RYAD (Reuters) - Le défenseur saoudien des droits de l'homme Mohammed al Badjadi a été arrêté, a annoncé vendredi Amnesty International dans le cadre d'une opération visant principalement les défenseurs des droits des femmes dans ce pays fondamentaliste musulman.

Quatre militantes ont été libérées jeudi mais sept sont toujours en détention. La plupart sont des femmes qui ont fait campagne pour le droit de conduire et la fin du système de tutelle masculine en vigueur dans la monarchie wahhabite, qui exige que les femmes obtiennent le consentement d'un parent masculin pour prendre des décisions importantes.

Le gouvernement saoudien a annoncé la semaine dernière que sept personnes avaient été arrêtées pour contacts suspects avec des entités étrangères et que d'autres suspects étaient recherchés. Leurs identités n'ont pas été divulguées.

Ces arrestations interviennent un mois avant la fin de l'interdiction de conduire des femmes, qui a été saluée comme la preuve de la libéralisation des moeurs voulue par le prince héritier Mohamed ben Salman (MBS).

Ces arrestations, estiment des défenseurs des droits humains et des diplomates, pourraient être un moyen de donner des gages aux religieux conservateurs hostiles aux réformes sociétales de MBS.

Ce pourrait aussi être un message adressé aux militantes pour qu'elles ne réclament pas davantage de droits que ceux que les autorités sont prêtes à leur accorder.

Mohamed Badjadi, qui est un habitué des prisons saoudiennes, est un des membres fondateurs de l'Association saoudienne des droits civils et politiques, organisation interdite dans cette monarchie absolue.

"Cette arrestation est un nouveau développement inquiétant dans la répression contre les défenseurs des droits humains en Arabie Saoudite", a déclaré Samah Hadid, directrice de campagne chez Amnesty International. "Nous appelons les autorités à libérer immédiatement tous les militants des droits de l'homme."

(Sarah Dadouch; Danielle Rouquié pour le service français)