Au Congrès, l'opposition épingle la révision des institutions

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(Crédits : Charles Platiau)

PARIS (Reuters) - "Evolution hasardeuse", "terrible contradiction" : les chefs de file des groupes parlementaires de l'opposition ont profité lundi du discours d'Emmanuel Macron devant le Congrès pour lancer une nouvelle salve de critiques contre la réforme des institutions qui risque d'affaiblir selon eux le Parlement.

"Il est temps, mes chers collègues de lever la tête et de (...) dire que la révision des institutions que nous propose le chef de l'Etat est dangereuse", a déclaré le président du groupe Les Républicains (LR) Christian Jacob lors du débat qui a suivi la prise de parole du président, la deuxième du quinquennat.

"Allons-nous donner un chèque en blanc à M. Macron pour réduire le pouvoir du Parlement?", a ajouté le député de Seine-et-Marne, fustigeant la volonté de l'exécutif de créer des circonscriptions à "taille inhumaine" à même selon lui de "rétrécir le lien entre la nation et les élus".

"Nous lui demandons solennellement de ne pas prendre le risque d'évolutions institutionnelles hasardeuses et lui demandons de renoncer à la réforme du mode de scrutin des élections législatives", a-t-il indiqué. "En élisant les députés à la proportionnelle, vous prendriez une décision insensée au moment même où le scrutin proportionnel produit des situations politiques d'une grande confusion, en Italie et en Allemagne".

Le projet de révision constitutionnelle - premier des trois volets de la réforme des institutions souhaitée par le chef de l'Etat - est examiné à partir de mardi à l'Assemblée nationale pour deux semaines. Les deux autres textes de la réforme - organique et ordinaire - seront eux examinés à la rentrée.

Promesse de campagne d'Emmanuel Macron, la réforme des institutions doit permettre de "rénover profondément la vie politique et parlementaire dans un triple souci de responsabilité, de représentativité et d'efficacité", selon l'Elysée.

"TOILETTAGE"

Mais ses mesures phares - réduction de 30% du nombre de députés et de sénateurs, une limitation à trois mandats identiques complets consécutifs pour les parlementaires et présidents d'exécutifs locaux et introduction de la proportionnelle aux élections législatives - font grincer des dents chez les députés et les sénateurs.

Reconnaissant "des bonnes idées de toilettage" de la loi fondamentale, Patrick Kanner (PS) a jugé "crucial" de supprimer l'article 3 du texte qui limite la capacité d'amendement des députés en filtrant ceux qui sont sans lien direct avec les textes et ceux qui sont sans portée normative.

Le chef de file de sénateurs socialistes a par ailleurs pointé la "terrible contradiction" du gouvernement qu'il a accusé de mener la "plus grande régression pour la parité" avec une "réforme de mode de scrutin couplé à la baisse du nombre de parlementaires" qui affaiblirait "la place des femmes au Parlement".

Pour André Chassaigne (PCF), l'objectif "du lifting constitutionnel" est "d'en accentuer la dérive oligarchique".

Cette réforme place "les représentants du peuple dans un rôle passif de spectateurs du pouvoir, elle en réduit le nombre pour en faire des élus hors-sol, coupés des réalités du quotidien", a fustigé le député du Puy-de-Dôme, selon lequel "il revient au peuple souverain de débattre et de trancher directement sur la réforme des institutions dans le cadre de l'organisation d'un référendum."

(Marine Pennetier, édité par Yves Clarisse)