Occidentaux et Africains appellent au cessez-le-feu en Ethiopie

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Occidentaux et africains appellent au cessez-le-feu en ethiopie[reuters.com]
(Crédits : Tiksa Negeri)

ADDIS-ABEBA (Reuters) - Les puissances occidentales et régionales ont appelé jeudi à un cessez-le-feu en Ethiopie, alors que les insurgés de la région du Tigré menacent d'avancer sur la capitale Addis-Abeba.

Jeffrey Feltman, l'émissaire américain pour la Corne de l'Afrique, est arrivé à Addis-Abeba pour y plaider en faveur d'une suspension des opérations militaires et l'ouverture de discussions sur un cessez-le-feu. Il s'est notamment entretenu avec le président de la commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat.

L'Union européenne et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), qui réunit les pays d'Afrique de l'Est, ont aussi appelé à la fin des hostilités entre les forces gouvernementales et le Front populaire de libération du Tigré (TPLF).

"Les combats doivent cesser", a insisté le président kényan Uhuru Kenyatta, dans un communiqué, tandis que son voisin ougandais, Yoweri Museveni, invitait les dirigeants d'Afrique de l'Est à se réunir le 16 novembre pour discuter du conflit.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a dit s'être entretenu mercredi avec le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed et avoir proposé de créer les conditions d'un dialogue entre Addis-Abeba et les insurgés.

Les responsables du TPLF, mouvement qui a déclenché la lutte armée, ont dirigé la coalition au pouvoir en Ethiopie pendant 30 ans, jusqu'à la victoire de l'opposition menée par Abiy Ahmed en 2018, après des années de manifestations antigouvernementales.

Les relations entre le nouveau dirigeant éthiopien et le TPLF se sont vite détériorées, ce dernier lui reprochant une centralisation du pouvoir au détriment des régions périphériques - des accusations rejetées par Abiy Ahmed.

Abiy Ahmed a promis mercredi de "noyer dans leur sang" les rebelles du Tigré. Il avait proclamé la veille l'état d'urgence dans le pays. et

Le conflit armé qui a éclaté le 3 novembre 2020 a déjà fait des milliers de morts, plus de deux millions de déplacés et exposé quelque 400.000 Tigréens à la famine. Il a aussi gagné deux régions voisines, déstabilisant le deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, considéré jusqu'alors comme l'un des rares pôles de stabilité dans la région.

La proclamation de l'état d'urgence est intervenue après la prise par les rebelles de plusieurs villes situées à environ 400 km au nord d'Addis-Abeba, sur laquelle ils se sont dits prêts à marcher.

Cette mesure d'exception, imposée pour six mois, permet la mobilisation sous les drapeaux de tout citoyen éthiopien en âge de se battre. Elle permet aussi l'arrestation et la détention arbitraire de toute personne soupçonnée de collaborer avec les "groupes terroristes", une qualification appliquée au TPLF depuis le mois de mai.

(Reportage de la rédaction d'Addis Ababa, avec George Obulutsa et Ayenat Mersie à Nairobi, écrit par Maggie Fick ; version française Tangi Salaün et Nicolas Delame, édité par Sophie Louet)