Orange et Deutsche Telekom ont discuté fusion, les titres montent

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(Crédits : Eric Gaillard)

par Gwénaëlle Barzic et Pamela Barbaglia

PARIS/LONDRES (Reuters) - Orange et Deutsche Telekom ont brièvement étudié l'an dernier l'opportunité d'une fusion avant d'y renoncer face à l'écart de valorisation entre les deux opérateurs historiques européens, a-t-on appris lundi de deux sources au fait du dossier.

Le retour des spéculations sur une consolidation européenne a fait grimper les titres des deux opérateurs en Bourse avec le reste du secteur dans leur sillage.

L'action d'Orange a clôturé en hausse de 2,18% à 14,765 euros, signant la 3e plus forte hausse du CAC 40. Deutsche Telekom a gagné de son côté 2,11% à 14,735 euros, soit également la 3e plus forte hausse de l'indice des valeurs vedettes allemandes

L'indice sectoriel a terminé quant à lui en hausse de 1,43%.

Confirmant une information rapporté par le journal Le Monde, une source proche du dossier a confirmé que des discussions avaient eu lieu entre juin et septembre 2017 entre les équipes des deux opérateurs historiques.

Elles n'ont cependant pas abouti en raison de l'écart de valorisation entre les deux groupes : quelque 39 milliards d'euros pour Orange contre 70 milliards environ pour Deutsche Telekom.

Les discussions sont restées à un stade exploratoire, sans qu'aucune banque ne soit mandatée, a précisé la source, selon laquelle le dossier est désormais refermé.

"Orange et Deutsche Telekom n'ont cessé de se parler par intermittence depuis des années. Après l'élection d'Emmanuel Macron, une fenêtre s'est ouverte et les deux groupes ont repris leurs discussions", explique de son côté une source bancaire.

Selon cette source, les discussions étaient motivées pour partie par des considérations politiques, Paris et Berlin étant désireux de resserrer les liens économiques et industriels entre les deux pays dans différents secteurs.

Fin septembre, l'allemand Siemens a pris le contrôle des activités ferroviaires du français Alstom avec l'ambition de pouvoir rivaliser avec le géant chinois CRRC dans les appels d'offres internationaux.

POUR QUELLE LOGIQUE INDUSTRIELLE ?

"Le principal problème c'est la taille de DT parce qu'à cause de leur filiale américaine - T-Mobile USA - le groupe fait le double de la taille d'Orange. Cela veut dire que toute opération entre Orange et DT serait structurée comme une prise de contrôle par DT", souligne la source bancaire.

Un rachat de l'ancien monopole français ne manquerait pas de créer des blocages au vu du rôle clef joué par Orange en matière d'emplois, d'aménagement du territoire via le déploiement de ses réseaux, et de sécurité via ses filiales de câbles sous-marins et de cyberdéfense.

Les spéculations sur un éventuel rapprochement entre les deux opérateurs européens, déjà liés par une coentreprise dans les achats, reviennent à intervalles réguliers.

Dans un secteur européen des télécoms très fragmenté en comparaison avec les Etats-Unis, une opération transfrontalière permettrait de donner naissance à un géant européen, à même de pouvoir négocier avec les nouveaux géants du numérique comme Google ou Netflix.

Certains analystes se montrent cependant sceptiques quant au potentiel de synergies.

"Comme Orange et DT ont déjà une JV qui marche dans les achats et qu'il existe des doublons en Pologne, en Slovaquie et en Roumanie, toute synergie supplémentaire serait contrebalancée par les concessions aux autorités de concurrence dans ces endroits", estiment les analystes de Bernstein dans une note.

"Nous ne pouvons pas exclure un nouveau round de discussions au cours de l'année", estime cependant la source bancaire.

(Avec Helen Reid à Londres, édité par Jean-Michel Bélot)