La France oeuvre à un nouvel accord sur la Libye

reuters.com  |   |  564  mots

PARIS (Reuters) - La France réunira prochainement à Paris les principaux acteurs de la crise libyenne afin de favoriser un compromis sur l'organisation d'élections en 2018 sous l'égide de l'Onu, a-t-on appris mercredi auprès de trois diplomates au fait du dossier.

L'envoyé spécial des Nations unies pour la Libye, Ghassan Salamé, a appelé lundi les parties à avancer sur la voie d'un règlement politique avec la tenue d'élections "le plus tôt possible", alors que la mise en oeuvre des accords de paix de Skhirat de 2015 s'enlise.

Selon un câble diplomatique dont Reuters a eu connaissance, et qui est notamment adressé aux membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu, à l'Italie, la Turquie, les Emirats arabes unis, le Qatar et les Etats voisins de la Libye, Emmanuel Macron ambitionne d'amener les rivaux libyens à un accord dans le cadre de l'Onu "afin que soient adoptées rapidement les dispositions nécessaires à la tenue d'élections générales dès 2018."

Le président français, qui milite pour une diplomatie d'"opportunités", avait tenté de prendre la main sur le dossier libyen le 25 juillet 2017 en obtenant un accord des "frères ennemis" Fayez Seraj, chef du gouvernement d'union nationale (GNA) reconnu par l'Onu mais pas par le Parlement libyen, et Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est dont les succès militaires lui ont valu les faveurs occidentales.

Aux termes de cet accord de "cessez-le-feu" peu respecté sur le terrain, les deux hommes s'étaient engagés à la tenue d'élections au printemps 2018 dans un pays plongé dans le chaos sept ans après la chute de Mouammar Khadafi.

"UN GRAND PAS AVANT"?

L'initiative française, qui s'était organisée dans le plus grand secret, avait irrité l'Onu et fait grincer des dents en Italie, longtemps en pointe des efforts pour ramener la paix dans son ancienne colonie d'Afrique du Nord.

Le nouveau projet d'accord a été élaboré avec Ghassan Salamé et est le fruit des consultations françaises avec les parties libyennes, précise-t-on de sources diplomatiques.

Outre Fayez Seraj et le maréchal Haftar, le président de la chambre des représentants libyenne, Aguila Salah Issa, et Khaled al-Mishri, président du Conseil d'Etat, ont été conviés à Paris, ajoute-t-on de même sources.

Selon deux diplomates interrogés par Reuters, cette réunion pourrait intervenir le 29 mai. L'Elysée et le ministère français des Affaires étrangères n'avaient pas répondu à ce stade aux sollicitations de Reuters.

"Si on parvient à un accord, on aura fait un grand pas en avant", estime un diplomate européen. "L'idée est de mettre la pression sur les quatre protagonistes en partant du principe que si tous leurs parrains leur demandent de le faire, ils n'auront pas le choix".

La France paraît avoir progressé vers plus de pragmatisme sur la Libye mais pour quel résultat, s'interroge Jalel Harchaoui, chercheur et analyste sur la Libye dans le cadre de North Africa Risk Consulting.

"Le sommet de juillet 2017 avait focalisé l'attention, il avait fait les gros titres mais n'avait finalement débouché sur rien", juge-t-il.

"Ce nouveau sommet paraît organisé à la hâte : il ne manque pas d'ambition et de flamboyance, mais on peut s'interroger sur la faisabilité des objectifs qu'il affiche".

(John Irish, Sophie Louet pour le service français, édité par Yves Clarisse)