La Lettonie ne sauvera pas la banque ABLV, dit la ministre des Finances

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La lettonie ne sauvera pas la banque ablv[reuters.com]
(Crédits : Ints Kalnins)

par John O'Donnell et Gederts Gelzis

RIGA (Reuters) - La Lettonie est prête à réagir si les difficultés de la banque ABLV devaient se propager au reste de son système financier mais elle ne sauvera pas cet établissement s'il fait faillite, a déclaré vendredi à Reuters la ministre lettone des Finances.

Les Etats-Unis accusent la troisième banque de la Lettonie de blanchiment d'argent et de violation des sanctions contre la Corée du Nord

"Sachant que potentiellement, il peut y avoir un effet domino sur (d'autres) banques (...) nous surveillons la situation heure par heure", a déclaré Dana Reizniece-Ozola.

"Il s'agit de notre capacité à contrôler la situation", a-t-elle ajouté. "Nous disposons de tous les instruments en place s'il était nécessaire de réagir rapidement. A ce stade, tout est stable et aucune action supplémentaire n'est nécessaire."

Le département du Trésor américain a réclamé mardi dernier des sanctions contre ABLV en l'accusant de laisser des clients traiter avec la Corée du Nord tout en versant des pots-de-vin à des responsables lettons pour qu'ils ferment les yeux sur ses activités.

ABLV a rejeté ces accusations en affirmant qu'elles se fondaient sur des informations non étayées et trompeuses et elle a sollicité un prêt d'urgence auprès de la banque centrale lettone.

Cette dernière a annoncé vendredi lui avoir fourni 297,2 millions de liquidités.

La Banque centrale européenne (BCE), qui a gelé les paiements d'ABLV en raison de la brusque détérioration de sa situation financière, a donné à ABLV jusqu'à vendredi pour présenter un plan de sauvetage sous peine de fermer.

"ABLV n'est pas considérée comme une banque systémique, ce qui signifie que le gouvernement ne la sauvera pas parce que son exposition à l'économie lettone est faible", a poursuivi Dana Reizniece-Ozola.

La ministre a ajouté que les autres banques à risque en Lettonie étaient celles qui, comme ABLV, accueillaient de nombreux comptes de clients étrangers, soit plus d'une dizaine d'établissements.

Dana Reizniece-Ozola a indiqué qu'elle voulait voir le montant des dépôts des clients étrangers, russes et ukrainiens notamment, baisser dans les prochaines années.

Le système bancaire de la Lettonie, pays balte ayant acquis son indépendance de l'Union soviétique en 1991, avant de rejoindre l'Union européenne en 2004, puis la zone euro en 2014, est dominé par des établissements nordiques que côtoient divers établissements lettons non cotés.

Dans une affaire distincte, le gouverneur de la banque centrale lettone, Ilmars Rimsevics, est soupçonné d'avoir sollicité un pot-de-vin de 100.000 euros. Il rejette cette accusation.

La ministre des Finances l'a une nouvelle fois appelé vendredi à démissionner.

(Catherine Mallebay-Vacqueur pour le service français, édité par Bertrand Boucey)