8 % de la fortune des particuliers dans des paradis fiscaux

La prise en compte de cette richesse changerait substantiellement l'évaluation de la richesse globale de l'Europe.
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Comment expliquer que le monde entier, considéré globalement, soit débiteur, la somme des passifs dépassant largement celle des actifs ? Cette énigme, nombre d'économistes, notamment du Fonds monétaire international (FMI), ont tenté de la résoudre. Gabriel Zucman avance une explication : ce « trou » statistique tient à l'existence des paradis fiscaux. « Lorsqu'un Français possède des actions américaines via son compte en Suisse, à Singapour ou au Luxembourg, personne n'enregistre d'actif sur les États-Unis alors que ceux-ci enregistrent un passif », explique-t-il.

L' anomalie dans les statistiques internationales s'explique alors aisément. Le chercheur a utilisé l'ensemble des données pour évaluer la fortune des particuliers détenue « offshore », dans les paradis fiscaux. Il estime à 4.500 milliards de dollars pour 2008 le total des fortunes d'origine inconnue, sans propriétaire identifiable.

Davantage de transparence

Quelque 20 % des actions détenues dans le monde par des étrangers le seraient par des propriétaires d'origine non identifiable par les statisticiens internationaux. Cela s'explique par le poids très important des fonds d'investissement localisés au Luxembourg, en Irlande, et aux îles Caïman, souligne l'économiste : s'agissant de la moitié des fortunes gérées par des fonds d'investissement localisés au Luxembourg ou aux îles Caïman, il est impossible de remonter jusqu'à leurs propriétaires.

Au total, 8 % de la fortune des particuliers seraient localisés dans les paradis fiscaux, estime Gabriel Zucman. Et 6 % ne sont enregistrés nulle part comme actif.

Ce constat n'est pas sans conséquence politique : compte tenu de ces avoirs non enregistrés, l'Europe apparaît beaucoup plus riche qu'elle ne l'est officiellement : sa « position nette », par rapport au reste du monde n'est pas négative, comme le laissent croire les statistiques officielles, mais en fait positive. Pour appréhender cette réalité, il faudrait imposer une plus grande transparence : que les banques suisses, par exemple, n'assimilent plus à un panaméen un Français ayant créé une société écran au Panama.

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