Six mois de prison avec sursis requis contre Placé

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Six mois de prison avec sursis requis contre place[reuters.com]
(Crédits : Pool New)

PARIS (Reuters) - Le ministère public a requis mercredi six mois de prison avec sursis assortis de deux ans de mise à l'épreuve contre l'ancien secrétaire d'Etat Jean-Vincent Placé pour violence, injures racistes et outrages à policiers à l'issue d'une soirée arrosée.

L'ex-sénateur écologiste et ancien membre du gouvernement de François Hollande avait été interpellé en état d'ivresse devant un bar du Quartier latin, à Paris, lors d'une nuit d'avril 2018, et placé en garde à vue pendant 34 heures.

Le procureur a aussi requis pour l'ex-élu reconverti dans le conseil stratégique, qui a reconnu un problème d'alcoolisme, une obligation de soin, ainsi que l'indemnisation de ses victimes.

L'ex-sénateur de 50 ans est accusé d'avoir importuné deux jeunes femmes dans ce bar récemment ouvert et d'avoir proféré des injures à l'adresse du portier de l'établissement, puis de policiers, qu'il a traités notamment de "tocards".

Selon l'accusation, il a notamment demandé à une jeune femme de danser pour l'ami sénateur qui l'accompagnait, lui proposant même de l'argent, et, devant son refus, l'a tirée vigoureusement par le bras pour réitérer sa demande. Selon le portier, il lui aurait aussi fait une proposition sexuellement plus explicite.

Le portier, un ex-légionnaire d'origine maghrébine connu sous le nom de Vladimir, nom conservé de son passage dans la Légion étrangère où il a servi en Afghanistan, en Irak et en Libye, est venu au secours de la jeune femme.

"On n'est pas au Maghreb, ici, tu ne sais pas qui je suis", a alors notamment répliqué Jean-Vincent Placé au portier, selon qui il a ajouté : "Je vais te renvoyer en Afrique."

Le portier dit l'avoir alors fait sortir manu militari de l'établissement en le maîtrisant par une clef de bras et avoir alerté une patrouille de police qui passait par là.

"COMPORTEMENT DE SOUDARD"

Jean-Vincent Placé s'est plaint pour sa part d'avoir reçu une "gifle de légionnaire" qui l'aurait "sonné" au point qu'il ne puisse plus se maîtriser ensuite devant les policiers. Gifle que le portier nie catégoriquement lui avoir infligé.

Mais c'est à l'ancien sénateur que le procureur a reproché un "comportement de soudard", une "forme aiguë de désinhibition par l'alcool" et l'expression d'un sentiment "de supériorité et de toute puissance" chez "un homme politique qui trouve devant (lui) un fâcheux" à qui il ne trouve pas "une tête de Français".

Le procureur a jugé que ce comportement troublait "gravement l'ordre public" et portait atteinte à la politique de lutte contre les violences faites aux femmes et les discriminations.

Jean-Vincent Placé, qui avait dîné ce soir-là au Sénat avec son ami sénateur et deux femmes avant d'entrer dans ce bar après une heure du matin pour un dernier verre qu'ils n'ont finalement pas eu le temps de prendre, a reconnu qu'il avait trop bu.

"Je suis honteux", a-t-il déclaré à la barre. Il a admis avoir été "extrêmement insistant" avec les jeunes femmes et avoir eu un comportement "inconvenant et déplacé", pour lequel il a présenté des excuses.

Mais il a nié avoir tenu des propos sexistes et racistes ou avoir été violent ou agressif. Une ligne de défense reprise par son avocat, Me Kiril Bourgatchev, selon qui il s'est certes "mal comporté" sur le plan moral "mais pas au sens pénal".

L'avocat a demandé la relaxe, sauf pour les outrages à policiers, qui ne sont pas contestés par l'ancien sénateur, et un ajournement de peine avec obligation de soins.

Jean-Vincent Placé, qui a pris ses distances avec la politique, a dit au tribunal avoir entrepris une cure de désintoxication et un "parcours psychiatrique" pour ne plus se retrouver dans une telle situation.

Le jugement a été mis en délibéré au 10 septembre.

(Emmanuel Jarry, édité par Elizabeth Pineau)