Ce que l'on sait du coronavirus qui se propage en Chine

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(Crédits : Aeroporti Di Roma)

PEKIN (Reuters) - Les autorités sanitaires chinoises s'efforcent de mieux comprendre l'origine, le mode de transmission et les effets du coronavirus décelé pour la première fois le mois dernier à Wuhan, dans le centre du pays.

Voici ce que l'on sait pour le moment.

COMBIEN DE CAS CONFIRMÉS ?

Selon un nouveau bilan relayé jeudi par la télévision publique chinoise, le virus a contaminé 634 personnes. La Commission chinoise de la santé recensait 17 cas mortels à la date de mercredi, tous dans la province du Hubei, dont Wuhan est le chef-lieu. Un 18e décès a été signalé jeudi, le premier en dehors de cette province, par la Commission de la santé du Hebei, dans l'est de la Chine.

A ce stade, hors de Chine - Macao et Hong Kong compris -, on ne compte qu'une dizaine de cas connus dans le monde dont quatre en Thaïlande et deux au Vietnam. Singapour, le Japon, la Corée du Sud, Taiwan et les Etats-Unis ont enregistré un cas chacun. A chaque fois, il s'agit de résidents ou de personnes qui ont séjourné récemment à Wuhan ou, dans un des deux cas vietnamiens, ayant côtoyé une personne récemment rentrée de Wuhan.

En Arabie saoudite, le Centre national de prévention et de contrôle des maladies a déclaré qu'aucun cas n'avait été enregistré, démentant les informations d'un secrétaire d'Etat indien affirmant qu'une infirmière indienne travaillant dans un hôpital du sud du royaume avait été contaminée.

Aucun cas douteux n'a été relevé pour l'instant en France, a déclaré jeudi la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. "Il y a eu deux cas investigués qui se sont révélés négatifs et nous ne communiquerons qu'en cas de cas positif", a-t-elle ajouté.

QUELS SONT LES SYMPTÔMES ?

Le virus, qui continue à muter selon les autorités chinoises, provoque de la fièvre, de la toux et des difficultés respiratoires, des symptômes communs à d'autres pathologies qui rendent le diagnostic difficile.

Il existe des preuves d'une transmission humaine par voie respiratoire, a déclaré mercredi le vice-ministre de la Commission chinoise de la santé, Li Bin.

Selon les premières observations de certains experts, ce nouvel agent pourrait être moins virulent que le Sras (syndrome respiratoire aigu sévère), un coronavirus à l'origine d'une précédente épidémie, également apparue en Chine, qui avait fait près de 800 morts en 2002-2003.

QUE SAIT-ON DE L'ORIGINE DU VIRUS ?

Les produits de contrebande vendus sur un marché de poissons et de fruits de mer de Wuhan sont à la source du coronavirus, selon le Centre chinois de contrôle et de prévention des maladies.

La transmission à l'homme pourrait s'être faite via des serpents, des blaireaux ou des rats, d'après le résultat des premières recherches menées en Chine.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime également que le virus a une origine animale.

Les défenseurs de la cause animale et des spécialistes de santé publique dénoncent de longue date le commerce d'animaux sauvages en Chine, qui serait néfaste pour la biodiversité et pourrait favoriser le développement de maladies.

QUELLES MESURES ONT ÉTÉ PRISES ?

Le gouvernement a de facto placé Wuhan en quarantaine en suspendant les principaux moyens de transport - car, navettes fluviales et vols notamment - entre cette ville de 11 millions d'habitants et le reste du monde.

Des mesures similaires ont été prises à Huanggang, à environ 70 km de là, où les transports publics sont suspendus, certains lieux publics fermés et ses quelque sept millions d'habitants invités à ne pas quitter la ville, sauf cas de force majeure.

A Pékin, la Cité interdite va être fermée jusqu'à nouvel ordre aux touristes, rapporte Le Quotidien du peuple. Les festivités prévues pour le nouvel an lunaire ont été annulées, selon le site d'information Beijing News, contrôlé par l'Etat.

Les aéroports américains, britanniques et de certains pays d'Asie et du Moyen-Orient ont par ailleurs renforcé leur vigilance.

OÙ EN SONT LES RECHERCHES D'UN VACCIN ?

Trois équipes distinctes de chercheurs sont sur le point de se lancer dans la mise au point d'un vaccin contre le nCoV-2019, a annoncé jeudi la Coalition pour l'innovation en matière de préparation aux épidémies (CEPI), qui co-finances les projets d'urgence.

L'objectif est d'obtenir au moins un vaccin potentiel en phase d'essais cliniques d'ici le mois de juin.

Ces trois projets sont conduits l'un par Moderna en coordination avec l'Institut national américain des allergies et maladies infectieuses, l'autre par Inovio Pharma et le troisième par une équipe de l'Université du Queensland, en Australie.

"Il n'y a aucune garantie de succès mais nous espérons que ce travail pourra permettre un progrès significatif et important en vue de la mise au point d'un vaccin pour cette maladie", a déclaré Richard Hatchett, directeur général de la CEPI.

(Se Young Lee avec Kate Kelland à Londres; version française Simon Carraud et Henri-Pierre André)