Blocage annoncé sur le Brexit au sommet européen

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(Crédits : Simon Dawson)

PARIS (Reuters) - Les chefs d'Etat et de gouvernement européens devraient constater ce mercredi l'absence dans l'immédiat d'accord avec Londres sur les conditions du retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne et presser Theresa May d'empêcher une sortie désordonnée.

Après l'échec des négociations dimanche, le négociateur européen en chef, Michel Barnier, a déclaré mardi que les deux parties allaient travailler "calmement et sérieusement, pour parvenir à un accord général dans les prochaines semaines".

Selon le Financial Times et la Frankfurter Allgemeine Zeitung, Bruxelles pourrait proposer de prolonger la période de transition qui débutera, sous réserve que les deux parties s'entendent sur un accord de retrait, lorsque le Brexit sera effectif, le 29 mars prochain à 23h00 GMT, et doit s'achever fin décembre 2020.

L'ensemble des règles européennes continueront de s'appliquer au Royaume-Uni durant cette transition, censée éviter un saut dans le vide le 30 mars et donner davantage de temps aux négociateurs pour s'accorder sur le traité qui régira les futures relations entre les deux parties.

La prolonger d'un an, selon l'idée évoquée par le Financial Times citant des diplomates européens et la Frankfurter Allgemeine Zeitung, qui s'appuie sur un document de travail du gouvernement allemand, permettrait de gagner du temps.

D'après le Times, qui cite une source non identifiée, le ministre britannique du Commerce, Liam Fox, a déclaré mardi que le Royaume-Uni avait besoin de prolonger "de quelques mois" la période de transition post-Brexit afin de négocier un accord de libre-échange avec l'Union européenne.

FRONTIÈRE IRLANDAISE

La Première ministre britannique s'exprimera devant les dirigeants des Vingt-Sept mercredi soir à Bruxelles. Ces derniers débattront ensuite, sans elle, de l'état des négociations. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, présentera à cette occasion les plans de la Commission pour faire face à la possibilité d'un échec des négociations.

Plusieurs formules ont été discutées ces dernières semaines pour tenter de convaincre les Britanniques d'accepter la solution du "backstop", le mécanisme qui doit garantir qu'aucune frontière ne sera érigée entre l'Irlande du Nord et la République d'Irlande.

Londres et les Vingt-Sept veulent éviter une telle frontière, par crainte d'un retour de la violence en Irlande. Mais la solution européenne, qui créerait une sorte de frontière entre l'Irlande du Nord et le reste du Royaume-Uni est rejetée par le gouvernement britannique, dont la majorité tient grâce à des députés du Parti unioniste démocratique (DUP) d'Irlande du Nord.

Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a dit qu'il demanderait à Theresa May si elle avait des nouvelles propositions qui permettraient de poursuivre les discussions. Le porte-parole de la Première ministre a répondu que la position de cette dernière était connue.

"Je suis déçu et préoccupé", a déclaré mardi le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar. "L'écart entre les positions est important et le temps est compté."

"LE TEMPS PRESSE"

"Le message que doivent passer les Vingt-Sept, c'est - pour reprendre l'expression de Salzbourg (le sommet européen informel de septembre) - l'heure de vérité, c'est maintenant", a dit une source à la présidence française.

"Le temps presse. Il faut, non pas attendre un mois pour rediscuter, mais continuer les discussions dès maintenant et absolument trouver un backstop", a-t-elle ajouté.

Lors d'une réunion ministérielle mardi, les principaux ministres britanniques ont apporté leur soutien à Theresa May mais la Première ministre est contrainte dans les négociations par l'aile la plus dure de sa majorité.

"Pour l'instant, la Grande-Bretagne négocie avec la Grande-Bretagne", a estimé le ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders.

L'accord de retrait doit être conclu suffisamment rapidement pour être ratifié par les parlements britannique et européen avant la date fixée pour le départ du Royaume-Uni de l'UE, le 29 mars au soir. Les Européens placent souvent cette limite quelque part au mois de novembre.

Michel Barnier, qui rencontrait mardi à Luxembourg les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept, a indiqué pour sa part que le mois de décembre serait "l'ultime limite", a-t-on appris de source européenne.

L'idée d'un sommet mi-novembre a été évoquée sans être officialisée, certains Européens exigeant que les négociations avancent significativement avant de fixer un nouveau rendez-vous.

Jeudi matin, les Vingt-Huit travailleront sur les mesures prises par l'Union face aux migrations, en particulier le renforcement de l'agence Frontex, l'accélération des procédures de retour des migrants auxquels l'asile est refusé et les relations avec les pays d'origine et de transit, ainsi que sur la sécurité intérieure, notamment dans le domaine des communications électroniques.

Au déjeuner, les Vingt-Sept travailleront sur la zone euro, chantier dans le cadre duquel les Français poussent pour obtenir des décisions en décembre sur l'union bancaire, le Mécanisme européen de stabilité (MES) et le budget de la zone euro.

(Jean-Baptiste Vey à Paris, Alastair Macdonald, Gabriela Baczynska, Jan Strupczewski, Alissa de Carbonnel et Philip Blenkinsop à Bruxelles et Luxembourg, Elizabeth Piper et Kylie MacLellan à Londres et Padraic Halpin à Dublin; édité par Yves Clarisse et Henri-Pierre André)