Ingérences russes : Trump tente de désamorcer la crise

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Ingerences russes: trump tente de desamorcer la crise[reuters.com]
(Crédits : Joshua Roberts)

par Roberta Rampton

WASHINGTON (Reuters) - La Maison Blanche s'est à nouveau efforcée mercredi de désamorcer la crise suscitée par l'attitude de Donald Trump à l'égard de son homologue russe, en assurant qu'il n'avait jamais prétendu que Moscou ne cherchait plus à s'ingérer dans les affaires intérieures des Etats-Unis.

Fidèle à son habitude, le président, sévèrement mis en cause jusque dans son propre camp pour sa clémence envers Vladimir Poutine, lundi, lors du sommet d'Helsinki, a quant à lui douté de la santé mentale de ses détracteurs.

Prié dans la matinée de dire si la Russie cherchait toujours à nuire aux intérêts américains, le président a répondu : "Non". Sa porte-parole Sarah Sanders a ensuite expliqué que ce "non" signifiait seulement qu'il ne voulait pas répondre à la question, qui lui a été posée par un journaliste.

Selon les services de renseignement américains, la Russie s'est bel et bien ingérée dans l'élection présidentielle de 2016 au détriment de la candidate démocrate Hillary Clinton et cherche désormais à peser sur les "midterms" qui auront lieu le 6 novembre.

Dans un entretien accordé un peu plus tard à CBS News, Donald Trump a dit tenir Vladimir Poutine pour personnellement responsable des ingérences dans le scrutin de 2016.

"C'est le cas, parce qu'il est responsable du pays, tout comme je me considère responsable de ce qui se passe dans ce pays", a-t-il dit.

Le locataire de la Maison blanche a assuré lui avoir "très fermement" signifié à Helsinki qu'"on ne peut pas s'ingérer" dans les affaires intérieures d'autres Etats, tout en doutant qu'il obtempère.

LE SYNDROME "TRUMP DÉRANGE"

La veille, il avait expliqué que sa langue avait fourché lors de la conférence de presse qui a suivi le sommet, lorsqu'il a déclaré qu'il n'y avait pas de raison de donner plus de crédit aux services de renseignement américains qu'au démenti de Vladimir Poutine.

"La phrase aurait dû être: 'Je ne vois pas de raison pour laquelle ce ne serait pas la Russie" (qui se serait immiscée dans l'élection américaine)", a-t-il expliqué.

Donald Trump a par ailleurs dit reconnaître le bien fondé des conclusions des agences américaines quant aux responsabilités de Moscou, toute en ajoutant : "Ce pourrait être quelqu'un d'autre. Il y a beaucoup de monde ici bas".

Ses propos de lundi ont indigné une bonne partie de la classe politique, y compris dans les rangs républicains, où certains lui reprochent d'avoir fait preuve de "faiblesse" face à Vladimir Poutine. John Brennan, ancien directeur de la CIA, n'a quant à lui pas hésité à parler de trahison.

"Nous sommes très bons, probablement aussi bons que quiconque l'a été avec la Russie, et aucun président n'a jamais été aussi dur que moi envers la Russie", a rétorqué mercredi Donald Trump, ajoutant que Poutine l'avait bien compris" et qu'il en était mécontent.

"Certaines personnes DÉTESTENT le fait que je me suis bien entendu avec le président russe Poutine. Ils préfèreraient déclarer la guerre plutôt que de voir ça. C'est ce qu'on appelle le syndrome 'Trump dérange' !", ajoute-t-il sur Twitter.

Chuck Schumer, président du groupe démocrate au Sénat, l'a invité à ouvrir les yeux sur les agissements russes. "Nous ne pourrons pas, en tant que nation, lutter contre les ingérences étrangères dans nos élections si le commandant en chef ne reconnaît même pas la réalité du problème", dit-il dans un communiqué. Le sénateur républicain John McCain a quant à lui reproché au président de "faire le jeu de Poutine".

(Avec Denis Pinchuk à Moscou, Alison Williams à Londres, Amanda Becker, Sarah Lynch et Daphne Psaledakis à Washington, Jean-Philippe Lefief pour le service français)