fondu de 27 % à la fin mars 2011, passant de 297 à 212 tonnes en un an alors que les banques centrales des pays émergents retiraient progressivement leur trésor des sous-sols suisses.

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