A l'Onu, Abbas réclame une conférence de paix pour la mi-2018

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Abbas reclame une conference de paix pour la mi-2018[reuters.com]
(Crédits : Lucas Jackson)

par Michelle Nichols

NATIONS UNIES (Reuters) - Le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas a réclamé mardi, lors d'un discours devant le Conseil de sécurité des Nations unies, la tenue en milieu d'année d'une conférence internationale sur la paix au Proche-Orient.

Les Palestiniens, qui veulent que Jérusalem-Est soit la capitale d'un futur Etat palestinien indépendant, ne considèrent plus les Etats-Unis comme un interlocuteur fiable depuis la décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël, annoncée début décembre.

Ils en appellent à une approche collective et multilatérale pour relancer les négociations israélo-palestiniennes.

"Il est devenu impossible aujourd'hui pour un seul pays ou Etat de régler un conflit régional ou international", a estimé Mahmoud Abbas. "Il est essentiel d'établir un mécanisme international multilatéral émanant d'une conférence internationale."

Le président palestinien, qui a boudé en janvier la visite du vice-président américain Mike Pence au Proche-Orient, a dit souhaiter la participation à cette conférence d'Israël, de l'Autorité palestinienne, des cinq membres permanents du Conseil (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni), de l'Union européenne et des Nations unies.

"Nous avons rencontré le président des Etats-Unis, Donald Trump, à quatre reprises en 2017, et nous avons dit que nous étions tout à fait disposés à parvenir à un accord de paix historique", a déclaré Abbas devant le Conseil de sécurité.

"Pourtant, son administration n'a pas clarifié sa position. Est-elle pour la solution à deux Etats, ou pour un Etat?", s'est-il interrogé ensuite.

La représentante permanente des Etats-Unis à l'Onu, Nikki Haley, lui a répondu que les négociateurs américains étaient "prêts à parler" mais qu'ils n'allaient "pas lui courir après".

"Nos négociateurs sont ici, juste derrière moi, prêts à parler. Mais nous ne vous courrons pas après. Le choix, M. le président, est entre vos mains", a répliqué Haley.

POUR DANON, ABBAS EST UNE PARTIE DU PROBLEME

Derrière elle avaient pris place Jared Kushner, gendre du président Donald Trump, et l'émissaire spécial des Etats(Unis pour le Proche-Orient Jason Greenblatt. Les deux hommes élaborent un nouveau plan de paix américain pour le Proche-Orient.

Mahmoud Abbas avait déjà quitté la salle du Conseil au moment où Nikki Haley a pris la parole.

Le porte-parole de la Maison blanche Josh Raffel a déclaré que Washington soumettrait un plan de paix "lorsqu'il sera bouclé et lorsque le bon moment sera venu".

Quant au département d'Etat, il a déclaré en réponse à Mahmoud Abbas que d'autres pays pourraient participer à de futures négociations de paix au Proche-Orient.

"Si à un certain point nous pensons que d'autres pays pourraient être utiles au processus de paix, nous serions sans nul doute disposés à ce qu'ils y participent", a déclaré la porte-parole du département d'Etat américain Heather Nauert.

"Est-ce le bon moment pour cela, actuellement? Je ne pense pas que ce soit notre conclusion, mais certainement cela sera possible à l'avenir", a-t-elle continué.

Danny Danon, ambassadeur d'Israël à l'Onu, a accusé Mahmoud Abbas d'être une partie du problème, et non la solution.

Des négociations directes entre Israël et les Palestiniens sont "le seul moyen d'avancer", a-t-il dit, reprenant la position officielle de l'Etat hébreu.

Pour l'ambassadeur de Russie à l'Onu, Vassili Nebenzia, le Quartet pour le Proche-Orient - composé de l'Onu, des Etats-Unis, de la Russie et de l'UE - et la Ligue arabe pourraient jouer un rôle dans la relance du processus de paix.

L'ambassadeur de France à l'Onu, François Delattre, a déclaré devant le Conseil de sécurité que son pays était disposé à étudier des moyens à mettre en place pour accompagner au plan international le processus de paix.

Pour l'ambassadeur adjoint britannique à l'Onu Jonathan Allen, il est "indispensable" que les Etats-Unis assument un leadership en matière de processus de paix.

(avec Steve Holland à Washington,; Jean-Stéphane Brosse et Eric Faye pour le service français)