A Toulon, Macron confirme la priorité accordée à la défense

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(Crédits : Pool)

TOULON, Var (Reuters) - Service national, renouvellement de la force de dissuasion nucléaire, renforcement du renseignement militaire et effort budgétaire "inédit" : Emmanuel Macron a confirmé vendredi la priorité qui sera accordée à la défense au cours de son quinquennat dans un contexte de "menaces accrues".

Le discours du chef de l'Etat lors de ses voeux aux armées à Toulon (Var), à bord du bâtiment de projection et de commandement Dixmude, était attendu par les militaires, six mois jour pour jour après la démission du chef d'état-major, le général de Pierre de Villiers, sur fond de désaccord budgétaire.

Cette démission, une première sous la Ve République, et les critiques formulées par Emmanuel Macron contre des "armées autopilotées" avaient jeté un froid entre l'exécutif et des militaires très sollicités sur les théâtres intérieur (Sentinelle) et extérieurs (Chammal, Barkhane...).

Le chef de l'Etat a depuis multiplié les déplacements auprès des forces sur le terrain, du Mali au Niger en passant par les Emirats arabes unis ou encore sur l'île Longue qui abrite les quatre sous-marin nucléaires lanceurs d'engins (SNLE).

Conformément à ses engagements de campagne, le budget des armées a été porté en 2018 à 34,2 milliards d'euros de crédits, une hausse de 1,8 milliard par rapport à la loi de finances 2017, avec l'objectif d'un budget de 2% du PIB français en 2025.

Le montant de la provision pour les opérations extérieures (Opex) a été porté à 650 millions d'euros contre 450 millions d'euros l'an dernier et atteindra 1,1 milliard d'euros en 2020.

EFFORT "INÉDIT ET INCOMPARABLE"

L'effort budgétaire "est inédit" et "implique donc la plus grande exigence collective", a déclaré Emmanuel Macron face à 1.500 militaires réunis à bord du Dixmude. "Sur l'utilisation des budgets (...), je serai d'une exigence absolue".

"J'ai la conviction que notre défense est absolument prioritaire et j'assume devant la Nation les choix de vous donner ces budgets mais vous ne devez pas ignorer qu'ils traduiront par ailleurs une réduction des ressources accordées à d'autres politiques publiques", a-t-il souligné. "Chaque dépense sera évaluée à l'aune de son utilité opérationnelle".

Pas question donc pour la France, durement touchée sur son sol depuis trois ans et engagée sur plusieurs fronts à l'international, de baisser la garde dans un contexte de "grandes turbulences" et de "menaces nouvelles et accrues".

En huit mois, "nous avons franchi beaucoup d'étapes capitales pour nos armées et notre pays", a souligné le chef de l'Etat, citant entre autres la rédaction de la revue stratégique, la relance de l'Europe de la défense et la coordination des services de renseignement.

Sur le terrain, l'opération Sentinelle a été "rénovée", la force régionale du G5 Sahel a mené ses premières opérations et la victoire militaire est "presque totale" au Levant face à l'Etat islamique, a-t-il souligné. "Nous allons continuer au même rythme, avec la même intensité" et la capacité d'intervention militaire sera maintenue à son "meilleur niveau".

La nouvelle loi de programmation militaire (LPM) 2019-2025 - sur laquelle les derniers arbitrages ont été rendus mercredi - devrait être présentée en conseil des ministres début février avant d'être votée avant l'été.

FINANCEMENT AD HOC DU SERVICE NATIONAL

Estimant avoir "entendu" la demande des militaires, le chef de l'Etat a confirmé que le renforcement des capacités de "renseignement optique, électromagnétique, humain et cyber" constituerait un volet important de la LPM.

Le "renouvellement accéléré" des matériels sera une "priorité" et les industriels fournisseurs de l'armée vont être appelés à fournir un "meilleur rapport coût-efficacité".

"Clef de voûte de la stratégie de défense", la dissuasion nucléaire verra ses deux composantes - océanique et aérienne - renouvelées. Les travaux seront menés au cours du quinquennat.

"Je ne fais pas de promesses intenables, il n'est pas question d'un modèle d'armée chimérique, insoutenable", a déclaré Emmanuel Macron. "Je veux par des mesures pragmatiques et de bon sens régénérer nos armées et redonner une pleine cohérence à notre modèle, tourné vers l'action et la coopération avec des effets visibles à court terme et crédibles à long terme".

Promesse de campagne, le service national universel "sera mené à son terme" avec un "financement ad hoc qui ne viendra en rien impacter" la LPM, a également assuré le chef de l'Etat, sans donner plus de détails.

Emmanuel Macron, qui s'est entretenu avant son discours avec cinq familles de marins du Dixmude, a par ailleurs fait savoir qu'il s'assurerait "personnellement et à échéance régulière" du plan d'amélioration des conditions de vie des militaires présenté en octobre par la ministre des Armées Florence Parly.

(Jean-François Rosnoblet à Toulon et Marine Pennetier à Paris, édité par Yves Clarisse)