De plus en plus de fonctionnaires français cumulent emploi public et revenus privés

La réforme de l'Etat, jointe au succès du statut d'auto-entrepreneur, poussent de plus en plus de fonctionnaires à chercher à compléter leurs revenus dans le secteur privé, selon la Commission de déontologie.
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Les fonctionnaires tout entier consacrés au service du public ? Voilà une conception qui devra être rapidement révisée, si l'on en croit le dernier rapport de la Commission de déontologie de la fonction publique, dont le site Acteurs publics fait mention dans sa dernière livraison. Le nombre de fonctionnaires ayant saisi cette Commission, comme l'y oblige la loi depuis 2007, pour cumuler emploi public et emploi privé, est en effet en passe d'exploser. En particulier dans la fonction publique territoriale, où le nombre de demandes a progressé de 55% en 2010, tandis que la progression se montre moins forte dans la fonction publique d'Etat (+15%), comme dans la fonction publique hospitalière (+17%).

Certes, les 3.386 dossiers dont a été saisie la Commission en 2010 ne sont qu'une goutte d'eau dans les 5,2 millions de fonctionnaires que compte la France, selon le pointage de la Cour des comptes. Mais la hausse très rapide des demandes est révélatrice d'une transformation insidieuse de l'engagement du fonctionnaire vis-à-vis de la fonction publique, signe que la réforme de l'Etat commence à générer un vent d'émancipation chez ses serviteurs.

Il est vrai que la possibilité d'obtenir un temps partiel dans la fonction publique, comme la création du statut d'auto-entrepreneur, ont donné quelques idées aux fonctionnaires en quête de revenus complémentaires. Les agents de l'Etat en profitent pour faire du commerce à leurs heures, entrer dans la restauration, et prodiguer des soins à la personne, tels que soins corporels et soins de bien-être. Mais ce n'est pas tout : car dans la fonction territoriale, c'est vers le bâtiment et les travaux publics qu'ils se montrent de plus en plus attirés. En clair en priorité vers les services aux particuliers qui fonctionnent à des heures étendues, qui consomment beaucoup de temps partiels, et qui exigent peu de capital de départ. Reste à savoir si ce faisant, ils ne constituent pas pour les salariés du privé une concurrence déloyale, sachant que bénéficiant par ailleurs de revenus sûrs et récurrents, ils peuvent s'offrir sur le marché à bas prix. 

S'il est un peu tôt pour juger si cette émancipation ne va pas finir par émousser chez ses serviteurs le sens de l'Etat et de l'intérêt général, il est clair qu'elle est un moyen indolore de réduire les dépenses de l'Etat, en "poussant doucement" les fonctionnaires vers le privé. Un effet de la RGPP dont on cherchait les effets ?

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