La Fed relèvera ses taux d'un quart de point en mai avant une pause

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Le batiment de la reserve federale americaine a washington (etats-unis)[reuters.com]
(Crédits : Jason Reed)

par Prerana Bhat et Indradip Ghosh

BANGALORE (Reuters) - La Réserve fédérale américaine (Fed) procédera à une ultime hausse de ses taux d'intérêt de 25 points de base en mai et les maintiendra à ce niveau jusqu'à la fin de l'année, estiment les économistes interrogés par Reuters, qui jugent par ailleurs probable une récession courte et peu marquée de l'économie américaine en 2023.

Les craintes d'un ralentissement économique, également soulignées par la Fed lors de sa réunion des 21 et 22 mars, et les inquiétudes liées au stress bancaire ont conduit les marchés à tabler sur une baisse des taux d'au moins 25 points de base d'ici à la fin de l'année.

Mais au regard d'une inflation encore largement supérieure à l'objectif de 2% de la Fed, une baisse des taux semble moins probable qu'une hausse. D'autant que le marché du travail reste vigoureux et que les tensions sur les banques se sont grandement apaisées ces dernières semaines.

Le rendement des bons du Trésor américain à deux ans a grimpé de près de 75 points de base au cours du mois dernier sous l'effet de données macroéconomiques solides qui ont douché la perspective d'une baisse du coût du crédit.

Dans la dernière enquête Reuters, près de 90% des économistes sondés, soit 94 sur 105, s'attendent à ce que la banque centrale américaine relève ses taux de 25 points de base pour porter la fourchette des "fed funds" à 5,00%-5,25% lors de la réunion des 2 et 3 mai, une prévision conforme aux attentes du marché.

Après cette hausse prévue des taux, 59 économistes sur 100 prévoient un statu quo sur le coût du crédit au moins jusqu'à la fin de l'année. Ils sont seulement 26 à anticiper une baisse du loyer de l'argent en fin d'année, un résultat également en ligne avec les attentes du marché.

"En ce qui concerne les données, malgré le ralentissement de l'inflation en mars, il reste encore beaucoup à faire pour revenir à l'objectif de 2%", a déclaré Michael Gapen, chef économiste chez BofA Securities.

"Nous maintenons notre prévision d'une première baisse de taux en mars 2024. Si les tensions dans le système financier se réduisent rapidement, nous ne pouvons pas exclure que des données macroéconomiques plus solides amènent la Fed à procéder à des hausses supplémentaires au-delà du mois de mai", a-t-il ajouté.

Dans une interview accordée à Reuters cette semaine, James Bullard, président de la Fed de Saint-Louis, a estimé que le taux des fonds fédéraux pourrait culminer à 5,50%-5,75%, en raison d'une inflation qu'il juge obstinément élevée.

Alors que l'inflation ne devrait pas revenir vers l'objectif de la banque centrale avant au moins 2025, 26 économistes sur 35 sondés ont noté un risque accru qu'elle soit plus élevée que prévu cette année.

Selon les économistes, le taux de chômage devrait passer de 3,5% à 4,3% d'ici la fin de 2023 et s'établir en moyenne à 4,5% en 2024, un niveau relativement faible au regard de la situation lors des précédentes récessions et qui pourrait maintenir la pression à la hausse sur les prix.

"Si le marché du travail reste résilient et l'inflation persistante, comme c'est le cas dans nos prévisions, la Fed est susceptible d'augmenter ses taux non seulement en mai, mais aussi en juin et en juillet", a déclaré Andrew Hollenhorst, chef économiste chez Citi.

"Les risques sont doubles, mais nous maintenons notre prévision d'une fourchette de taux terminal de 5,50%-5,75%", a-t-il ajouté.

Concernant la conjoncture économique, 37 économistes sur 47 sondés ont prédit une récession aux Etats-Unis cette année, 31 estimant qu'elle serait courte et peu profonde. Quatre ont jugé qu'elle serait longue et peu profonde et deux l'ont vu comme profonde.

La probabilité médiane d'une récession aux Etats-Unis au cours des deux prochaines années est évaluée à 70%, contre 65% dans l'enquête du mois dernier, tandis que la prévision de croissance du PIB est ressortie à seulement 1,1% cette année et 0,8% en 2024.

(Reportage Prerana Bhat et Indradip Ghosh; version française Claude Chendjou, édité par Blandine Hénault)